article tiré de www.guysen.com
Comme l’a annoncé Guysen.Israël.News, des dizaines de jeunes israéliens ont annoncé leur intention d'entamer une grève de la faim de 4 jours devant la Knesset à partir de dimanche. Ils entendent protester contre ''l'abandon de Jonathan Pollard''.
Aussi, il nous paraît important de revenir sur le cas de ce scientifique juif américain condamné en 1987, à la détention à vie, pour avoir transmis des documents secrets à un pays étranger, en l'occurrence Israël. Rappelons-en les éléments essentiels.
L'intéressé n'a jamais nié avoir effectivement transmis à Israël des renseignements couverts par le secret.
En revanche, il n'est pas établi avec certitude s'il a uniquement agi par idéologie ou contre rémunération. En tout état de cause, il faut savoir qu'en 1983, le président Reagan avait pris l'engagement de communiquer à Israël tous les renseignements vitaux concernant la défense de cet État, qui parviendraient à la connaissance des États-Unis. Or, les autorités militaires américaines omettaient volontairement de transmettre un certain nombre de renseignements relatifs aux équipements chimiques, biologiques et nucléaires, dont cherchaient à se doter l'Irak et la Syrie.
C'est la raison pour laquelle, Pollard, âgé à l'époque d'une trentaine d'années et qui en tant qu'analyste travaillait depuis six ans pour le compte de la marine américaine, entreprit, pendant plusieurs mois, de transmettre directement certaines informations au gouvernement israélien. Il fut arrêté en novembre 1985 après avoir vainement cherché à se réfugier dans les locaux de l'ambassade israélienne à Washington, avec laquelle il était en rapports suivis.
Son procès fut entaché d'une méconnaissance des règles élémentaires de justice. En effet, il fut condamné à la peine maximum en violation des principes de la procédure pénale américaine qui reconnaît le droit à une peine réduite, lorsque l'inculpé plaide coupable, ce que fit Pollard.
Il est vrai que le juge, unique - pour ne pas dire inique - en l'occurrence, se laissa intimider par la communication, quelques instants avant la lecture du verdict, d'une lettre émanant de Caspar Weinberger, alors Secrétaire à la défense, demandant la peine maximum sur la base de l'accusation de trahison, qui n'avait cependant jamais été invoquée précédemment. Et elle ne pouvait d'ailleurs pas l'être s'agissant d'Israël, État bénéficiaire des indiscrétions.
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De plus, la peine infligée était particulièrement disproportionnée par rapport aux peines prononcées, dans ces cas analogues, s'agissant d'espionnage au profit de la Grande-Bretagne, de l'Afrique du Sud, des Philippines, du Ghana ou même de l'Égypte (peines allant de 2 à 10 ans d'emprisonnement seulement).
Même tous les actes d'espionnage au profit des pays de l'Est, ne furent pas aussi durement sanctionnés.
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Dans certains milieux juifs, même en France, on ne cachait pas une certaine gêne pour prendre position en faveur de Pollard, en raison de la crainte de voir resurgir l'accusation de "double allégeance". Même les gouvernements israéliens n'ont pas "assumé", à l'origine, leurs responsabilités. Officiellement - car discrètement des interventions furent faites auprès du gouvernement américain - le gouvernement Rabin nia formellement tout contact avec Pollard.
En 1995, sa demande présentée par sa nouvelle femme, épousée en prison, en vue d'obtenir la nationalité israélienne fut rejetée. C'est le gouvernement Netanyahu qui la lui accorda, en 1996 et qui reconnut, officiellement, en mai 1998 que Jonathan Pollard avait agi en tant qu' "agent israélien".
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Mais, compte tenu de la durée de l'emprisonnement (plus de 18 ans) de Jonathan Pollard, qui a rendu quelque peu obsolètes les connaissances qu'il a pu recueillir, durant son passage dans les services de la marine, il s'avère que, comme les autorités soviétiques au temps du goulag qui empêchaient des savants juifs de quitter l'Union soviétique, les autorités américaines reprochent, en fait, à Jonathan Pollard son intelligence. Ce qui n'est guère à l'honneur de cette super-puissance, qui devrait également être un modèle de pays épris de justice.
Et on ne peut que rendre hommage à ces jeunes israéliens, qui ont estimé qu'il est impossible que nous partions en vacances d'été alors que Jonathan est emprisonné'' pour avoir rappelé le triste sort de Jonathan Pollard, qui semble tombé dans l’oubli.
David Ruzié, Professeur émérite de droit international.