Parachat Lekh Lekha ( va vers toi meme )
Samedi 8 nov 08 – 10 Hechvan 5769
Entrée de Chabbat : 17h03
Sortie de Chabbat : 18h10 (Horaire de Paris) ‘)*
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LEKH LEKHA: Au revoir Loth...
Lekh lékha est une paracha très appréciée et souvent étudiée par nos plus jeunes enfants car elle marque le début de la formation du
Klal Israël. Avraham, alors âgé de 75 ans, est soumis dans cette paracha à l’épreuve de quitter son pays natal. Bien qu’il y soit un personnage
très influent Hachem a jugé qu’il est arrivé à un tel niveau que le monde entier doit découvrir qui il est et quel est son message.
Avraham quitta ainsi son pays accompagné de Sarah : sa femme, Loth : son neveu, ainsi que tous ceux qui avaient suivi les enseignements
d’Avraham et de Sarah et s’étaient « convertis ». La Torah raconte qu’il y eut une famine qui sévit dans le pays de leur
destination : Kénaan et qu’ Avraham dut descendre en Egypte afin d’y recueillir de la nourriture. A leur retour, la relation entre Avraham
et son neveu Loth se gâta : « Abram remonta de l’Egypte…Il était très riche en bétail, en argent et en or….Loth, qui accompagnait
Abram, avait aussi du menu bétail, du gros bétail et des tentes. La terre ne pouvait les porter s’ils demeuraient ensemble. Il y eut
une querelle entre les bergers de Loth et ceux d’Abram…. Abram dit à Loth : Qu’il n y ait pas de querelle entre nous, ou entre nos
bergers,…De grâce sépare toi de moi, si tu vas à gauche j’irai à droite et si c’est à droite je prendrai à gauche…Loth se dirigea du
côté oriental et ils se séparèrent l’un de l’autre :
Abram demeura en Kéna’an et Loth…dressa ses tentes jusqu’à Sédom ».(Béréchit 13, 1-12)
1°) Nous trouvons dans le Midrach une Mah’lokète (controverse) quant à la conduite d’Avraham envers son neveu :
D’après Rabbi Yéhouda : « Hachem fut fâché de leur séparation et dit : « Avraham est prêt à se rapprocher de n’importe qui, sauf de
son neveu !? ». (C'est-à-dire qu’Hachem reproche à Avraham d’être prêt à sauver les âmes du monde entier et pas celle de son plus
proche parent).
Selon Rabbi Néh’emya c’est exactement l’inverse : « Hachem s’irrita du fait que Loth ait accompagné Avraham tout ce temps : - Je
lui ait dit : Je donnerai à ta descendance ce pays là, et lui il s’attache à Loth (qui n’est que son neveu) !? Autant aller chercher deux
enfants abandonnés au marché pour en faire ses héritiers ! » (Béréchit Raba 41,18).
D’après certaines opinions Avraham était même en danger de mort pour avoir gardé dans son entourage un être indigne et impie:
Loth; selon d’autres c’est Loth lui même qui était la cause de la famine (Yalkout Réouvéni).
Il existe un principe, explique Rav Dessler zatsa’l, que dans les Midrachim il n y a jamais de vrai mah’lokete(controverse), chaque
avis reflétant plutôt une vision des choses différente. On peut alors se demander comment concilier ses deux avis radicalement
opposés : Fallait il se séparer de Loth : oui ou non ?
Il est clair qu’Avraham avait un dilemme: d’une part il se devait de rapprocher Loth d’Hakadoch Baroukh Hou, et de l’aider à
remonter la pente; d’autre part, la fréquentation de Loth était devenue dangereuse pour Avraham et risquait de lui porter préjudice dans
sa mission sur terre : répandre la connaissance d’ Hachem parmi tous les être humains. En effet comme le dit Rachi (13-11): Loth se
sépara d’Avraham car il ne le supportait plus : « ni lui, ni son D... ».
