La célèbre expression « Juif du Kippour » met en relief une réalité : même les Juifs les plus éloignés de notre tradition ressentent le besoin profond de se manifester en ce jour sacré.
Comment expliquer ce phénomène, né sans aucune concertation, comme sorti du hasard.
Pourquoi ce jour représente-t-il le lien le plus profond d’un Juif avec son Créateur, alors qu’aucune instance n’en a décidé ainsi ?
Le jour de Kippour, se réveille l’étincelle qui brille encore au fond du cœur des Juifs, aux quatre coins du monde.
Ces éléments ne sont certainement pas fortuits, et nous allons tenter, grâce aux écrits de nos maîtres, de percer le secret de Kippour…
« Il fut soir, il fut matin – un jour. » (Genèse 1 ; 5)
Un texte du Midrach, sur ce verset, l’un des premiers de la Thora, va nous éclairer :
« Rabbi Yanaï disait : « Depuis le début de la création, D.ieu a prévu les actes futurs des Justes (tsadikim) et ceux des méchants (rechaïm) ;
La terre n’était que tohu : ce sont les actes des rechaïm.
D.ieu dit : ‘Que la lumière soit’ : Ce sont les actes des tsadikim.
Il fut soir : ce sont les actes des rechaïm.
Il fut matin : ce sont les actes des tsadikim.
Un jour : D.ieu leur a accordé un jour et quel est-il ? C’est le jour de Kippour. »
Lorsque le Midrach compare les actes des rechaïm à l’obscurité, il fait allusion au concept développé par nos maîtres qui rapprochent l’opacité du monde matériel aux ténèbres de la nuit.
Les rechaïm sont aveugles, ignorant toutes les réalités de la volonté divine.
Quant aux tsadikim, ils vivent dans la lumière. Ils perçoivent clairement le sens de la création et la volonté divine qui s’y cache.
Un jour, c’est le jour de Kippour où tous, tsadikim et rechaïm, peuvent être baignés d’une lumière céleste qui permet la délivrance.
Délivrance des tsadikim, car il n’existe pas en ce monde un homme qui n’ait pas failli un tant soit peu.
Mais délivrance des rechaïm aussi, car eux aussi ont une opportunité de sortir des ténèbres dans lesquelles ils vivent.
Rav Eliahou Elkaïm