8/02/2006
Sur la question des caricatures et des réactions qu'elles provoquent dans le monde musulman, je rappelle que si la liberté d'expression est un des fondements de la République, celle-ci repose également sur les valeurs de tolérance et de respect de toutes les croyances.
Tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d'expression doit s'exercer dans un esprit de responsabilité. Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d'attiser dangereusement les passions.
Le Président a fait là une déclaration de principe destinée à relâcher la pression "amicale" des pays arabes sur la diplomatie française.
Le député Claude Goasguen a trouvé ces propos "ahurissants" ainsi que certains députés socialistes. Mais il n'y pas eu plus de scandale que cela pour cette remise en cause fondamentale de la liberté.
Il faut dire qu'en ce moment, la classe politique met, à l'instar des pays arabes, 6 mois pour se réveiller.
C'est, dans un passé récent, le temps qu'il a fallu à la gauche pour se mobiliser contre "la loi sur le rôle positif de la colonisation".
Reste que cette déclaration comporte au moins un aveu et un mensonge.
LE MENSONGE
Les déclarations de France Inter selon lesquelles un "éminent ministre" serait intervenu pour soutenir la plainte des organisations islamiques n'a, jusqu'à présent, point trouvé de démenti formel.
Le gouvernement lui aussi, souhaitait que la parution de Charlie Hebdo soit interdite. un éminent ministre l'avait donc fait savoir aux autorités judiciaires concernées.
Il a suggéré en somme au juge des référés du TGI de Paris d'accéder à la demande des organisations musulmanes, ceci au nom de la paix civile", craignant, citant toujours l'éminent ministre, "des actes de vengeance sur notre territoire" (voir transcription du journal d'Alain Passerelle, France Inter, 19 h le 7 février en fin d'article)
Au moment où Jacques Chirac affirme que la liberté d'expression est un des fondements de la république, il ne peut ignorer qu'un de ses ministres, la veille, est intervenu auprès de la Justice française pour bafouer cette liberté et réclamer l'interdiction d'un journal.
Quasiment du jamais vu au cours de la 5° République ! et pour de fallacieux prétextes sécuritaires, en plus !
L'AVEU
Jacques Chirac n'entend décidément plus rien à la politique intérieure et internationale. Lorsqu'il affirme de manière solennelle que ces dessins (repris par Charlie Hebdo, tout le monde l'aura compris) sont "susceptibles d'attiser dangereusement les passions", il veut ignorer que le feu ne couve plus depuis longtemps, qu'il est bel et bien déclaré, que l'incendie gagne jour après jour.
Il ne veut pas savoir que les flammes grignotent déjà les fondements de la société.
La crise des banlieues aurait du l'éclairer. Elle n'a fait que l'éblouir.
Notre Président ne voit plus rien et a visiblement pris son parti de ne regarder la société française que dans un rétroviseur.
Attention à la manoeuvre !