De tous les conflits qui déchirent la planète, celui qui oppose Israël et les Palestiniens est sans doute le plus couvert par les médias.
Il se déroule pourtant sur un minuscule coin de terre. Des termes comme « territoires occupés », « colonies », «réfugiés » reviennent sans cesse, et ils évoquent, pour un Français, des images précises, qui font souvent oublier qu’ici, le contexte géographique, historique et politique est différent. De quoi est-il question dans le conflit du Proche-Orient ?Nous avons tenté d’établir un bref lexique, avec quelques dates-clés.
Quelques dates
1917 : Déclaration Balfour : La Grande-Bretagne « envisage avec faveur la création en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. »
1921: La SDN confie à la G.B. un mandat sur la Palestine, qui faisait partie avant la première guerre mondiale de l’Empire ottoman.
1922 : La G.B. , de sa propre initiative, en détache les deux tiers (84.000 km2) pour créer l’émirat arabe de Transjordanie.
1947 : l’ONU vote la partition du territoire restant pour la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe. Refus des Arabes.
Mai 1948 : proclamation de l’Etat d’Israël, aussitôt envahi par les armées de 5 états arabes.
Juin 1964 : création, par la Ligue Arabe, de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine)
1967 : Après le blocus égyptien du Golfe d’Eilat, guerre des Six jours, avec victoire –éclair d’Israël.
ISRAEL :
Superficie : Dans les frontières d’avant la guerre des 6 jours (Juin 1967) :
21.946 km2.
A titre de comparaison : superficie de la Bretagne :27.506 km.
Population : 6,7 millions.
Dont environ 5,4 millions de Juifs,
1,2 millions d’Arabes,
100.000 Druzes.
Environ 2% des Israéliens sont chrétiens, appartenant à des Eglises très diverses.
CISJORDANIE et GAZA :
. La bande de Gaza : 373 km2. Avant de passer, à l’issue de la guerre des 6 jours, sous contrôle israélien, elle se trouvait, depuis 1949 ( accords d’armistice des pays arabes avec Israël) sous domination égyptienne.
La Cisjordanie : terme créé en 1950, où ce territoire fut annexé par la Jordanie, pour désigner les régions nommées dans la Bible Judée et Samarie.
Superficie : 5678 km2
Elle passe en 1967 sous l’administration israélienne. La Jordanie conserve néanmoins avec la Cisjordanie certains liens administratifs et légaux, que le roi Hussein rompit en 1988.
Territoires « occupés » ou « contestés » ?
Le droit international définit comme « occupé » un territoire qui, avant sa conquête lors d’une guerre, était placé sous une souveraineté reconnue. Ni la souveraineté de l’Egypte sur Gaza, ni celle de la Jordanie sur la Cisjordanie, n’ont été reconnues par la communauté internationale.
Il s’agit donc, juridiquement, de territoires dits « contestés » ou « disputés », dont le statut définitif doit être réglé au cours de négociations de paix.
A la veille de l’Intifada El-Aksa, fin sept.2000, l’Autorité Palestinienne, présidée par Yasser Arafat,. administrait 98% de la population de Cisjordanie et Gaza.
Colonies
On a traduit par «colonies »- terme qui en français évoque un outre-mer, par exemple l’Algérie - l’anglais «settlement » (peuplement), pour désigner les localités juives implantées en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza. .
Définition du Petit Robert : Colonie ….Etablissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe…..
Pays étranger à ce groupe ? La présence juive dans ces régions date de l’époque biblique, et des communautés, plus ou moins importantes, y ont subsisté tout au long des siècles. Nombre des implantations actuelles ont été créées sur des sites autrefois peuplés par des Juifs. Parfois, comme dans le cas de Hébron ou du Goush Etzion, en un lieu dont les habitants juifs avaient été massacrés.
Elles ont été fondées, dans leur très grande majorité, dans des zones inhabitées. Certaines ont été créées pour des raisons sécuritaires, en particulier aux abords immédiats des grandes villes. (v. frontières)
La question des implantations (env.213.000 habitants au total – loin d’être tous ultra-nationalistes ou ultra-religieux) figure parmi les sujets à régler dans la phase finale des accords de paix.
Frontières de 1967
Israël a la forme d’une bande étroite et irrégulière, de 420 km de longueur.
Avant la guerre des 6 jours, ses frontières terrestres s’étendent sur 951 km..
Sa largeur n’atteint, à certains endroits, que 15 km. Les armées des voisins hostiles étaient stationnées à 18 km de Tel-Aviv, 35 de Haïfa, et quelques mètres des quartiers juifs de Jérusalem. On compta 41 attaques en 1966.
La résolution 242 du Conseil de Sécurité (nov.1967) demande, dans son texte en anglais, à Israël de se retirer de territoires et non des territoires.
Elle précise
le droit de chaque Etat à des frontières sûres et reconnues. (On peut noter qu’en Europe, des modifications de frontières ont eu lieu, par négociations, entre l’URSS et la Tchécoslovaquie en 1945, l’URSS et la Finlande en 1947, l’Allemagne et la Pologne en 1970, l’Italie et des pays voisins en 1947, etc.)
