Première journée de l'amitié judéo-noire à Images d'Ailleurs :
Ce dimanche 6 Février 2005, le cinéma Images d'Ailleurs accueillait la journée de l'amitié Judéo-Noire, à l'instigation de l'association du même nom.
Cette association est dirigée par deux personnes, Maurice Dorès et le guinée Cheik Doukouré.
D'un point de vue populaire la manifestation a été un succès incontestable, la salle réservée par le cinéma Images d'Ailleurs, d'une contenance de 150 personnes s'étant finalement avérée trop petite, une partie du public n'a pas pu avoir accès à la salle, les membres de l'association ont promis de se rattraper en organisant des projections supplémentaires.
Le documentaire de Maurice Dorès montrait la vie, ou donnait la parole, à plusieurs noirs d'origine juive ou s'y étant convertis, même si en début de film parole a été donnée à un jeune africain qui a décrit la vie d'une partie des africains en Israël qui, d'après lui, ne subissent pas forcément le racisme plus qu'ailleurs, mais sont souvent cantonnés dans Souvent des emplois subalternes.
Souvent drôle, le film, pour lequel le réalisateur a pris le parti de ne pas faire de commentaires et de laisser les gens s'exprimer, a permis d'écouter de nombreuses personnes décrire leur vie quotidienne en Israël, souvent les raisons qui les ont poussés à se convertir au judaïsme, comme ce monsieur (par ailleurs présent dans la salle), qui a essuyé 3 refus de conversion de la part d'un rabbin, qui a fini par accepter sa conversion.
Comme le reproche a été fait par l'assistance lors du débat qui a suivi la projection, le documentaire ne permet pas vraiment à la personne qui le visionne de savoir ce que les juifs "blancs" et notamment les rabbins, pensent de ces juifs noirs, qui vivent le plus souvent entre eux.
De même, le sort des Falashas, ces juifs venus d'Ethiopie et dont le quotidien ne serait pas toujours des plus heureux en Israël n'est pas abordé par le film.
Après la projection a eu lieu un débat qui a duré près d'une heure et demie, et qui a commencé dans une ambiance bonne enfant, Maurice Dorès ayant d'emblée précisé que l'association répondrait d'abord aux questions sur le film.
L'ambiance a pris un coup lorsque Kemi Seba, porte-parole de la tribu Ka a pris la parole pour dénoncer ce qui lui semblait être de la poudre aux yeux, rappeler le rôle selon lui des juifs pendant l'esclavage, et leur promettre les pires choses possibles. Son intervention achevée, et sans laisser la possibilité à l'association de répondre, il a instantanément tourné les talons et est parti avec le groupe de personnes l'accompagnant: attitude regrettable selon moi, qui conduit chaque partie à rester sur ses positions en excluant tout dialogue, et qui ne laisse pas la possibilité à une association probablement de bonne volonté, de contribuer à faire évoluer les choses.
Cet incident réglé, la conférence a continué, Marie Roger Biloa directrice d'Africa International a pris la parole pour relater quelques anecdotes montrant que l'amitié entre juifs et noirs a souvent été une réalité, et expliquer notamment à l'assistance que sa vocation de journaliste lui est venue de l'admiration d'une avocate juive.
Les choses "sérieuses" ont commencé quand celui dont on ne parle pas, s'est virtuellement invité au programme... vous aurez reconnu DIEUDONNE, révélant un malaise profond entre une partie du public et certains membres de l'association.
Le président du comité de soutien à Dieudonné, Guy Guioubly a pris la parole pour dire le bien qu'il pensait de l'association, et proposer son aide à celle-ci. Les premiers signes du malaise furent perceptibles quand une dame lui demanda de "préciser sa position sur les propos anti-sémites de Dieudonné", avant que Maurice Dorès lui demande de ne pas répondre.
Le début d'incendie éteint, Mme D.Zoa demanda à l'association de préciser elle-aussi sa position vis-à-vis du comique, et visiblement une grosse partie de l'assistance n'a pas apprécié le fait que Dieudonné soit qualifié d'anti-sémite.
Quelques minutes plus tard, sur une autre question relative à Dieudonné et dont la réponse déplût fortement, la conférence s'achèva en cacophonie.
Il est vraiment regrettable que les choses se soient achevées de cette manière, faussant l'impression générale de cette journée qui s'était relativement bien déroulée jusque-là.
Visiblement, et bien qu'elle s'en défende, le "problème Dieudonné" est un problème dont l'association ne pourra pas s'affranchir, si elle veut vraiment rassembler les communautés juives et noires, et cette première journée nous fait avoir les espoirs suivants:
- que l'association continue à organiser des manifestations permettant aux deux communautés de dialoguer et de communiquer
- que les uns et les autres tiennent leurs promesses: la participation du président du Comité de Soutien à Dieudonné aux travaux de l'association serait indéniablement un signal fort
- que plus d'artistes d'origine juive montrent publiquement leur intérêt pour la communauté noire qui semble estimer qu'il existe une distorsion de traitement par les médias