Une des paracha les plus importantes et intéressantes !
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POUR QUE FINISSE L’ANNÉE AVEC SES MALÉDICTIONS...
La paracha débute ainsi :
« … -Vous vous tenez debout aujourd’hui, vous tous devant Hachem, vos chefs, vos tribus, vos anciens et vos officiers,
tout homme d’Israël ». (Dévarim 29 ; 9)
Rachi nous renvoie au Midrach Hagada qui demande :
Pourquoi ce passage fait-il immédiatement suite au passage des klalot (malédictions)? Car lorsqu’Israël entendit les ‘cent moins deux’ malédictions
(de la paracha de la semaine dernière : Ki Tavo), en plus des 49 qui se trouve dans Vayikra, ils sont devenus verts [de terreur] et ont dit : -
Qui pourra tenir face à tout cela ? Moché a commencé à les apaiser en leur disant : « -Vous vous tenez debout aujourd’hui
devant Hachem… ». Vous L’avez beaucoup ‘mis en colère’ et Il ne vous a pas exterminés ; voici que vous êtes debout devant Lui…
1°) Le Rav Elyahou Lopian ,=>dont c’était le Yortsayte (anniversaire de décès) chabbat dernier, demande des explications sur la réaction de
Moché Rabbénou. En effet, si les Bnés Israël méritaient vraiment d’être exterminés à cause de leurs Avérot (péchés) et ne l’ont pas été, cela signifierait
que les Klalot (malédictions) de la paracha de la semaine dernière ne sont pas à prendre au sérieux (h’as véchalom). Et si les Bnés Israël ne
méritaient pas (cette fois-ci) d’être punis, ils ont cependant raison d’être « verts de terreur » en ce qui concerne l’avenir.
Où est donc le message d’apaisement de Moché Rabbénou ?
2°) Quelques versets après le début de notre paracha, la Torah nous met en garde : -De peur qu’il y ait parmi vous un homme
ou une femme ou une famille ou une tribu dont le coeur se détourne aujourd’hui d’avec Hachem…et ce sera quand il entendra les paroles de ce
serment (contenant les malédictions), il se bénira dans son coeur en (se) disant : - ‘le chalom (paix/tranquillité) sera pour moi car j’irai selon les
inclinaisons de mon coeur’, afin de joindre l’abreuvé à l’assoiffé. Hachem ne voudra pas lui pardonner… tombera sur lui tout le serment (les
malédictions) écrit dans ce livre là … » (Dévarim 29 ; 17-19).
Plusieurs questions se posent :
a°) Comment peut-il exister un tel homme (ou une telle femme, ou une telle famille ou une telle tribu !) qui puisse entendre toutes les malédictions
de la paracha Ki Tavo, dites par la Chékhina (présence divine) -qui s’exprimait à travers la bouche de Moché-, et qui prévoit déjà de suivre le
mauvais chemin ?
b°) S’il existe un tel individu, à ce point tenace et obstiné, pourquoi la Torah se fatigue-t-elle à le prévenir une seconde fois, dans la paracha de
cette semaine, sur ce qui risque de lui arriver. Qu’est ce que cela va changer ?
c°) Enfin, que signifie l’expression : `afin de joindre l’abreuvé à l’assoiffé ».
Il est écrit dans l’une des Klalot (malédictions) de la paracha de la semaine dernière : « Ta vie sera suspendue en face…tu ne croiras pas en ta
vie » (Dévarim 28; 66). Rachi rapporte que nos Sages ont expliqué le verset de la manière suivante :
-« Ta vie sera suspendue en face… » : il s’agit de l’homme qui [ne possédant pas son propre terrain ] est contraint d’acheter son blé au marché.
-« …tu ne croiras pas en ta vie » : il s’agit de l’homme qui s’appuie sur un boulanger [à défaut de pouvoir faire son propre pain] (Ménah’ot 103 b).
-Dans le même esprit, la guémara dans Erkhin (16b) demande : « Jusqu’où vont les Yissourim (souffrances) ?...même si un homme a mis la main
dans sa poche pour prendre trois pièces et qu’il n’en attrape que deux [cela s’appelle déjà une malédiction ou une souffrance].
Il ressort de ces différentes Guémarot que nous sommes infiniment loin de nous imaginer jusqu’où va le h’essed (bonté) d’Hakadoch Baroukh
Hou. En effet, bien qu’Il soit le Maître du monde, extrêmement puissant, Il s’occupe malgré tout des moindres détails de la vie de chaque Ben
israël. Même des points qui peuvent nous paraître sans intérêt (comme : acheter ses h’alot chez le boulanger au lieu les faire soi-même, ou encore
devoir chercher une troisième pièce de monnaie dans notre poche…) apparaissent aux yeux d’Hachem comme des malédictions tant son h’essed
(bonté) est grand, sans limite et voudrait se répandre sans aucune restriction. On peut donc se demander, sachant que le h’essed d’Hachem est si
grand, pourquoi nous menace-t-Il de Klalot (malédictions) et même, parfois, les réalise-t-Il ?