Jérusalem et les Lieux Saints
Ses liens avec le peuple juif .
Depuis qu’il y a 3000 ans, le roi David en fit sa capitale, Jérusalem a une place centrale dans la vie juive.
Depuis sa destruction par les Romains, en 70 de l’ère chrétienne, et la dispersion du peuple juif, les Juifs religieux du monde entier, dans leurs prières journalières et dans toutes les cérémonies, implorent Dieu de leur accorder d’y revenir. Tout au long des siècles, des pèlerins sont venus prier devant le Mur Occidental ( mur des Lamentations), dernier vestige du Temple, dont la destruction reste, aujourd’hui encore, commémorée chaque année par un jeûne.
Dès le 4ème siècle, des Juifs reviennent dans la Ville Sainte d’où ils avaient été bannis. Quand elle fut proclamée la capitale de l’Etat d’Israël nouveau-né, Jérusalem comptait 100.000 juifs sur 165.000 habitants (recensement de 194.
Les Lieux Saints .
La Vieille Ville (superficie : environ 1 km2) abrite des lieux révérés par les trois religions monothéistes : le Saint-Sépulcre et la Via Dolorosa pour les chrétiens ; Le Mur Occidental et le Mont du Temple, site le plus sacré du judaïsme. Sur cette aire, appelée par les musulmans l’Esplanade des mosquées, s’élèvent le Dôme du Rocher et la Mosquée El-Aksa, et elle constitue le 3ème lieu saint de l’Islam.
Après la guerre de 1967 et la réunification de la ville – dont la partie orientale était occupée depuis mai 1948 par la Jordanie, qui interdit aux Juifs l’accès au Mur Occidental, saccagea 58 synagogues, en transforma certaines en écuries - la loi israélienne stipula « la liberté d’accès des adeptes de quelque religion que ce soit à ses lieux saints ».
L’administration des mosquées est confiée au Waqf musulman. Les lieux saints chrétiens restent sous la garde de leurs différentes églises respectives, suivant un accord conclu au 19ème siècle, sous la domination ottomane.
Les réfugiés
Le nombre d’Arabes ayant fui lors de la guerre de 1948 se situe, selon les estimations, entre 360.000 et 750.000
Pendant les années ayant suivi la création de l’Etat d’Israël, plus de 800.000 Juifs durent fuir les pays arabes, en y laissant tous leurs biens. 586.000 d’entre eux immigrèrent en Israël, devenant citoyens israéliens ? (On pourrait parler, notent certains observateurs, d’un échange de populations, comme celui qui s’est produit entre l’Inde et le Pakistan en 1947)
Seule la Jordanie accorda la nationalité aux réfugiés palestiniens.(Les Etats arabes ne souhaitent pas résoudre le problème des réfugiés. Ils désierent le conserver comme une blessure ouverte… une arme contre Israël ; explique Ralph Galloway de l’UNRWA, en 195
En 2002, l’UNWRA – l’agence créée en 1949 par l’ONU pour leur fournir une aide et des services de santé et d’éducation – chiffre le nombre de ses assistés à 3,9 millions. Environ 1,6 millions d’entre eux vivent en Jordanie, 1,5 millions en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Droit au retour
L’Autorité Palestinienne revendique le droit au retour des réfugiés palestiniens, y compris dans l’Etat d’Israël au sein des frontières de 1967.
Israël déclare cette exigence inacceptable, en spécifiant qu’elle est dénuée de fondement juridique.
Le droit au retour ne peut être exercé que si l’on possède la nationalité du pays auquel on veut retourner – or il n’y a pas de nationalité palestinienne au sens juridique du terme et les Palestiniens ne sont pas Israéliens.
La résolution 194 (dec.194, de l’Assemblée Générale de l’ONU (souvent invoquée par l’A.P, alors qu’elle avait été initialement rejetée par les Etats arabes) ne spécifie pas de « droit au retour » : elle prévoyait du reste, à côté du «rapatriement » des réfugiés, d’autres possibilités, telle que la ré-installation. Quant à la résolution 242 du Conseil de Sécurité (1967), elle préconise «un règlement équitable du problème des réfugiés », sans autre précision.. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (194 reconnaît à « chacun le droit de quitter tout pays… et d’y retourner » mais stipule que cette disposition- comme les autres – a des limitations « dans le but d’assurer la reconnaissance et le respect des droits des autres … »
A ce point de vue , Israël souligne –toutes tendances politiques confondues- qu’autoriser l’installation sur son territoire de millions de Palestiniens (population, de surcroît hostile) serait un acte suicidaire : il signifierait la destruction de l’Etat Juif, qui deviendrait en quelques années à majorité arabe. L’écrivain Amos Oz, pacifiste bien connu, observe : « Il y aurait en fin de compte deux Etats arabes sur cette terre : la Palestine et Israël »
Le terrorisme lié à l’occupation ? (soit 1967)
Une définition du Petit Robert : « fedayin,n.m.-1956 ; répandu vers 1965 : combattant palestinien engagé dans des opérations de guérilla »