Alain Ménargues a démissionné lundi de ses fonctions de directeur de l’information de Radio France Internationale (RFI) et de vice président de RMC-Moyen Orient, en réponse à l’émotion suscitée par ses propos sur Israël et les ghettos juifs.
Selon la direction de RFI, il n’y a pas eu faute sur l’antenne de RFI, où M. Ménargues a été nommé fin juillet, mais “incompatibilité” entre l’exercice de ses fonctions et “l’exposition d’opinions tranchées” à l’extérieur de la radio. Longtemps correspondant de Radio France au Moyen-Orient, M. Ménargues, 57 ans, a fait ces derniers jours la promotion de son livre “Le mur de Sharon", dans plusieurs médias français.
Présenté comme directeur de l’information de RFI, il a tenu des propos comme “Israël est un Etat raciste” ou encore, sur Radio Courtoisie, “Quel a été le premier ghetto au monde? Il était à Venise. Qui est-ce qui l’a créé? C’est les juifs mêmes pour se séparer du reste".
Ces déclarations ont provoqué de très vives réactions des syndicats et de la société des journalistes de RFI, d’associations juives françaises et du ministère français des Affaires étrangères. M. Ménargues, interrogé par des journalistes à la suite de sa démission, a expliqué “avoir décidé de se taire". “On a (à RFI) un actionnaire qui s’appelle le ministère des Affaires étrangères. Dès l’instant où le porte-parole (du ministère), à mon sens piégé par une question, répond que ce que j’ai dit est intolérable, j’en tire les conséquences", a-t-il ajouté.
La polémique s’est développée alors que le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier effectue depuis dimanche et jusqu’à mardi une visite en Israël destinée à renouer le dialogue entre ce pays et la France, après une période de tensions.
La démission de M. Ménargues a été rendue publique alors qu’il venait de s’expliquer devant les rédactions de RFI et RMC-MO réunies en assemblée générale à l’appel de l’intersyndicale CFDT, SNJ et SNJ-CGT. Le PDG de RFI, Antoine Schwarz, a indiqué que M. Ménargues resterait à RFI, à des fonctions qui restent à préciser. Lors d’une AG houleuse dans une salle de rédaction bondée, M. Ménargues a notamment déclaré: “ce que je peux penser ne s’est jamais traduit sur l’antenne, il n’y a jamais eu de dérive éditoriale". “Je n’ai pas été invité (dans ces émissions, ndlr) au titre de directeur, j’ai été invité au titre d’auteur", a-t-il souligné.
“Je pense qu’en tant que directeur de l’information il n’a pas de liberté d’expression (…) parce qu’il incarne RFI", a rétorqué une journaliste de la rédaction en anglais. “Pourquoi est-ce que dès qu’il s’agit d’Israël il y a cette inquisition ? “, a demandé un autre journaliste.
“Je pense qu’il s’est créé pas mal d’inimitiés assez rapidement (…) et que (…) ces propos sont aujourd’hui l’occasion de lui faire la peau dans un tribunal populaire", a estimé un autre participant. L’intersyndicale a “pris acte” lundi dans un communiqué “de la démission d’Alain Ménargues annoncée “alors qu’une demi-heure avant le PDG lui accordait +son entière confiance+". Elle “s’étonne de l’absence de réaction du PDG face aux multiples déclarations controversées du directeur de l’information” et “exprime son inquiétude quant à la gestion de RFI".
La Société des journalistes a estimé pour sa part que le successeur d’Alain Ménargues “aura la lourde responsabilité de rendre à RFI sa crédibilité et sa sérénité".