La raison est que l’effet des Avérot (interdits) sur la néchama (âme) est infiniment plus grave que l’effet des yissourim (souffrances) sur le corps
(même si nous n’en sommes pas conscients). Malheureusement l’homme a tendance à s’éloigner de la Torah et des Mitsvot à tel point qu’il
« oblige » Hachem à le réveiller par des Yssourim (souffrance). En d’autres termes, « le désir » d’Hachem est de nous couvrir de h’essed (bonté) mais il Lui apparaît beaucoup plus important de nous aider à nous éloigner de la faute, quitte à utiliser des Klalot (malédictions).
1. D’après ce principe, nous comprenons mieux la réaction de Moché Rabbénou. Quand il vit le visage des Bnés israël, qui devint ‘vert de terreur’,
à l’écoute des Klalot (malédictions), ‘il s’en réjouit’ (si l’on peut dire) et put les rassurer en leur expliquant : -Le but des Klalot
(malédictions) qu’Hachem a placé sur nous n’est pas de nous punir gratuitement, comme une vengeance h’as véchalom, mais seulement de nous
réveiller pour que nous revenions vers Lui et réparions nos fautes. Puisque vous avez pu vous réveiller et trembler rien qu’en les entendant,
il n y’a plus aucune raison qu’elles se réalisent !
-Nous retrouvons cette idée dans la Guémara Roch hachana qui demande : « Pourquoi lit-on la paracha Ki Tavo contenant les Klalot
(malédictions) chaque année juste avant Roch Hachana (nouvel an/ jour du jugement) ? Afin que se finisse l’année avec ses malédictions et que
commence la nouvelle année avec ses bénédictions ».
Cette Guémara est très plaisante mais assez étonnante. Elle affirme en effet que le simple fait d’écouter les Klalot (malédictions) à la fin de l’année
permet que l’année suivante soit bénie. Comment cela fonctionne-t-il ? Cela a presque l’air magique : On écoute les Klalot à la fin de l’année
et on est pardonné et exaucé pour l’année d’après ?!? D’après ce que nous venons d’expliquer c’est parfaitement logique : Celui qui sait écouter
les Klalot (malédictions) de la paracha Ki tavo avec une oreille attentive et un coeur réceptif : prend peur, revient vers Hachem avant Roch hachana(
nouvel an/ jour du jugement) et évite ainsi qu’il soit nécessaire d’utiliser les Klalot à son encontre; l’année suivante sera donc, pour lui,
pleine de bénédictions, comme promis.
2. C’est ainsi que nous voyons apparaître dans notre paracha le cas de l’homme qui refuse d’écouter les Klalot (malédictions), en pensant : ‘Tout
ira bien pour moi, car j’irai selon les inclinaisons de mon coeur’. Le message que Moché Rabbénou veut transmettre au peuple d’Israël, en parlant
d’un tel homme, est le suivant : ‘ … - Vous vous tenez debout aujourd’hui…’ et n’avez pas à craindre de recevoir les Klalot mais
lui, il devrait trembler. Il ne tiendra pas longtemps dans son chemin de Rich‘oute (impiété), car Hachem, par amour pour nous, a promis qu’Il ne
nous abandonnera pas à nos avérot (péchés) et fera tout pour nous aider à revenir vers Lui.
a. Nous avions demandé : comment se peut-il que quelqu’un écoute les Klalot de la bouche de Moché Rabbénou et prévoit déjà de fauter ?
Il existe plusieurs réponses à cette question. Nous retiendrons celle du Rav Elyahou Lopian => qui explique que le Yetser Ara (mauvais
penchant) est très influent et donne parfois à un homme des arguments tellement convaincants que son coeur se laisse séduire et qu’il en arrive Ã
prendre des décisions qui vont à l’encontre de ses propres intérêts. Par exemple, le Yetser ara a l’habitude de décourager l’homme en lui répétant
le discours suivant : « - La Avéra est trop irrésistible, et tu sais que tu n’as aucune chance d’arrêter de fauter; mieux vaut mettre de côté tes envies
de téchouva (retour vers Hachem) afin de ne pas vivre avec des contradictions permanentes en toi. C’est tellement désagréable ! Quand tu
vieilliras et que l’envie de fauter te passera, tu feras Téchouva et là Hachem te pardonnera ! ». C’est là le discours typique du Yetser Ara (mauvais
penchant). Nous retrouvons cette idée dans le Targoum Yéhonathan (traduction araméenne du verset) :
« - littéralement le chalom (paix/tranquillité) sera pour moi car j’irai selon les inclinations de mon coeur –En araméen :
Le chalom sera pour moi car j’irai contraint par la puissance de mon (mauvais) penchant ».
