Mise au point:
" Au XVIIIe siècle, face au retour de l'accusation de misanthropie originellement formulée dans la littérature de l'époque hellénistique et romaine, se développe à nouveau une apologie de la «philanthropie» des lois de Moïse, qui d'une part s'inscrit dans la continuité de l'apologie de Philon ou de Flavius Josèphe, et d'autre part s'en distingue radicalement, car elle interprète la notion biblique du ger, de l'étranger résident, dans un sens opposé à celui qui est donné à ce terme au Ier siècle de notre ère. Au Ier siècle, ger signifie «prosélyte» et la philanthrôpia du judaïsme s'exprime dans l'accueil chaleureux des prosélytes, tandis qu'au XVIIIe siècle le ger désigne un étranger qui ne s'est pas converti au judaïsme, et la philanthropie des lois juives consiste à garantir son respect et sa protection au sein de la communauté juive, sans exiger de lui la conversion. Ces interprétations opposées s'expliquent dans les deux cas par l'influence du contexte culturel de l'époque (l'éloge de la philanthrôpia de Rome au Ier siècle, l'idée de tolérance au XVIIIe)."
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INTERDICTION DE BLESSER UN PROSÉLYTE PAR DES PAROLES.
a) Il est interdit d'offenser un prosélyte par la parole le Guer : est un étranger qui a accepté les lois de la Torah). Nous lisons en effet (Exode 22, 20): « tu ne contrasteras point l'étranger ». Or bien que la même interdiction se trouve également à l'égard d'un frère (Lév. 25, 17) et qu'un prosélyte, aussitôt qu'il est converti, jouisse des mêmes droits que l'autochtone, la Torah l'a répétée, et même plusieurs fois, à l'égard de l'étranger converti. Car les paroles blessantes toucheraient davantage ce dernier qu'un juif de naissance qui, lui, a des proches et des amis pour prendre sa défense. De plus, il est à craindre qu'à la suite d'une humiliation, le prosélyte, par dépit, ne revienne à ses croyances erronées. Ce serait déjà une offense à son égard, dit le Sifra, que de lui rappeler son origine païenne!
b) Cette Mitsvah doit, en plus des raisons indiquées ci-dessus, nous apprendre à dominer nos mauvais instincts qui nous poussent à faire le mal en abusant "de notre supériorité " : En face de cet homme, livré sans défense à chacun de nous, la Tora nous met en garde doublement, en nous demandant d'aimer l'étranger et en nous interdisant de l'humilier; elle nous demande de le traiter comme un frère. Ainsi notre âme se trouvera purifiée, parée de toutes les vertus et capable de se perfectionner selon la Volonté d'Achem.c) Nos Sages ont multiplié les mises en garde au sujet de ce commandement qui, rappelons-le, est mentionné 24 fois dans la Torah! Ils ont fait remarquer notamment que la Torah, en parlant de l'affection que nous devons porter aux étrangers, s'exprime dans les mêmes termes que pour l'amour de Dieu:« tu aimeras Achem... » et « vous aimerez l'étranger ».
source : Otsarenou