Shalom,
Je m'appelle Joana,
J'ouvre cette discussion dans l'optique de discuter avec des futurs/anciens converti(e)s, je suis persuadée que tous vos témoignages pourront beaucoup m'aider.
Je suis une jeune femme non-juive et rien ne me rattache au judaïsme, j'ai été baptisée, communiée et j'ai toujours été catholique. En 2016, alors que je n'avais que 16 ans j'ai rencontré un jeune homme juif dont j'étais très amoureuse, avant que nous prenions chacun des chemins différent il m'a fait découvrir un bout de sa religion et de ses traditions, je me souviens avoir adoré mais je me souviens aussi avoir eu la maturité de me poser la question : est-ce que je le fait pour moi ? ou est-ce que je le fait pour lui ?
Le temps est passé, aujourd'hui nous n'avons plus aucun contact mais je n'ai jamais cessé de penser à la religion juive. J'ai plusieurs fois réessayé de retourner à l'église et de trouver mon chemin dans le catholicisme mais rien n'y fait, les seules réponses aux questions que je me pose sont dans la Torah, le seul amour que je peux donner à D. je le donne et le reçoit au travers de la Torah.
Je suis quelqu'un qui me pose beaucoup de questions avant de prendre une décision, je crois pouvoir dire aujourd'hui que je suis persuadée d'une chose : un jour je serait Juive ! C'est véritablement devenu mon souhait le plus cher.
J'ai une foi ardente en moi qui n'attends qu'une chose : de pouvoir vivre dans ma religion de coeur. J'ai l'impression d'avoir toujours été juive inconsciemment. Je m'explique : toutes mes copines ont un copain, ont déjà eu des relations sexuelles, se sont tatouées... je n'ai jamais rien voulu de tout ça, lorsqu'elles ont fait un tatouage ensemble je me suis contentée de regarder, je trouvais pourtant ça joli et je n'avais pas peur de le faire mais je savais que je ne devais pas et que mon corps devait rester tel qu'il est. Peut-être suis-je trop sage me direz-vous ? Je préfère voir ça comme des signes. Dans le même exemple, je ne mange plus de porc depuis que j'ai 8-9 ans parce que si j'en mange je le rejette immédiatement, selon ma mère c'est parce que j'aurais été traumatisée de voir un animal mourir mais vous savez ce que j'en pense.
Pour abréger un peu (oui c'est long désolé!), depuis 4 ans, je pense à une possible conversion, je rêve de pouvoir élever mes enfants dans les lois juives, de leur transmettre la morale et les valeurs juives, de voir un jour mon mari enseigner la Torah à mes enfants, je rêve de faire Chabbat, de célébrer les fêtes juives et d'accomplir toutes les mitsvots.
Je songe tous les jours à envoyer cette première lettre au consistoire, même si je sais que ce sera long, difficile et qu'on essayera de me décourager, je n'en démords pas.
Alors voilà, ce qui me retient d'envoyer cette lettre aujourd'hui c'est ma famille. Je sais pourtant que quoi qu'il me dise je ne changerais pas d'avis, j'ai tout de même peur de les perdre, j'ai peur qu'ils ne comprennent pas et qu'il me rejettent, ils sont tellement chers à mes yeux. Je leur en voudrait beaucoup de ne pas me comprendre mais je ne pourrais pas envisager de les perdre. J'aimerais leur en parler mais j'ai vraiment peur, est-ce que l'un d'entre vous est déjà passé par-là ?
J'ai 20 ans et je suis étudiante, je suis à 01h30 de la synagogue la plus proche de chez moi à pied, je n'ai pas de supermarché ou d'épicerie cacher près de chez moi... j'ai peur de débuter quelque chose que je ne saurais tenir sous la pression et les réflexions de mes parents, j'ai peur de commencer à m'habiller tsniout et qu'ils me l'interdisent, j'ai peur qu'ils ne comprennent pas ma décision si je décide de leur en parler. Je ne sais pas quoi faire, je suis perdue et je me sent vide, la seule chose qui m'aide à tenir c'est les moments ou je bouquine ma petite libraire juive que j'essaye de cacher tant bien que mal dans ma chambre. J'ai appris à lire et à parler l'hébreu et chaque jour j'en apprends un peu plus sur la religion. J'essaye de pratiquer à ma manière mais ils savent l'intérêt que j'ai pour les juifs et chaque fois que j'achète une robe/jupe tsniout ou que je décide de faire quelque chose qui sort de leur "ordinaire" ils me font une réflexion agaçante "Ah tiens, Rachel est de retour !", "Tu veux pas allumer la lumière qu'on soit soulagés ?" et j'en passe.
Je n'ai pas les moyens de déménager pour vivre seule pour le moment, je préfère être réaliste et me dire que je pourrais le faire dans 3-4 ans après mon master et le début de ma vie professionnelle. J'ai la sensation que je ne pourrais jamais attendre aussi longtemps. Je ne suis pas heureuse comme ça, j'ai trouvé ma voie, je suis persuadée que c'est le chemin que je dois suivre, le regard des gens m'importe peu, je n'ai plus peur et je me sent prête. Cette situation est tellement horrible, je me sent oppressée dans une bulle. Si vous êtes passés par-là vous me serez d'une grande aide et j'aimerais beaucoup pouvoir en parler avec vous. Je ne sais plus quoi faire, ça me rends vraiment trop triste.
Toda
Joana