Shoah : pour la police aussi, il faut un devoir de mémoire

Ancien utilisateur
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Par Maurice Rajsfus (Ecrivain)    11H16    20/02/2008

L'écrivain Maurice Rajsfus a été arrêté par des policiers français le 16 juillet 1942, durant la rafle du Vel d'Hiv'. Il nous envoie cette tribune en réaction à l'idée de Nicolas Sarkozy de faire porter par chaque élève de CM2 la mémoire d'un enfant de la Shoah.

« Entre le 16 juillet 1942 et le 31 juillet 1944, 11 000 enfants dont les parents étaient désignés comme juifs devaient être raflés, puis déportés vers les camps de la mort. Pour Nicolas Sarkozy, il faudrait que chaque élève de CM2 prenne en charge la mémoire de l’une de ces victimes de la haine raciale.

« Une autre approche est possible, en se posant la question essentielle : qui a arrêté ces jeunes ? Ce sont nos policiers et gendarmes français, lesquels n’ont jamais hésité à les confier rapidement aux bons soins des bourreaux nazis ! Il serait donc cohérent que dans chaque commissariat soient rappelé régulièrement les exploits des anciens de nos forces de l’ordre.

« De tels rappels à l’Histoire seraient tout à fait salutaires, en un temps où policiers et gendarmes sont constamment en mission pour traquer les sans papiers et, à l’occasion, les séparer de leurs enfants - sans que cela les traumatise particulièrement.

« Bien sûr, il ne saurait être question de comparer les périodes, car le temps de la barbarie nazie est heureusement révolu. Pourtant, les mauvaises manières n’en perdurent pas moins, et les fonctionnaires d’autorité de la République ne se risquent jamais à transgresser des ordres qui ne sont en rien compatibles avec les traditions humanitaires du pays des droits de l’homme.

« Une fois encore, on nous objectera : "Ce n’est pas pareil !" Belle façon de faire l’impasse sur des dérives insupportables. Tout serait donc permis, dès lors qu’un régime se proclame démocratique et que ses dirigeants procèdent du suffrage universel ?
Une certitude : les policiers et les gendarmes de la République pourraient tirer grand profit de l’étude des périodes noires de notre histoire, et des missions dont les forces de l’ordre étaient investies, de l’été 1940 à l’été 1944.

« Enfin, si au temps de l’occupation nazie ceux qui s’accommodaient de leur fonction ne pouvaient refuser, paraît-il, les ordres reçus, il en va tout autrement en 2008. »

Source :
http://www.rue89.com/2008/02/20/shoah-pour-la-police-aussi-il-faut-un-devoir-de-memoire

Ancien utilisateur
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ouai na mais si on commence par là, on va le faire aussi pour les cheminots, tous les mec qui taffent a la SNCF , les fabriquant de barbelés, mon pere (ba ouai il vend du gaz c'est con ça) etc etc etc

on s'en sort plus .. je pense qu'a un moment donné, faudrait songer a arreter la connerie.

Ancien utilisateur
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quoi, le père de shakira vend du gaz !?
c'est comme un escalier assez raide...attention à la marche !

c'était le post nul d'ambiance :p

Ancien utilisateur
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Ambiance : O_o°

loool

Ancien utilisateur
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tu exageres grave, Sawah....

Ancien utilisateur
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Cette dernière lubie du prince Sarkozy est injuste et pour tout dire morbide. Plutôt que de faire porter le souvenir de ces petits juifs martyrs à des enfants d'aujourd'hui (qui n'y sont pour rien), il ferait mieux de dire qui les a arrêté en effet! Ce serait plus sein comme démarche. Mais cela ne risque pas d'arriver ; il ne faut pas, parait-il, s'excuser des errements passés (ou présents) de la France...

Ancien utilisateur
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Ma soeur bosse au Mémorial de la Shoah. J'ai cru comprendre, d'après ce qu'elle m'a dit, que les élèves des écoles de police devaient le visiter, que ça faisait parti de leur cursus. Il vaut mieux s'occuper du présent que du passé - je parle d'un point de vue morale, pas historique. Car les purges ont été assez ridicules dans la plupart des corporations compromises avec le nazisme : les flics, les cheminots, les autres fonctionnaires. Et les journalistes aussi...

