Yaacov Avinou et Esav s'opposent depuis toujours.
Yaacov incarne dans son essence même l'expression de l'ordre Divin. Esav passe son temps à le recréer de façon arbitraire, il prétend reconstruire le monde pour parvenir au même but.
Mais avant tout ils s'opposent pour des idées.
C'est en cela qu'ils craignent tous deux Laban l'araméen.
Parce qu'il n'a pas d'idées, qu'il n'en a pas besoin. Laban croit en tout et en rien : démarche d'un politique.
Il est prêt à se débarasser de ses idoles pour accueillir Yaacov qu'il croit riche, mais aussi à tuer Yaacov pour récupérer ses idoles perdues.
Omnubilé par sa recherche de profit, Lavan ne construit pas, il n'éduque pas, il n'a rien à transmettre, son influence délavée fige son entourage.
C'est le message de Yaacov à Esav : "Im Lavan Garti", "pour vivre avec Lavan il faut accomplir toutes les mitsvot", aucun autre système ne lui résiste.
Il n'y a pas si longtemps, on parlait encore de formation, d'idées ; on échangeait des valeurs communes. On parle aujourd'hui de tendances.
Changement de contexte : nous sommes passés d'une génération de la pensée à une génération du profit.
Nous avons glissé en douceur dans le monde de Laban. Plus de références, rien que du trouble, des impressions, où les liens de sang sont les seuls thèmes qui trouvent encore un écho, comme elles le font chez Laban, lorsqu'il se sent concerné par le désarroi "de sa chair", de son neveu Yaacov.
La coexistence avec Esav consistait à faire pencher la balance en notre faveur : déséquilibre à la portée de chacun.
Celle avec Laban ne souffre pas du moindre écart, tout manquement à l'accomplissement des mitsvot entraine une dérive fatale dans la mouvance de l'araméen.
Lavan n'a pas fini, il a terrassé Esav et toutes ses valeurs : plus de morale, plus de respect, plus de référence : rien que des images, du multimédia, des sentiments : Plus de communion d'esprits, mais une communion de sens.
Il faudrait le clamer haut et fort.
La communauté est également atteinte.
Par le mal de Lavan.
Morcelée par les tendances, nourrie par les profits individuels, elle perd ses références. Non pas qu'elles n'existent plus, mais elle y devient insensible : la communauté se politise.
Avec ses camps, ses leaders ; où chacun ne reconnait plus que les siens, et rejette faute d'idées ceux d'en face. Pour éviter de s'en approcher.
Où l'émergence même de nouveaux mouvements communautaires, dans laquelle on osait espérer un semblant de thérapie, se trouve polluée dans sa dynamique même par des ambitions politiques.
Et puis, comme tout mouvement politique, on brasse, on recrute, et même à tout âge. Plus de place pour les formations, rien que pour les adhésions.
Pourtant, là autour de nous, nos frères esseulés, perdus, hagards, avec des réponses sans questions, qui agonisent, et se perdent chaque jour plus nombreux chez l'araméen.
Mais qui se soucie encore de sauver Yaacov ?
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