L’objet de cet article est de présenter avec le plus de justesse les notions de bases relatives au thème des 7 lois noahides, et de satisfaire l’intérêt du public conformément aux recommandations du Judaïsme. En ce sens, le Judaïsme ne suggère pas simplement la notion de « religion juive », comme on a l’habitude de l’affirmer, ni ne définit la somme des règles et des comportements religieux tels qu’ils ont été vécus et appliqués par le Peuple juif durant les siècles précédents. Le Judaïsme ne fait pas seulement référence au comportement des hommes. Le Judaïsme, dans son essence, se réfère à l’accomplissement des préceptes de la Torah elle-même, telle qu’elle fut donnée au mont Sinaï par la « Bouche de D.ieu ». On définit généralement par le mot Torah l’ensemble des lois et enseignements relatifs à la loi écrite (la Bible hébraïque) et à la loi orale (la Michnah). Ces deux fondements constituent l’essence du Judaïsme révélé au mont Sinaï, y compris la révélation des 7 lois noahides aux autres peuples. Sous cet éclairage, la Torah – la partie que l’on appelle communément la Bible - n’apparaît plus comme un livre d’histoire, vu le caractère divin de sa rédaction et de sa dimension universelle. Le Saint « Zohar », qui traite de la Sagesse Esotérique, révèle que « D.ieu a lu dans la Torah et a créé le monde » ; tel un architecte avec son plan. Aussi, le Judaïsme soutient que la chronologie de l’humanité commence au moment de la Création du monde par D.ieu. Et c’est là que se situe le point de départ de l’Histoire de l’humanité et des civilisations. Egalement, c’est en application des commandements de la Torah et des valeurs du Judaïsme, que le Peuple juif a reçu pour mission de diffuser à l’humanité la croyance en un D.ieu Unique, afin que ce monde devienne une résidence pour D.ieu et que l’humanité puisse y vivre selon sa Volonté. L’article ci-dessous se propose de déterminer l’identité de ceux qui respectent les 7 lois noahides et qui détiennent donc une part au monde futur. Pour cela, il faut connaître les 7 lois noahides et savoir les respecter.
Historique des Bné Noah
Depuis la création d’Adam — le premier homme et « Père de l’Humanité » —, tous les êtres humains ont reçu de D.ieu l’ordre de respecter 6 lois. Après le Déluge, Noé et ses trois fils (Chem, Ham et Japhet) reçoivent pour mission de reconstruire l’humanité et repeupler la terre, en se comportant conformément à ces 6 lois. En cette circonstance, D.ieu ordonne à Noé d’appliquer une septième loi, d’où l’expression « les 7 lois noahides ».
Depuis cette époque et jusqu’au jour du Don de la Torah au mont Sinaï (1), tous les hommes, les Hébreux compris (lesquels sont les descendants des Patriarches Abraham, Isaac et Jacob), sont appelés Bné Noah — « fils de Noé » — Les 7 lois noahides sont alors connues de tous les peuples, et en vigueur chez tous les peuples, bien que celles-ci ne fussent pas toujours respecter et que l’idolâtrie connaissait ces heures de gloire. Certains écrits notifient même que Chem, le père de tous les Sémites, était à la tête d’un tribunal qui jugeait les hommes conformément à ces 7 lois. Après le Don de la Torah, les Hébreux ne font plus partie des Bné Noah. En effet, désormais connu sous le nom de peuple d’Israël, celui-ci accepte alors, non plus 7 lois mais 613 lois : les 613 Commandements de la Torah. En cette circonstance historique, les Écritures Saintes qualifieront le peuple d’Israël de « Prêtre parmi les Nations ». Egalement, l’ordre donné aux nations de respecter les 7 lois noahides est renouvelé par l’événement du Don de la Torah, et la responsabilité d’en informer tous les hommes repose alors sur Moïse. La Torah stipule que tout Non-Juif qui accepte la royauté de D.ieu et s’engage à accomplir les 7 lois noahides conformément aux règles de la Torah — que D.ieu a transmise au Peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, sur le Mont Sinaï — est considéré également comme un « prêtre » et un « juste parmi les nations ». Reste à définir son identité selon le langage de la Torah.
Présentation des identités
La terminologie hébraïque usuelle qui se réfère aux différents statuts des Non-Juifs - termes et expressions employés dans les sources du Judaïsme - n’est pas toujours connue du grand public. En effet, l’emploi du qualificatif approprié variera selon le contexte. On distingue par exemple les termes relatifs aux identités ; de Ben Noah, de Guer, de Guer Tochav, de Hassid Houmot Haolam, d’Oved Kohavim, de Goy, de Hakham Houmot Haolam. Bien évidemment, ces mots ne se rapportent pas tous à une personne ayant accepté l’application des 7 lois noahides. Définitions des identités :
Un Ben Noah — « Fils de Noé » — désigne sans distinction aucune l’ensemble des êtres humains, hommes ou femmes, dans leur globalité. Cette appellation n’a aucune implication sur le comportement de l’individu par rapport aux 7 lois noahides. Par ailleurs, si dans la littérature française, les Non-Juifs sont parfois désignés sous le terme de « Gentils », cette expression n’a aucun rapport avec notre terme. Cette expression d’origine latine (« gentilis »), qui désigne soit un païen, soit un polythéiste, n’a pas de correspondance directe avec la littérature hébraïque. Dans la langue hébraïque classique le terme « païen » se traduit par « Oved Kohavim », tandis que le terme de « Goy » est utilisé en Hébreu moderne pour traduire le même mot. L’expression « Oved Kohavim » évoque plus particulièrement celui dont les croyances et les coutumes ne sont pas en accord avec le D.ieu Un, et fait le plus souvent référence à un idolâtre ou à un polythéiste.