Ancien utilisateur
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Bzh75
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Cette dernière lubie du prince Sarkozy est injuste et pour tout dire morbide. Plutôt que de faire porter le souvenir de ces petits juifs martyrs à des enfants d'aujourd'hui (qui n'y sont pour rien), il ferait mieux de dire qui les a arrêté en effet! Ce serait plus sein comme démarche. Mais cela ne risque pas d'arriver ; il ne faut pas, parait-il, s'excuser des errements passés (ou présents) de la France...
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Ce qui serait sain, je pense, c'est d'avoir de la mémoire. En 1995, Jacques Chirac a été le premier président à s'excuser publiquement"Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l'Etat" . C'était un discours historique car ses prédécesseurs avaient jeté une chappe de plomb sur la collaboration, sans parler de ceux (Miterrand) par exemple, qui ont usé de leur pouvoir pour protéger des criminels (Bousquet, Papon). Et ce n'est bien sûr que la partie immergée de l'iceberg, car on pourrait en dire des tonnes.

Ci-après l'extrait du discours de Jacques Chirac du 16/07/1995 commémorant la raffle du Vel d'Hiv.

"Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.

Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.

On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France - jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la Préfecture de Police.

On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi quelques évasions.

Pour toutes ces personnes arrêtées, commence alors le long et douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles ne reverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont senties trahies ? Quelle a été leur détresse ?

La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.

Conduites au Vélodrome d'hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l'on sait, d'être dirigées sur l'un des camps de transit - Pithiviers ou Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorités de Vichy.

L'horreur, pourtant, ne faisait que commencer.

Suivront d'autres rafles, d'autres arrestations. A Paris et en province. Soixante-quatorze trains partiront vers Auschwitz. Soixante-seize mille déportés juifs de France n'en reviendront pas.

Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible.

La Thora fait à chaque juif devoir de se souvenir. Une phrase revient toujours qui dit : "N'oublie jamais que tu as été un étranger et un esclave en terre de Pharaon".

Cinquante ans après, fidèle à sa loi, mais sans esprit de haine ou de vengeance, la Communauté juive se souvient, et toute la France avec elle. Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais plus. Pour que le sang de l'holocauste devienne, selon le mot de Samuel Pisar, le "sang de l'espoir".

Quand souffle l'esprit de haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l'exclusion. Quand à nos portes, ici même, certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements, certains partis politiques se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d'une idéologie raciste et antisémite, alors cet esprit de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec plus de force que jamais.

En la matière, rien n'est insignifiant, rien n'est banal, rien n'est dissociable. Les crimes racistes, la défense de thèses révisionnistes, les provocations en tout genre - les petites phrases, les bons mots - puisent aux mêmes sources.

Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l'Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c'est tout simplement défendre une idée de l'Homme, de sa liberté et de sa dignité. C'est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l'oeuvre.

Cet incessant combat est le mien autant qu'il est le vôtre.

Les plus jeunes d'entre nous, j'en suis heureux, sont sensibles à tout ce qui se rapporte à la Shoah. Ils veulent savoir. Et avec eux, désormais, de plus en plus de Français décidés à regarder bien en face leur passé.

La France, nous le savons tous, n'est nullement un pays antisémite.

En cet instant de recueillement et de souvenir, je veux faire le choix de l'espoir.

Je veux me souvenir que cet été 1942, qui révèle le vrai visage de la "collaboration", dont le caractère raciste, après les lois anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de nos compatriotes, celui du sursaut, le point de départ d'un vaste mouvement de résistance.

Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées, soustraites aux recherches impitoyables de l'occupant et de la milice, par l'action héroïque et fraternelle de nombreuses familles françaises...."

Ancien utilisateur
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Ce qui m'agace dans tout ça c'est qu'on oublie que Sarkozy a énoncé cette idée à un dîner du CRIF : je soutiens donc qu'elle n'est pas de lui en définitive.

Ancien utilisateur
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Darwin, je me souviens très bien de ce discours de Jacques Chirac de 1995, qui est très bien en effet. Mais je parlais de Sarkozy. Il n'arrête pas de dire qui'il faut arrêter de revenir sur les fautes commises par l'état français. Une fois élu, il exige que tous les écoliers parrainent un enfant juif envoyé à la mort sous Pétain. Où est la cohérence?

Pour revenir au discours de Jacques Chirac, il est symbolique et très fort. Mais il n'empêche pas, malheureusement, que cette chape de plomb perdure. Par exemple dans les milieux universitaires, un jeune professeur ne peut pas étudier cette période sous peine de briser sa carrière. En fait, la chape de plomb est encore plus grande qu'avant.

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