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Lettre ouverte à Monseigneur Tutu...
Simon Deng, originaire du Royaume Shiluk du Sud du Soudan
lundi 19 mai 2008 par Admin Edouard
Lettre ouverte à Monseigneur Tutu.
Rappel des faits réels d’un Africain soudanais en Israël
Absence de l’Evêque Tutu.
Vers la fin du mois dernier, je suis allé écouter l’Evêque Desmond Tutu qui prenait la parole à une Conférence sur “L’Apartheid israélien” à la Vieille Eglise Sud de Boston. Tutu est un homme d’église bien respecté. Il a contribué à la réconciliation entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud. Qu’il soit responsable d’une Conférence qui damne l’Etat juif me trouble profondément.
L’Etat d’Israël n’est pas un Etat d’apartheid. Je le sais parce que j’écris ceci de Jérusalem où j’ai vu des mères arabes se promener tranquillement avec leurs familles, même si j’ai également conduit sur des routes israéliennes protégées des balles et des pierres arabes par des murs et des palissades. Je sais que les Arabes sont scolarisés dans les écoles israéliennes et qu’ils bénéficient des soins médicaux qui sont les meilleurs du monde.
Je sais qu’ils votent et qu’ils ont des députés élus au Parlement israélien. Je vois les noms de rues en Arabe, langue officielle ici. Rien de tout cela n’était vrai pour les Noirs sous l’apartheid dans l’Afrique du Sud de Tutu.
Je connais aussi des pays qui méritent effectivement l’étiquette “apartheid”. Mon pays, le Soudan, est en haut de cette liste mais le sont également l’Iran, l’Arabie Saoudite et l’Egypte. Ce qui est arrivé à mon peuple au Soudan est mille fois pire que l’apartheid en Afrique du Sud. Et quelles que soient les souffrances des Palestiniens, elles ne sont rien en comparaison de celles de mon peuple. Rien. Et encore, la plupart de leurs souffrances incombe à leurs propres dirigeants.
Monsieur l’Evêque Tutu, je vois des Juifs noirs se promener dans la rue ici à Jérusalem. Noirs comme nous, libres et fiers.
Tutu a dit que les points de contrôle israéliens sont des cauchemars. Mais ces points de contrôle existent parce que des Palestiniens sont envoyés en Israël pour faire exploser et tuer des femmes et des enfants innocents. Tutu veut voir disparaître ces points de contrôle. N’avez-vous pas des portes dans votre maison, Monsieur l’Evêque ? Est-ce pour autant que votre maison est une maison d’apartheid ? Si quelqu’un, ce que Dieu ne veuille (Est-ce bien l’expression exacte pour cela en français !), essayait d’entrer chez vous avec une bombe, nous voudrions que vous ayez des agents de sécurité qui “humilient” vos invités en les fouillant, et nous ne vous appellerions pas raciste pour cela. Nous passons tous par des points de contrôle dans chaque aéroport. Est-ce du racisme de la part des compagnies d’aviation ? Non.
Oui, les Palestiniens sont incommodés aux points de contrôle. Mais, Monsieur l’Evêque, pourquoi est-ce que cela vous préoccupe plus que des vies juives ? Monsieur, lorsque vous dansiez pour la liberté de Mandela, nous tous en Afrique nous sommes joints à vous. Notre soutien était la clé de votre liberté. Mais quand des enfants au Burundi et à Kinshasa, et jusqu’à la Libéria et à Sierra Leone et, en particulier, au Soudan, ont crié et appelé au secours et au sauvetage, vous avez entendu mais vous avez choisi le silence.
Aujourd’hui des enfants noirs sont réduits en esclavage au Soudan, le dernier endroit dans ce continent africain où des humains appartiennent à d’autres humains. J’ai participé au mouvement pour abolir l’esclavage en Mauritanie, qui vient tout juste d’abolir cette pratique. Mais vous n’étiez pas avec nous, Monsieur l’Evêque.
Où donc est Desmond Tutu quand mon peuple lance des appels pour la liberté ? Aujourd’hui les Africains sont victimes de massacres, de génocide, d’esclavage. Où êtes vous quand il s’agit du Soudan, Monsieur l’Evêque ? Vous êtes occupé à attaquer l’Etat juif. Pourquoi ?
Simon Deng, originaire du Royaume Shiluk du Sud du Soudan, un important dirigeant pour les droits humains