Par extension, le terme « Gentil » s’utilisera pour définir une personne qui n’est pas astreinte à la pratique des 613 préceptes de la Torah : c’est donc une personne « étrangère » au peuple juif. Néanmoins, d’un point de vue linguistique, un « étranger » au peuple juif se dit « Guer », en Hébreu classique, alors qu’une personne étrangère relativement à quelqu’un se dit « No’hri » et peut s’appliquer aussi, dans ce cas, aux Israélites. En Hébreu moderne, « Guer » désigne un converti. Le mot « Goy » veut dire « peuple », il s’applique également au peuple d’Israël, mais désigne aussi par extension et sans aucune autre désignation, un homme n’appartenant pas au peuple d’Israël. En règle générale, un « Goy » représente un Ben Noah qui ne se préoccupe pas du respect des 7 lois noahides. Toutefois, il est admis que le terme « Gentils » sous-entende indistinctement tous les hommes et les femmes de l’humanité, à l’exception des juifs. Ce terme devient donc synonyme de « Goy ».
Qui est appelé « Pieux parmi les Nations » ?
D’un point de vue de la législation hébraïque, la pratique des 613 Commandements ne concerne que le peuple d’Israël, alors qu’un Ben Noah ou Goy a l’obligation de ne respecter que les 7 lois noahides, conformément aux injonctions de la Torah. Cependant, la Torah offre la possibilité à un Ben Noah de se convertir au Judaïsme, mais interdit de convaincre quiconque à respecter ces lois et y adhérer par la contrainte. Une personne convertie selon la loi juive est appelée un « Guer Tsédek ». Dans les temps antiques, lorsque les Hébreux vivaient indépendants sur la Terre Sainte, où siégeait le Sanhédrine — la Cour suprême — il était permis à un Ben Noah, sous certaines conditions, de s’installer en terre d’Israël. Pour cela, il devait accepter au préalable de s’engager à respecter les 7 lois noahides. Il recevait alors le statut de « Guer Tochav » (Cf. Ci-après). Dans cette situation, trois cas de figure peuvent se présenter, selon l’intention du Non-Juif. Cela nous amène à faire la distinction entre une personne qui accepte volontairement de se soumettre à certaines lois, sans cependant adhérer à leur origine divine, et un autre individu qui le fera par souci exclusif de respecter la volonté divine exprimée dans ces lois.
1) Un Ben Noah qui accepte sans aucune contrainte devant un tribunal rabbinique composé de trois juges de respecter les 7 lois noahides, afin de vivre parmi le peuple d’Israël, doit accepter au préalable la Royauté de D.ieu et abandonner ses coutumes polythéistes, après quoi il porte le statut de « Guer Tochav », c'est-à-dire de résident étranger. C’est alors un devoir de l’intégrer à la société au même titre que l’Israélite, comme il est écrit : « Ton frère vivra avec toi ». Ce statut ne peut être attribué qu’au temps où le Temple existe, où la Cour rabbinique suprême (Sanhédrine) existe et siège à Jérusalem, et où la législation du Jubilé est en vigueur. Le statut de Guer Tochav n’est donc plus d’actualité, de nos jours.
2) Un Ben Noah qui s’engage à respecter les 7 lois noahides, qu’il le décide seul ou en présence d’un tribunal rabbinique composé de trois juges, conformément au principe que celles-ci ont été ordonnées par D.ieu au mon Sinaï à Moïse et renouvelées dans la Torah, s’appelle « Hassid Oumot Haolam », un homme « pieux parmi les nations ».
3) Un Ben Noah qui respecte ces 7 lois uniquement au titre de lois rationnelles et humaines, d’utilité morale ou sociale, ou pour toute autre raison personnelle, et non pour leur origine divine, est appelé un « Hakham Chel Houmot Haolam », un « Sage parmi les Nations ». Ce qualificatif part du principe que l’attachement de ce Non-Juif aux 7 lois noahides est purement intellectuel, sa soumission à ces lois n’étant nullement motivée par la transmission divine de telles lois dans la Torah. La différence avec le Guer Tochav réside dans le fait que ce dernier accepte au préalable la Royauté divine comme condition fondamentale du respect de ces 7 lois. Néanmoins il reste du devoir du peuple d’Israël d’accueillir un Sage parmi les Nations et de l’assister.
Conclusion
De nos jours, un Non-Juif qui s’engage à respecter les 7 lois noahides, comme émanant de la Volonté divine s’appelle « Hassid Houmot Haolam », un homme « pieux parmi les nations ». C’est de lui dont la Torah stipule qu’il détient une part dans le monde futur, lors de la Rédemption messianique.
(1) En l’an 2448 du calendrier hébraïque.