Un petite anecdote en guise d introduction
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DES MATELOTS TRÈS HONNÊTES
Rav Gameda, l’un de nos Sages qui habitait Bavel rencontra un jour des matelots d’une extrême honnêteté. Ces matelots qui partaient pour les
Indes et même plus loin demandèrent au Rav Gameda s’il voulait quelque marchandise de là-bas. Rav Gameda n’avait que quatre zouz dans sa
poche : « -Prenez ces pièces, peut-être trouverez-vous une chose quelconque à m’acheter, peu importe quoi ».
Les matelots embarquèrent pour un long voyage. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, ils achetèrent différentes marchandises mais ne trouvèrent
rien pour quatre zouz. Finalement, on leur proposa un petit singe pour ce prix. Ils acceptèrent, histoire de rapporter quelque chose au Rav. Lorsqu’ils
prirent le singe de la main du vendeur, celui-ci leur échappa et s’enfuit vers une fenêtre voisine.
« -Ehhhhhhhh, rattrapez le singe ! » crièrent-ils en suivant ses traces. Le singe continua sa course et atteignit, sous l’un des arbres, un trou profond
dans lequel il se blottit. Les matelots qui avaient repéré sa cachette n’épargnèrent aucun effort pour le récupérer. L’un d’eux se pencha pour
l’attraper. Mais quelle fut sa surprise lorsqu’il aperçut un objet scintillant au fond de ce trou. Il introduisit la main et découvrit un précieux trésor
de perles qui gisait là. Quelqu’un avait dû le cacher un jour à cet endroit. Les matelots prirent le trésor tel qu’il était et l’apportèrent en Bavel. Ils
le remirent à Rav Gameda pour ses quatre zouz ! Il est évident que d’après la loi de la Torah, ils n’avaient pas l’obligation de lui donner le trésor.
Mais, comme ils étaient extrêmement honnêtes, ils ne voulaient pas en profiter. S’ils n’avaient pas acheté le singe pour le Rav, ils n’auraient
jamais découvert les perles. Ils décidèrent de les donner à Rav Gameda agissant ainsi au-delà de la stricte justice. (Nédarim 50b).
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La MITSVA ET SA SOURCE
L’interdiction de voler est exprimée plusieurs fois dans la Torah:
• Il est écrit notamment : « NOGHJILK MGF-Vous ne volerez pas » (Vayikra 19-11). Ce verset s’applique au vol d’argent ou de biens matériels (alors
que le 8e commandement : lo tignov interdit le ‘vol’ d’une personne). Nos Sages nous enseignent que l’on commet cet interdit même lorsqu’on
vole avec l’intention de restituer l’objet immédiatement juste pour irriter son prochain. D’autre part, nos Sages interdisent d’acquérir un objet volé
ou présumé volé car en agissant ainsi on encouragerait le vol.
• Deux versets plus loin, nous trouvons : « ZYWV[I LM\ ]GUWVLX MF-ne commets pas d’extorsion sur ton prochain » (Vayikra 19-13). Il nous est
interdit de retenir dans nos mains ce qui appartient à un autre, ni par négligence, ni en inventant des motifs pour repousser le remboursement
d’une dette de marchandise ou d’argent. C’est là une faute très grave et la loi Divine tient à nous mettre particulièrement en garde à ce sujet afin
de nous en éloigner. Cette loi concerne aussi l’interdit de retenir le salaire d’un employé ou tout argent que l’on doit à autrui, sans qu’il y ait une
raison valable. A chaque fois qu’un homme réclame à un autre de l’argent et que l’autre le repousse par force ou par ruse il y a cet interdit de lo Taachok.
• Dans le même verset il est écrit « FG_JILK MF- tu ne voleras point ». Il s’agit ici de l’interdiction de la rapine: vol effectué ouvertement, en usant
de la force. La raison évidente de cette loi est que si quelqu’un pouvait ravir un objet à une personne faible et sans défense, il pourrait, alors à son
tour, être la proie d’un plus fort que lui : ce serait la fin de la société humaine…
Bien que le procédé employé soit différent le vol, l’extorsion, ou la rapine sont au fond la même chose. Dans les trois cas l’homme a pris
ou garde de l’argent qui ne lui appartient pas; mais puisque les hommes ont l’habitude de léser leur prochain par ces différentes méthodes, la
Torah les a énumérées toutes les trois (Sefer ha’hinoukh).
