Dvar Torah du Rav Kalov .Plein d enseignements !
Térouma: À chacun son Michkan
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La Paracha Térouma décrit la construction du Michkan (Temple portatif) et de ses ustensiles; bien qu’elle regorge de détails
techniques : formes, couleurs, dimensions, matériaux…cette paracha véhicule en même temps des enseignements extrêmement
pertinents et actuels qui peuvent nous éclairer au quotidien.
1°) Il est écrit « véassou li mikdach véchakhaneti betokham - Et ils me feront un Sanctuaire et je résiderai en eux » (Chémot 25;8).
Il nous faudra tout d’abord comprendre cette injonction; elle est d’autant plus étonnante que Moché Rabénou lui-même lorsqu’il
l’a reçue se mit à trembler et répliqua : -Comment l’Homme peut-il faire une maison pour Hakadoch Baroukh Hou alors qu’il est
écrit : « Hachamayim ouchmé achamayim lo yékhalkéloukha - les cieux et les sphères célestes ne peuvent te contenir... ».
2°) Par ailleurs, nous trouvons dans le Midrach Raba (34-3) une triple comparaison pour expliquer le rôle du Michkan dans la
relation entre Hachem et son peuple :
• Le peuple juif est comparé à un troupeau dont Hachem est le berger : le Michkan joue le rôle de la grange.
• Ensuite, le peuple juif est comme une vigne dont Hachem est le gardien et le Michkan s’apparente alors à la cabane abritant
ce gardien.
• Enfin le peuple juif est comparé à des enfants, Hachem est leur père et Il leur demande de construire une maison paternelle :
le Michkan.
On peut se demander pourquoi le Midrach a-t-il besoin d’utiliser trois comparaisons pour nous décrire le rôle du Michkan. Quel
message est transmis par chacune des images qu’il propose ?
1. Pour répondre à la première question, nous allons nous référer à un commentaire du Sforno qui justifie la construction du
Michkan par la faute du Eguel (veau d’or); c’est elle qui entraîna un déclin spirituel général et en conséquence la nécessité d’un
lieu spécifique pour la Avodate Hachem (service d’Hachem).
En effet, le Sforno partage l’opinion de Rachi qui explique dans parachat Ki Tissa que le Eguel (veau d’or) eut lieu avant l’ordre
de la construction du Michkan, qui n’est rien d’autre qu’un moyen de réparer la faute.
Avant la faute, tant que les Bné Israël adoraient Hachem de tout leur coeur, il n’y avait pas besoin de Michkan. Hachem faisait
continuellement résider sa Présence parmi les Bné Israël, au-dessus de chacun d’eux, en tous lieux et tous temps; comme l’indique
le verset : « En quelque lieu que je fasse invoquer mon Nom, je viendrai à toi pour te bénir ».
A partir de la faute du Eguel, le niveau des Bné Israël a baissé et la relation entre Hachem et le Bné Israel fut soumise à des limites
matérielles (le Michkan) car eux mêmes par leur faute (le veau d’or) se sont rapprochés de la matière. Le Michkan est donc la
solution adoptée par Hakadoch Baroukh Hou pour la génération de Moché, afin de maintenir le contact avec eux autant que possible,
malgré les fautes commises.
La réponse à l’étonnement de Moché, évoqué dans la première question, est donc qu’Hachem n’a pas besoin d’un Temple
pour résider sur terre, c’est le peuple d’Israël, à cause de ses fautes, qui a besoin d’un Michkan pour y recevoir la Chékhina
(présence divine).
Comment ne pas faire le lien avec notre génération qui souffre aussi d’un grand attrait pour la matérialité : il ne nous manque pas
de « veaux d’or des temps modernes » qui nous éloignent d’Hachem ! La seule solution est donc, à l’instar des Bné Israël, de
« se construire un Michkan »: un endroit de référence vers lequel on se tourne constamment, où règnent des valeurs spirituelles
pures et qui échappe à toutes les influences négatives du monde extérieur.
Le Rav Miller explique que le déclin spirituel d’une génération oblige un certain repli de sa part afin qu’elle puisse
concentrer ses forces et retrouve alors son niveau perdu. Le Michkan constitue alors, au niveau spirituel, le centre vital de
tous les juifs où qu’ils soient, comme le coeur dont les battements animent le corps.
Pour nos générations, les Synagogues, Baté Midrachot (lieux d’études), les Yechivot, les Mikvaot(bains rituels) incarnent ce
Michkan et nous permettent par la Torah et les Mitsvot qu’ils diffusent de nous attacher à Hachem et de répondre à son attente
: « Véassou li Mikdach véchakhaneti bétokham - Ils me feront un Mikdach (sanctuaire) et je résiderai en eux ».
2. En réponse à la deuxième question, le Midrach cité fait allusion à trois catégories de Ben Israël :
• Dans la première comparaison, le troupeau représente les Réchayim (impies). Ils sont comparés à des brebis qui auraient fui le
cheptel par manque de confiance dans le berger, pensant trouver ailleurs de gras pâturages. Maintenant elles sont perdues et ont du
mal à retrouver leur chemin.
De même, les Réchayim s’imaginent que le monde peut leur offrir de « gras pâturages » mais il s’agit en réalité de plaisirs éphémères
qui ne les assouviront jamais.
Finalement, ils ne savent plus comment revenir vers Hachem (comme il est écrit dans les Téhillim: « j’erre comme une brebis égarée
» (119, 176). Hachem leur demande « faites-moi une grange » qui permettra de rassembler tout le troupeau. Le Midrach veut
nous révéler que tant que le peuple reste uni autour d’un repère commun : un Michkan, même s’il n’a pas de mérite, Hachem
ne l’abandonne pas.
• La deuxième comparaison vise les « bénonim » (: personnes de niveau moyen). Ils sont comme le vignoble qui ne s’égare pas,
mais au contraire s’accroche et fleurit de tous côtés. Il est par contre la proie des voleurs ou des parasites qui veulent l’endommager,
voire le détruire. Cette image fait allusion aux mauvaises fréquentations, et aux influences néfastes, susceptibles de nous faire
chuter ou tout au moins de nous empêcher de grandir. La solution préconisée par le Midrach est de construire une cabane pour un
Gardien, c’est Lui qui assurera notre protection.
• La troisième comparaison concerne les Tsadikim (justes). Ils sont comme des enfants pour Hakadoch Baroukh Hou. Dans cette
métaphore, le père demande à ses enfants de lui construire une maison (et non plus une demeure provisoire : grange, cabane) c’est
à dire un endroit fixe où il pourra résider auprès d’eux.
Les Tsadikim vivent réellement comme des enfants auprès de leur Père : Hakadoch Baroukh Hou. Ils vivent selon les lois de la
Torah et sont en contact permanent avec Lui.
Dès lors, il ne tient qu’à nous, de trouver ce Michkan qui sera vecteur d’unité dans notre peuple, protègera notre chemin, et
nous permettra à l’image des Tsadikim de nous attacher à Hachem comme un enfant est lié à son père.