Rav Dessler FGHI énonce un principe qui nous aidera à y voir plus clair : bien que l’essentiel de la Avodate Hachem (service Divin,
application des Mitsvot) ne concerne qu’un homme et lui-même, chacun a aussi le devoir d’aider et d’influencer positivement les gens
qui se trouvent autour de lui. Cependant, avant de s’investir dans cette mission difficile, il faut être sûr d’être à un niveau suffisamment
élevé permettant d’être les seuls à influencer, sans subir d’influence réciproque négative.
Ainsi pour rapprocher quelqu’un de la Torah il faut se hisser à un niveau où nous pourrons l’aider en étant certain de ne pas régresser.
Nos sages énoncent un grand principe spirituel qui conforte cette idée : « Dvarim ayotsim mine alev nikhnassim balev » « Seules les paroles qui sortent
du coeur pénètrent dans le coeur ».
Rav Dessler explique que seul un homme qui a parfaitement intégré un message et fait corps avec lui, peut le faire pénétrer chez son
prochain. Par contre, celui qui l’a juste assimilé intellectuellement mais ne le vit pas suffisamment par manque de travail sur lui-même,
ne réussira pas à le transmettre.
Finalement, celui qui n’est pas à un niveau suffisamment élevé et essaye d’imiter Avraham en voulant rapprocher les gens éloignés
de la Thora ne produira pas d’effets durables sur eux et prend le risque de lui-même régresser. La Torah est souvent comparée à
l’eau, celle-ci ne coule que du haut vers le bas; ainsi, seul celui qui est véritablement au dessus a une chance de transmettre sa Torah aux
autres.
1. On comprend mieux les avis opposés de chacun des Midrachim : d’après Rabbi Néh’emya Hachem examina le niveau extrêmement
bas de Loth, son manque de volonté d’avancer dans la Torah et évalua que même Avraham, dans toute sa grandeur, ne pourrait pas ramener
Loth vers le bien : le côtoyer était donc un danger pour Avraham qui subissait son influence. (D’ailleurs La chékhina (présence
divine) ne s’adressa pas à Avraham pendant toute la période où il fréquenta son neveu).
Cependant d’après Rabbi Yéhouda, Hachem attendait d’Avraham qu’il travaille sur lui-même jusqu’à se hisser à un niveau encore plus
élevé où il aurait pu aider Loth. La situation exigeait certes une séparation, mais Avraham Avinou n’aurait pas dû s’en contenter !
Notre Paracha évoque ainsi plusieurs problèmes actuels qui touchent chaque ben Israël: Comment doit-il intervenir dans l’évolution
spirituelle de son prochain.? D’autre part comment expliquer et gérer cette tendance naturelle que nous avons de vouloir que notre
entourage s’améliore dans leur pratique de la Torah ?
Dans un premier temps, il faut apprendre à se méfier des bonnes intentions qui nous animent dans ce domaine car souvent cette envie
d’aider les autres à avancer dans la Torah est un moyen qu’utilise le Yetser Ara (mauvais penchant) pour nous empêcher d’avancer
nous-mêmes. D’autant plus, qu’il est extrêmement plus facile de voir les défauts des autres que de voir les siens (qui sont d’ailleurs très
souvent ceux qui nous reprochons aux autres !). Le Yetser Ara (mauvais penchant) sait pertinemment que le véritable objectif, que fixe
la Torah à travers les 613 Mitsvot, est que chacun s’occupe de sa propre évolution spirituelle et il veut donc nous en empêcher par tous
les moyens. Le Yetser Ara sait aussi que si nous parvenions à nous améliorer sur nos propres points faibles nous pourrions alors atteindre
un niveau où nous serions réellement apte à aider les autres et où ceux qui nous entourent seraient, à notre contact, naturellement
attirés vers la Torah et les Mitsvot. Ainsi le plus grand danger pour le Yetser Ara, et plus généralement pour le Mal, est que nous
nous améliorions nous même comme le disait Rav Israël Salanter « Un Homme (à cause de son Yetser Ara) est prêt à faire régner Hachem
sur le monde entier sauf sur lui-même ! ». Il nous incombe ainsi de corriger cette dérive en prenant conscience que l’homme est
un microcosme (monde de petite taille) dont l’intériorité, d’essence divine, est infinie. A un certain niveau, il contient donc en lui tout ce
qui existe. Le meilleur moyen de construire le monde et de le bonifier est finalement de se construire soi-même en profondeur et au
maximum. Comme l’écrit le Méssilat Yécharim (chap 1 l’engagement de l’homme dans le monde): « Le monde (et tout ce qu’il
contient) a été créé pour servir l’homme… Si l’homme se laisse attirer par le monde et s’éloigne de son Créateur, il se détruit et détruit
le monde avec lui. S’il se domine, s’attache à son Créateur, et n’utilise le monde que comme outil pour servir Hachem, il arrive alors à
s’élever et élève le monde entier avec lui... ».
