'Egypte a exprimé son "étonnement" de la décision d'Israël d'honorer les membres d'un réseau de poseurs de bombe en Egypte dans les années 1950."C'est une décision qui appelle l'étonnement", a déclaré le ministre des Affaires égyptien Ahmed Aboul Gheit, dans une déclaration rapportée dimanche par l'agence égyptienne Mena."Il s'agit d'individus qualifiés de terroristes au niveau international et c'est d'autant plus étonnant qu'il s'agit de juifs égyptiens", a ajouté le ministre.
"Nous sommes très étonnés qu'ils soient honorés", a-t-il encore dit.Israël a honoré le 30 mars pour la première fois les membres d'un réseau démantelé il y a plus d'un demi-siècle en Egypte après avoir posé des bombes destinées à provoquer des tensions entre ce pays, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Le président de l'Etat, Moshe Katzav, a remis des lettres de remerciements aux trois survivants du réseau, tous septuagénaires, Marcelle Ninio, Robert Dassa et Méir Zafran.Des lettres ont été remises aux familles de six autres membres du réseau depuis décédés, dont deux avaient été exécutés en Egypte après leur condamnation à mort.
L'affaire remonte à 1954, lorsque onze juifs égyptiens, trahis par un agent double, sont arrêtés pour avoir commis des attentats sur le sol égyptien contre des intérêts anglais et américains.
Rapidement, il apparaît que ces juifs font partie d'un réseau secret israélien monté par les renseignements militaires et dont l'objectif est de saboter les relations entre l'Egypte et l'Occident au moment où se négociait le retrait britannique du canal de Suez.
L'un des agents se suicide en prison. Deux autres sont condamnés à la pendaison et quatre seront libérés après 14 ans passés dans les prisons égyptiennes.
L'affaire provoque un énorme scandale en Israël. Le ministre de la Défense israélien de l'époque Pinhas Lavon refuse de porter la responsabilité de l'opération et en accuse le chef des renseignements Benyamin Gibli.La démission de Lavon en 1955 puis celle de Gibli ne parviennent pas à mettre un terme au scandale qui minera la position du fondateur de l'Etat David Ben Gourion.
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-24730535@7-37,0.html