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La MITSVA ET SA PARTICULARITE
A propos du verset « lo taachok éte réékha vélo tigzol -Tu n’exploiteras pas ton prochain et tu ne le voleras pas » (Vayikra 19 ;13), le midrach
Vayikra Rabba nous enseigne que dans une boîte « pleine de fautes », celle qui serait le mieux placée pour attaquer et accuser serait… le vol !
Pourquoi cette faute se précipite-t-elle avant toutes les autres pour attaquer son auteur. Le Midrach répond : on peut comparer cela à quelqu’un
qui, ayant emprunté de l’argent à plusieurs personnes, se voit ensuite dans l’incapacité de rembourser. Vue sa situation difficile, il s’imagine
qu’aucun de ses créanciers n’osera probablement venir chez lui pour saisir des objets de sa maison. Mais si un audacieux fait le premier pas, il se
verra bientôt suivi par tous les autres créanciers qui n’auront plus de scrupules à venir se servir…
C’est ainsi que les « anges destructeurs » créés de toutes pièces par nos fautes ont l’habitude d’agir : ils ne vont pas d’emblée se mettre en première
ligne pour jouer leur rôle d’accusateur. Par contre, l’accusateur créé par « l’acte de vol », lequel est en soi un acte insolent et impertinent,
va lui aussi (mesure pour mesure) avoir cette même attitude effrontée. Il n’aura donc pas de scrupule à se précipiter pour attaquer, et il sera
suivi h’as véchalom par tous les autres… (H’afets H’aïm).
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La MITSVA ET SON COMMENTAIRE
Il est écrit dans la paracha Vayikra qu’Hachem appela Moché en lui disant « Parle aux enfants d’Ïsrael et dis-leur : « Si un « homme » parmi
vous veut offrir à D. un sacrifice de bétail …Rachi commente l’emploi du terme adam : un homme : Tout comme Adam, le premier homme,
n’offrit pas de korbane (offrande) du produit d’un « vol » puisque tout lui appartenait, n’apportez pas non plus d’offrande provenant d’un vol.
Pourquoi Rachi déduit-il de ce verset, l’interdiction d’offrir le produit d’un vol. ? Il y a une source plus explicite dans la Torah à propos des quatre
espèces, il est écrit « vous prendrez pour vous, le premier jour,le fruit de l’arbre splendide, des branches de palmier, des rameaux de l’arbre
épais et des saules de rivière, et vous vous réjouirez devant Hachem votre Elokim pendant sept jours « (Vayikra 23.40) Or, comme le souligne la
Guemara l’expression lakhem, pour vous, signifie vous appartenant en propre ce qui exclut l’ethrog volé ou même emprunté (Souka 41 b). N’aurait-
il pas été plus simple et plus logique de déduire que de même que les « quatre espèces » ne doivent pas provenir d’un vol, toute offrande doit
légalement appartenir à celui qui l’apporte ?
En déduisant ce principe de l’expression un homme nos Sages nous donnent une leçon. A l’image Adam Harichone (le premier homme), qui
n’avait aucune possibilité matérielle de s’approprier du bien d’autrui, nous devons nous aussi trouver inconcevable l’idée de voler de quelque
manière que ce soit. Par exemple le vol est aussi bien condamnable en acte qu’en pensée. En effet, ce n’est pas seulement la perfection de
l’acte que la Torah demande mais aussi celle de l’esprit et des kavanot (intentions du coeur).
Une anecdote bien connue illustre cette idée : Rav Safra récitait le « chema » lorsqu’un non-juif entra dans sa boutique lui proposant un certain
prix pour une marchandise. Rav Safra ne répondit pas, bien sûr. Pensant que la somme proposée était insuffisante le non-juif en offrit davantage.
