Sans doute une des plus belles paracha . Ce cours est a manquer sous aucun pretexte !
C est long mais .........c est beau , c est vrai et ca recèle de belles lecons de vie !!! Tout est dit dans la Torah
Je cite :
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CHEMOT: Nossé Béol - Porter le fardeau
Une des qualités les plus essentielles pour observer la Torah est le h’essed (Bonté). Avraham, qui réussit à atteindre la perfection
dans cette Mida (trait de caractère), nous l’a transmise en héritage et chaque juif a donc en lui les moyens d’arriver au sommet dans
ce domaine.
Le Rav Frielandler &'() explique qu’il existe trois niveaux de bonté :
-La Tsédaka -justice- est le niveau le plus élémentaire de bonté. Il consiste à combler le manque matériel de nos frères juifs
grâce à ce que nous possédons en trop. Nous devons nous rappeler que lorsqu’Hachem gratifie un homme d’un surplus de parnassa
(subsistance) c’est dans le but qu’il le transmette à ceux qui n’ont pas reçu suffisamment, il acquiert ainsi l’extraordinaire mérite
d’avoir rétabli la justice au sein de notre peuple.
L’acte de Tsédaka est essentiellement motivé par la situation précaire de celui qui reçoit.
-Par contre, la Gumilout H’assadim (litt: prodiguer le bien) ne dépend pas de celui qui est dans le besoin. Il s’agit plutôt du donateur
qui cherche à faire du bien autour de lui, même s’il n y a pas de demande ou de besoin apparent. C’est un niveau plus
élevé que la tsédaka car on agit alors seulement par amour du h’essed (bonté).
-Enfin la qualité de Nossé Béol im h’avéro (littéralement : porter le fardeau avec son prochain) est le niveau de bonté le plus élevé
qui existe. Il consiste à prodiguer du bien à l’autre en essayant, en plus, de se joindre moralement à lui dans la situation où il
se trouve. Le juif qui est Nossé béol partage les émotions de celui qu’il aide afin de lui procurer un soutien moral et affectif en plus
de l’aide matérielle.
Moché Rabbénou est l’un des personnages de la Torah qui incarne le mieux cette qualité de Nossé béol (porter le fardeau). A travers
ses actes nous découvrirons: 1°) quelles sont les difficultés à surmonter pour acquérir cette Mida (qualité)
2°) comment appliquer cette Mida au quotidien
3°) et ce qu’elle apporte à celui qui sait l’adopter.
Après la mort de Yossef et de ses frères une nouvelle génération de Juifs et d’Égyptiens s’éleva. Un nouveau roi monta sur le
trône (d’après un avis différent il s’agissait du même Roi qui avait changé de politique envers les juifs) et tout ce que Yossef avait
fait en faveur de l’Égypte fut oublié. Les Égyptiens se mirent à haïr les Bné Israël et progressivement leur imposèrent un lourd esclavage.
Par un prodige de la providence Divine le libérateur des Bné Israël : Moché Rabénou, fut adopté par la fille de Pharaon et
élevé au sein même du palais.
Il est écrit dans notre paracha : « L’enfant grandit…il fut pour elle (la fille de Pharaon) comme un fils…
Ce fut en ces jours là, Moché grandit, il sortit vers ses frères, il vit leurs souffrances… » (Chémot 2 ;10-11).
Dans ces versets sont contenus tous les secrets pour acquérir la qualité de Nossé béol im h’avero (porter le fardeau avec son prochain)
il est intéressant de les analyser en détails.
Pourquoi est il écrit deux fois que Moché a grandi ? Rachi explique : la première fois pour parler de son aspect physique; la seconde,
pour parler de son importance au sein de l’Égypte.
Nous remarquons ainsi que la Torah insiste sur le fait que Moché était très haut placé en Égypte juste avant de nous dire qu’il alla
s’intéresser au sort des Bné Israël comme il est dit:Moché grandit, il sortit vers ses frères. Quel est le sens de cette juxtaposition ?
1. C’est dans le but nous enseigner où réside la plus grande difficulté dans l’application de Nossé Béol (porter le fardeau) : faire
abstraction de son importance pour voir celle de l’autre.
L’homme a été créé de telle manière qu’il est tout le temps préoccupé par lui-même : ses affaires, ses soucis, ses objectifs…c’est sa
nature ! Même lorsqu’il se soucie de son prochain ce n’est jamais sans intérêt mais plutôt parce que cela peut lui apporter quelque
chose ou que son ami lui fait de la peine. Il devient dès lors très difficile de faire abstraction de sa propre personne pour s’identifier à l’autre, ressentir ses émotions et essayer de l’aider, car « notre moi » gène une perception authentique de l’état moral du prochain.
D’autre part, il n’est pas agréable de voir les autres souffrir et encore moins de partager leur peine; cela nous empêche
de nous réjouir de la vie car on est gêné par l’idée que d’autres sont complètement démunis.
La Torah souligne ainsi (par la répétition des termes il grandit) la Tsidkout (piété) de Moché Rabénou. Bien qu’il occupait de hautes
fonctions en Égypte et avait sûrement beaucoup de responsabilités cela ne l’empêcha pas de s’enquérir du sort des Bné Israël.
