PARIS (AFP) — L'auteur présumé de l'attentat près d'une synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, interpellé au Canada, devait être interrogé vendredi sur place par des juges français qui cherchent à obtenir son extradition souhaitée notamment par la communauté juive.
Cet homme, un Libano-Canadien d'origine palestinienne de 54 ans dénommé Hassan Diab, a été arrêté jeudi à la mi-journée dans la banlieue d'Ottawa. Il s'affirme totalement innocent.
La gendarmerie royale canadienne a agi en vertu d'un mandat d'arrêt international délivré début novembre par les juges antiterroristes parisiens Marc Trévidic et Yves Jannier.
Les deux magistrats étaient vendredi "sur place" pour l'interroger, a confié une source judiciaire.
M. Diab, un professeur de sociologie à l'université d'Ottawa, est soupçonné par la justice française d'avoir confectionné l'engin composé de dix kg de pentrite et posé dans la sacoche d'une moto à quelques mètres de la synagogue de l'Union libérale israélite.
La bombe avait explosé le 3 octobre 1980 vers 18h40, tuant trois Français et une Israélienne et blessant une vingtaine de personnes. L'attentat avait été attribué au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS).
Après avoir été longtemps bloquée, la justice française est remontée en 2007 à M. Diab à la faveur d'un fichier fourni par l'Allemagne et comprenant les noms des membres du commando de la rue Copernic.
L'avocat de M. Diab, Me René Duval, a réaffirmé vendredi que son client était "innocent" et "victime d'une erreur sur la personne". Il entend aller jusqu'à la Cour suprême si nécessaire pour empêcher l'extradition de son client.
Hassan Diab, qui se dit "victime d'une homonymie", doit comparaître vendredi après-midi au palais de justice d'Ottawa. Son avocat a indiqué qu'il demanderait à cette occasion sa remise en liberté.
Une audience d'extradition doit ensuite avoir lieu dans les 45 jours suivant l'arrestation, devant un juge d'une Cour supérieure. Le pays demandant l'extradition, en l'occurence la France, devra alors "convaincre le juge que les preuves (présentées) justifient l'extradition", souligne Me Duval.
La décision du juge est sujette à appel et la personne visée par la procédure d'extradition peut aller jusqu'en Cour suprême, la plus haute instance judiciaire canadienne.
Le rabbin Michael Williams, qui officiait dans la synagogue le soir de l'attentat, s'est félicité de cette arrestation qui met fin à un "silence de presque 30 ans" des autorités françaises.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et le Consistoire central de France ont salué cette interpellation, tout en se prononçant pour une extradition "la plus rapide possible".
Tout l'enjeu pour la justice française va être en effet d'obtenir l'extradition de M. Diab pour des faits commis il y a 28 ans, alors qu'il ne disposait pas alors de la nationalité canadienne.
"La procédure canadienne peut être très longue, très complexe, et rien ne dit que l'extradition soit au final accordée", a fait valoir Me Bernard Cahen, l'avocat de l'Union libérale israélite de France, partie civile dans l'enquête.
En janvier 2007, un tribunal canadien avait autorisé l'extradition vers la France d'Abdellah Ouzghar, un Canadien d'origine marocaine. Il avait été arrêté à Toronto en octobre 2001, six mois après sa condamnation en France dans une affaire liée au terrorisme.
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