D’après cette traduction, le verset ne parle pas d’un homme qui se rebelle contre Hachem mais d’un homme qui, face à la force de son penchant,
désespère d’observer la Torah et les Mitsvot.
b. Concernant le fait que la Torah nous mette en garde, cette semaine, une seconde fois de toutes les Klalot (malédictions) que nous avons lues la
semaine dernière, nous pouvons donc expliquer qu’elle vient ici déjouer les plans du Yetser Ara (mauvais penchant). En effet, ce dernier pourrait
nous présenter les arguments précités afin de nous décourager de faire Téchouva(retour vers Hachem); la Torah présente alors plusieurs nouveaux
éléments tendant à déraciner tous les arguments fallacieux du mauvais penchant.
• Premièrement, il est écrit : « V^RUX_ [P[[ ZO`X NS_R_X-afin de joindre l’abreuvé à l’assoiffé ».
Le Ramban explique : « l’âme rassasiée s’appelle rava (abreuvée) et l’âme désireuse s’appelle tséméa (assoifée). L’idée transmise est que l’âme
rassasiée qui ne désire pas de mauvaises choses, s’il lui vient une légère envie et qu’elle se laisse aller à la combler, elle voudra dès lors cette
chose là avec un désir décuplé…et sera même attirée par ces mauvaises choses qu’elle ne voulait pas autrefois…les sages ont résumé cette idée
ainsi : « Rassasie le (le mauvais penchant) et il sera affamé, affame-le et il sera rassasié ».
Ainsi, la paracha de cette semaine vient détromper l’homme : s’il lui parait difficile de faire Téchouva aujourd’hui, ce sera encore plus dur
‘demain’ quand il sera encore plus enraciné dans la faute. Qu’il sache alors que le moindre effort pour « affamer » son penchant l’apaisera grandement
et il sera progressivement libéré de toutes ses envies qui l’emprisonnent.
• Le verset continue ainsi : « _a` \ -Hachem ne voudra pas lui pardonner »,
car la Torah a pénétré la psychologie de cet homme qui veut qu’Hachem lui pardonne mais espère, à tort, que son mauvais chemin pourra un jour
l’amener à la Téchouva. La Torah le prévient donc : Sache que si tu comptes emprunter le chemin de la faute en prévoyant déjà de revenir ensuite,
tu ne seras pas accepté, comme il est écrit dans le traité Yoma (85b) : « Celui qui pense ‘-je vais fauter et ensuite je ferai Téchouva (retour
vers Hachem), je vais fauter et ensuite je ferai téchouva’, On l’empêche de faire Téchouva ».
C’est ainsi que s’évanouissent tous les arguments et toutes les illusions du Yetser Ara (mauvais penchant) nous laissant face à un choix clair
sans aucune tromperie.
Ces paroles sont peut-être désagréables à entendre, car elles nous obligent à nous remettre en question, mais elles sont aussi la meilleure préparation
pour que nous méritions une année pleine de bénédictions. Comme le font remarquer beaucoup de Rabanim le mot Yssourim (souffrances)
vient du mot Moussar (Morale/Réprimande) car l’un a le pouvoir de remplacer l’autre.
Pour conclure nous citerons un extrait de Chaaré Téchouva de Rabénou Yona qui donne le secret pour réussir sa Téchouva et obtenir ainsi un
bon jugement pour Roch hachana : Il est écrit dans Avot dérabi natane : « celui dont les actes dépassent sa connaissance, sa connaissance se
maintient, celui dont la connaissance dépasse les actes sa connaissance ne se maintient pas » mais comment un homme peut-il accomplir plus
que ce qu’il connaît ?… L’explication est que l’homme qui accepte d’un coeur sincère de garder la Torah et les Mitsvot au fur et à mesure qu’il
apprendra à les faire, est immédiatement considéré dans le Ciel, comme s’il accomplissait tous les commandements de la Torah car il tend
son oreille pour entendre et apprendre tout ce qu’il peut. Même sur les choses qu’il ne connaît pas encore il est déjà récompensé, car de jour
en jour il demandera, étudiera…recevra l’enseignement de tous ceux qui l’entourent. C’est un homme dont « les actes dépassent la sagesse », il
est à l’image des Bnés Israël qui ont su dire au Har (mont) Sinaï : « Nassé vénichma - nous ferons (c'est-à -dire : nous nous engageons de tout
faire) et nous comprendrons (progressivement) ».