juste pour nath2 n'ait pas le monopole du "je poste des depeches sans donner mon opinion"
jeudi 9 mars 2006, 13h54
La guerre des clans fait rage dans la mafia israélienne
JERUSALEM (AP) - Attaque au missile, bagarre dans un hôtel, explosion d'une bombe dans une rue fréquentée... les affrontements entre barons de la pègre sont de plus en plus violents en Israël, au point que les Etats-Unis ont récemment mis en garde leurs ressortissants appelés à se rendre dans l'Etat hébreu.
Considéré comme le chef de la pègre israélienne, Zeev Rosenstein, 51 ans, a fait parler de lui ces derniers jours. Accusé d'être impliqué dans l'écoulement d'un million de pilules d'Ecstasy à New York et Miami, il comparaissait mardi devant un tribunal de Floride suite à son extradition vers les Etats-Unis la veille. La justice américaine le présente comme un des trafiquants de drogue les plus recherchés au monde.
Hormis une peine de prison, Rosenstein a largement échappé jusqu'ici aux foudres de la justice et a survécu à au moins sept tentatives d'assassinat. En décembre 2003, des rivaux ont fait exploser une bombe visant le parrain israélien dans une rue animée de Tel Aviv. Il s'en est sorti avec des égratignures, mais trois passants ont été tués et 18 autres blessés.
Fait nouveau depuis quelques années, les Israéliens commencent à redouter les violences liées aux guerres intestines de la mafia. "Les activités des organisations criminelles s'intensifient et sapent le sentiment de sécurité", selon le commissaire de police Moshe Karadi. Et d'ajouter: "notre approche envers ces organisations doit être exactement la même que pour les groupes terroristes (palestiniens)."
La mise en garde récemment lancée par Washington à ses ressortissants rappelle l'explosion d'une bombe en octobre dernier à Tel Aviv qui avait détruit un appartement et fait trois morts et cinq blessés. "Des incidents similaires ont impliqué par le passé l'utilisation de bombes, grenades, missiles antichars et armes à feu légères", souligne le département d'Etat dans un communiqué.
Selon Arieh Amit, ancien commandant de la police, jamais la criminalité avait atteint un tel niveau en Israël. "Le crime organisé a toujours existé, mais ses membres sont plus riches, beaucoup plus violents et beaucoup plus audacieux", analyse-t-il. Dans le même temps, une police affaiblie a de plus en plus de mal à lutter contre cette mafia de plus en plus sophistiquée.
Ces dernières années, la plupart des violences se seraient concentrées autour de familles rivales, se disputant le contrôle de jeux d'argent lucratifs. Avec un million d'immigrés en provenance de l'ex-Union soviétique, Israël est également considéré comme un avant-poste majeur de la mafia russe.
Des querelles ont notamment opposé Rosenstein et son allié Assi Aboutboul à deux clans rivaux, les Abarjil et les Alperon.
Le 22 décembre, un missile antichar a été tiré en direction de la voiture d'Aboutboul, près de Netanya. Le missile a manqué sa cible, mais a effrayé les voisins. En 2004, Aboutboul était sorti indemne d'une attaque à la grenade devant un casino de Prague où son père Félix, son prédécesseur à la tête du clan, avait été abattu deux ans plus tôt.
Mais la saga qui a le plus défrayé la chronique ces derniers mois est celle de "l'affaire Alperon".
Le 2 janvier, un "sommet" de la pègre dans un grand hôtel de Tel Aviv a dégénéré, les participant dégainant couteaux et armes à feu et provoquant la fuite de clients terrorisés. Amir Mulner, étoile montante du "milieu" israélien, est sorti de la réunion avec une blessure au cou provoquée par une arme blanche.
L'assaillant présumé, Yaakov Alperon, surnommé "Don Alperon", s'est rapidement évanoui dans la nature, avec son fils Dror. Pendant deux mois, la police les a traqués en vain dans tout le pays, avant que les deux fuyards ne se rendent volontairement au terme d'un accord avec la police. Interrogés, ils ont depuis été libérés sous caution.
Mais la guerre entre clans de la pègre semble loin d'être finie. "Si les familles ne résolvent pas leur conflit, il y aura sans aucun doute des règlements de compte définitifs...", prédit Arieh Amit. AP