-« Il sortit » de son palais où il était l’un des hommes les plus importants, et où il avait accès à tout ce qu’il aurait pu désirer, afin
de se joindre à la peine des Bné Israël. De plus il ne les regarda pas de haut mais comme « des frères ». Le Midrach raconte que
pour vivre réellement « cette sortie vers ses frères », Moché Rabénou retirait ses vêtements royaux; il voulait ainsi se rapprocher
d’eux, même sur le plan vestimentaire.
2. Il est écrit dans la suite du verset :« Il vit leur souffrances ». Rachi explique : « il appliqua ses yeux et tout son coeur à souffrir
avec eux ». La première étape de la Mida de Nossé Béol (porter le fardeau), explique Rav Friedlander &'() (au nom de Rachi), est
de savoir porter les yeux sur l’autre et sur ses besoins car comme nous l’avons déjà dit : la tendance naturelle est de ne percevoir
en l’autre que les intérêts qu’il représente pour nous.
Dans un deuxième temps il faut s’identifier à celui que l’on veut aider, s’imaginer en détail que l’on se trouve dans sa situation
(avec ce qu’elle implique) afin de pouvoir partager les mêmes émotions que lui. Il se sentira ainsi compris et soutenu.
Il est écrit dans le Midrach Raba (1-27) à propos de Moché Rabénou :
Il voyait leurs souffrances et il pleurait; il disait : « -Malheur à moi de ce qu’il vous arrive; si seulement je pouvais mourir pour
vous éviter ça... il n’y a rien de plus dur que le travail de l’argile ». Il tendait son épaule et aidait chacun des Bné Israel… ».
Le Rav Friedlander &'() s’étonne de ce Midrach : sachant qu’il y’avait au moins 3 millions de travailleurs juifs comment pouvait il
procurer « à chacun » des 3 millions une aide effective ? En réalité, la Mida de Nossé Béol im h’avéro ne dépend pas de l’aide
matérielle fournie par le bienfaiteur. Le simple fait que l’on soit présent et que l’on compatisse de tout son coeur à la souffrance
de l’autre permet d’alléger considérablement sa peine. Moché Rabénou avait compris que la partie la plus lourde de
l’esclavage était l’oppression morale que subissait les Bné Israël. Il voulait donc leur montrer (même par une aide matérielle minime)
qu’ils ne devaient pas se sentir seuls dans cette épreuve, car il était avec eux et ferait tout pour les aider.
3. Dans le chapitre qui suit (Chap3) la Torah nous raconte l’épisode du buisson ardent : « verset 2: Lui apparut un ange d’Hachem
dans une flamme de feu au milieu du buisson. Il vit, et voici que le buisson brûlait dans le feu et ne se consumait pas.
verset 3: Moché dit : je vais m’écarter pour voir cette grande vision-là…verset 4: Hachem vit qu’il s’était tourné pour voir, (c’est
pourquoi) Il l’appela du milieu du buisson : Moché, Moché… » (3; 2-4).
Il ressort donc que la raison pour laquelle Hachem se révéla à Moché depuis ce buisson, est que Moché se tourna pour voir. Remarquons,
à ce propos, que dans le verset 4 la Torah ne précise pas explicitement ce que Moché voulait voir.
Bien évidemment le sens littéral du verset est que Moché se tourna vers le buisson ardent; cependant le Midrach Raba (1-27) explique
différemment : « Hakadoch Baroukh Hou a dit à Moché : -Tu t’es tourné de tes occupations pour voir la souffrance des
Bné Israël et tu t’es comporté avec eux comme avec des frères. Moi aussi je vais laisser (Mes occupations :) les sphères supérieures
et inférieures, pour venir te parler… ».
Le Rav Friedlander &'() nous révèle qu’il existe un lien profond entre la qualité de Nossé Béol que Moché Rabénou appliqua
parfaitement et la révélation divine qu’il mérita. Il est écrit à propos d’Hakadoch Baroukh Hou que « les cieux et la terre ne peuvent
le contenir ». Pourtant, dans cet épisode du buisson ardent, Hachem s’est « restreint » (si l’on peut dire ainsi) pour apparaître
à Moché Rabénou sous une forme qu’il pouvait approcher. Cet immense mérite, dont Moché bénéficia, résulte Mida kénégued
mida (Mesure pour Mesure) de l’effort qu’il a lui même fourni pour s’attacher aux Bné Israël.
Comme nous l’avons expliqué plus haut Moché Rabénou, bien qu’il était un homme très important en Égypte et très occupé, avait
réussi à « restreindre » son « moi » (: c'est-à-dire ses propres sentiments, ses préoccupations...) pour ressentir pleinement la peine
de ses frères et les aider du mieux qu’il pouvait.
Ce sont de hauts niveaux de Nossé Béol que nous côtoyons dans la paracha de cette semaine, cependant nous aussi avons la possibilité
et le devoir d’acquérir cette Mida (qualité). La première condition est de se libérer progressivement de ce « Moi » qui nous
incite à ne nous occuper que de nous et de nos intérêts. Une fois que nos yeux se seront ouverts sur le besoin des autres et sur leurs
émotions, on pourra alors ouvrir notre coeur en essayant de se mettre à leur place pour les soutenir dans ce qu’ils vivent. Il faut
savoir que la Mida de Nossé Béol est aussi applicable dans des situations heureuses car même la joie est lourde à porter s’il n’y apersonne avec qui la partager !