Le Rav Israël Salanter FGHI explique de plus (au nom du zohar Vayéra 105b), qu’au niveau spirituel toutes les âmes sont liées et qu’un
ben Israël a ainsi la possibilité d’interagir sur d’autres juifs, à distance, en travaillant sur lui-même. Par exemple, disait-il, lorsque un
b’ahour (étudiant en Torah) se renforce dans son étude en Lituanie, au même moment en Pologne un patron juif prend la décision de
fermer son magasin avant l’entrée du chabbat, et un jeune parisien réalise qu’il est temps de se mettre à manger kashere. Voilà le principe:
plus un homme aime le Klal israël (peuple d’Israël) et souhaite profondément qu’il s’améliore, plus les efforts qu’il fera dans sa
propre Avodate Hachem (service d’Hachem, accomplissement des Mitsvot) rayonneront sur l’intériorité d’autres juifs.
En résumé: Prenons garde à ne pas nous précipiter dans le piège du Yetser Ara (mauvais penchant), qui nous appâte avec ce qui s’apparente
à une grande mitsva (: Rapprocher les juifs) pour nous détourner des devoirs premiers qui nous incombent. Celui qui veut réellement
aider les autres doit savoir, explique Rav Dessler FGHI, que le meilleur moyen de les influencer dans un domaine donné est de soi
même grandir et se travailler perpétuellement dans ce domaine là. Comme le dit le dicton populaire : « Seul un verre plein peut déborder
» (de même seul un homme rempli de Torah peut réellement la transmettre).
Pour la petite histoire …
A la fin du 19ème siècle, un habitant de la ville de Brisk , entraîné sur les « chemins » des « émancipés » au point de transgresser le shabbat
et de manger de la nourriture non cachère, se rendit un jour dans sa ville natale. Il voulait rendre visite à Rabbi Haïm de Brisk, l’un des plus
grands maîtres de cette génération, dans l’intention bien entendu d’avoir un débat existentiel avec lui . Lorsque le Rav le vit, il lui demanda
d’où il venait. Celui-ci lui répondit qu’il arrivait de Berlin. « Comment es-tu descendu aussi bas, au point de même transgresser le shabbat et
de manger de la nourriture non cachère?lui demanda le Rav.? « eh bien, répondit-il j’ai rencontré de nombreuses contradictions dans le judaïsme.
»
Le Rav lui dit alors « je suis prêt à en parler avec toi. Mais avant tout dis-moi sincèrement si tes questions tu te les ai posées avant tes transgressions
ou après, ». Il lui répondit « après ».
« Si c’est ainsi, je ne peux pas répondre à tes questions car saches qu’elles ne sont pas des questions mais des prétextes! La preuve en est qu’elles
ne sont apparues qu’après ton éloignement de la Torah. En réalité, c’est ta volonté profonde de vouloir enlever de toi le joug de la Torah et des
Mitsvot qui t’a motivé inconsciemment à trouver ces ’contradictions’ afin qu’elles te permettent de transgresser la Torah sans trop de remords.
Au final, tes questions ne sont pas des questions mais des réponses à ton nouveau choix de vie. Quant à moi, je veux bien essayer d’apporter des
réponses à des questions… mais je n’ai aucune réponse à fournir à tes réponses !