Rav Safra ne réagit toujours pas. Le client renchérit puis surenchérit. Lorsqu’il acheva sa prière Rav Safra refusa de recevoir plus que la somme
proposée au départ. Ayant d’emblée accepté ce prix en son for intérieur, il ne concevait pas d’en recevoir davantage (Cheïltoth de Rav A’haï
36).Tout vol est une abomination aux yeux d’Hachem. Mais par-dessus tout, Il deteste le vol qui sert aux Mitsvot et plus particulièrement aux
korbanot (offrandes). Comme il est dit : « Il hait le vol dans le Ola (sacrifice) » (Yechayahou 61-8) (extrait de Rav M. Miller Fkl_ )
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Une anecdote en guise de conclusion
UNE PANNE DE COURANT QUI ÉCLAIRE
A la suite d’un nombre très important d’abus de confiance de la part des réparateurs dans le domaine de l’électroménager, de la plomberie
ou autre, certaines personnes décidèrent de révéler au grand public l’identité des escrocs mais aussi celle des hommes honnêtes afin de
remédier à ces vols. Ils entreprirent pour cela une simulation : une femme ferait appel à un réparateur après avoir échangé deux fils électriques
d’un appareil ménager qu’elle rebrancherait ensuite afin de provoquer une simple coupure de courant. Des caméras cachées furent
disposées dans la maison afin de filmer les réparateurs et leurs réactions. Tout fut mis en place et la femme appela trois réparateurs pour
l’établissement d’un devis.
Le premier arriva. Après avoir entendu la description de la panne et sans même avoir examiné quoi que ce soit, il prit un air sérieux et dit à
la maîtresse de maison que cette panne semblait importante voire grave et qu’il lui faudrait travailler longtemps pour réparer. Elle lui demanda
une idée du prix; il lui répondit environ trois mille shekels! Elle tenta de faire baisser le prix. Il accepta finalement de porter le montant
à 2800 shekels et pas moins car le travail était très délicat ! Sur ces entrefaites, le deuxième électricien entra. Lui aussi, sans vérifier
sérieusement fixa qu’il s’agissait d’une panne sérieuse et demanda 2000 shekels sans aucune réduction possible.
Le troisième électricien était un juif religieux de ‘Holon. Il écouta la description de la panne et sans fixer de prix demanda à la dame de lui
décrire les circonstances qui avaient précédé la coupure de courant. Elle lui montra du doigt l’appareil ménager et lui expliqua qu’après l’avoir
branché des plombs avaient sauté. L’électricien commença par démonter la prise de l’appareil et échangea les fils qui étaient inversés; il
souleva les plombs du compteur et brancha l’appareil dans la prise. Tout rentra dans l’ordre. Le courant se remit en marche et l’appareil se
remit à fonctionner. Il lui demanda 120 shekels en lui précisant qu’il lui faisait une petite réduction car le prix normal pour le déplacement et
cette petite réparation s’élevait à 200 shekels.
A cet instant, les organisateurs de cette comédie sortirent de leur cachette. Ils demandèrent aux deux premiers électriciens comment ils ont
pu évaluer la réparation à un prix aussi élevé sans même chercher à connaître la raison de la panne. Les deux hommes confus partirent sans
se justifier. Les metteurs en scène s’adressèrent ensuite au troisième électricien en lui demandant pourquoi il n’avait pas essayé de demander
un prix supérieur. A cela, l’électricien qui était un homme croyant les regarda surpris et leur dit : « -m’est-il permis de mentir ? Hachem
siège dans les cieux et filme tous mes actes à chaque instant! Après 120 ans, lorsque je devrai remettre le « devis » de tout ce que j’ai fait sur
terre, je ne pourrai pas démentir la scène de la coupure de courant…De plus, nos Sages nous enseignent qu’Hachem fixe la parnassa
(subsistance) de chacun à Roch Hachana et pour l’année entière. Ce que je volerai d’un côté me sera repris de l’autre par des dépenses pour
des médecins ou des avocats (‘has véchalom). Les organisateurs lui demandèrent tout de même pourquoi il avait accordé à cette dame une
remise de 80 shekels. Il répondit « à peine suis-je entré dans la maison de cette dame que j’ai remarqué qu’elle n’était pas très aisée, j’ai
alors voulu faire du bien. La Torah nous enseigne qu’on ne perd jamais lorsque l’on fait du ‘hessed (générosité) à son prochain ; si je donne
à mon prochain, alors Hachem me le rendra. Il est écrit : « sache qui est au-dessus de toi ! Un oeil voit, une oreille entend et toutes tes actions
sont inscrites dans un livre » (Avot 2 ;1). Histoire tirée de Barekhi Nafchi.