Article tiré de (l'excellent) blog http://politiquearabedelafrance.blogspot.com/
On trouve dans le Courrier International de cette semaine un article du US News and World Report sur le réchauffement franco-américain observé depuis un an environ et qui provient d'une convergence d'intérêts sur de nombreux sujets : Liban-Syrie et Iran notamment. La très bonne coopération anti-terroriste entre les deux pays, la présence militaire française d'envergure en Afghanistan et la grande qualité des réseaux d'espionnage français dans le monde arabe (rappelons que la CIA n'avait pas un seul agent en Irak dans les années qui ont précédé la guerre! difficile de faire plus minable) sont cités à juste titre dans l'article comme autant de bons points pour la France du point de vue américain. Et on apprend aussi que MGM, un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac, et Steven Hadley, le National Security Advisor, se rencontrent longuement tous les deux mois.
Sur l'Iran, la convergence d'intérêts repose sur deux éléments :
1) L'affaiblissement américain qui dépend trop de l'Iran pour la réussite de sa politique irakienne : donc les États-Unis ont besoin de partenaires, notamment pour gagner du temps.
2) L'inquiétude véritable (et de plus en plus grande) de la France face aux ambitions nucléaires des mollahs. Il ne faut pas bien sûr nier les intérêts commerciaux que la France a en tête avec l'Iran mais je crois qu'ils passent de plus en plus derrière une réelle inquiétude stratégique.
Je vois deux signes qui ne trompent pas du durcissement de la France face à l'Iran, durcissement d'ailleurs stérile puisqu'il n'est pas appuyé par la puissance américaine.
Premier signe : les articles de plus en plus sévères du Monde sur le président iranien. [MDR !]
Deuxième signe : l'option militaire serait envisagée par la France! C'est en tout cas ce que des officiels français ont confié au quotidien israélien Maariv (voir la revue de presse de l'Ambassade de France en Israel). Comme le relève lui-même le journaliste du Maariv, une participation de la France à une intervention militaire contre l'Iran reste peu probable. Mais il y a là un message très clair, envoyé discrètement à l'Iran : alors que le 19 juillet dernier, Jacques Chirac, dans une interview à Haaretz, refusait d'envisager l'option militaire (QUESTION - Et là, une attaque militaire si rien ne fonctionne ? LE PRESIDENT - Ecoutez, nous n'y sommes en aucun cas. Les attaques militaires ne sont pas une solution à quelque problème que ce soit. Il y a des moyens civilisés de régler les problèmes et nous souhaitons que ces moyens aboutissent à des résultats positifs. Si, je le répète, il y avait un problème, je pense que le Conseil de sécurité devrait être saisi .), cette option n'est désormais plus exclue, du moins officieusement. La France durcit le ton et veut montrer aux Iraniens qu'au moins, elle ne s'opposera pas à une intervention militaire américaine.