Pour la première fois depuis l'Holocauste, un Allemand, un Tchèque et un Sud-Africain ont été nommés rabbins jeudi en Allemagne après y avoir été formés, lors d'une cérémonie à la nouvelle synagogue de Dresde (est) empreinte d'émotion et d'espoir.
"Quand j'ai dû quitter l'Allemagne en 1939, je pensais qu'il n'y aurait plus jamais ici de vie juive": devant un bon millier de personnes, le maître de la cérémonie, le rabbin Walter Jacob, 76 ans, avait la voix qui tremblait.
Mais, a-t-il ajouté dans un sourire, "aujourd'hui l'Allemagne se réjouit avec nous, et toute l'Europe aussi". Puis il a pris dans ses bras les trois nouveaux rabbins, formés dans un collège progressiste : l'Allemand Daniel Alter, qui a laissé couler ses larmes, le Tchèque Tomas Kucera, et le Sud-Africain Malcolm Mattitiani.
Il y avait jusqu'à présent des rabbins qui officiaient en Allemagne, mais c'est la première fois depuis la Shoah que plusieurs d'entre eux sont nommés après avoir suivi une formation en Allemagne.
Dans la synagogue très moderne d'une ville qui retrouve progressivement sa richesse culturelle d'avant-guerre, hommes et femmes étaient assis les uns à côtés des autres. Un orgue, des cuivres et un choeur de femmes ont ponctué la cérémonie, chose impensable chez les juifs orthodoxes.
Les rabbins déjà en exercice ont sorti du mur central un des cinq livres de la Torah, soulevé son enveloppe selon un savant rituel, pour dérouler le texte et en lire un passage. Près de 25 rabbins, dont deux femmes, avaient fait le déplacement, pour la plupart des Etats-Unis.
"Souvenons-nous des six millions de juifs, hommes, femmes et enfants qui ont dû quitter la vie" à cause du nazisme, a dit au pupitre Edvard Van Voolen, un rabbin d'Amsterdam.
"Pensons au passé et pensons à l'avenir. Nous espérons beaucoup de vous", a enchaîné Walter Jacob, président du collège Abraham-Geiger de Potsdam, près de Berlin, dont sont diplômés les trois hommes. Alter, 45 ans, rejoindra sa communauté d'Oldenbourg (nord-ouest), Kucera, 35 ans, celle de Munich (sud), et Mattitiani, 35 ans également, celle du Cap en Afrique du Sud.
"C'est un moment très particulier pour moi, très émotionnel", a dit à l'AFP Daniel Alter. "Mais ça l'aurait été tout autant si je n'étais pas le premier rabbin allemand nommé en Allemagne" depuis l'Holocauste, a-t-il affirmé.
L'Allemagne compte plus de 100 communautés juives fortes de quelque 105.000 membres, contre près de 600.000 avant la destruction par les nazis de l'Ecole supérieure du judaïsme, en 1942. Elles se sont développées dans de nombreuses villes, notamment Francfort et Munich, une majorité des fidèles venant de pays de l'ancien bloc communiste.
Depuis 1945, "au fil du temps, la croissance et l'intégration de la communauté ont été telles qu'il n'était plus compréhensible ou responsable que des rabbins ne soient pas formés aussi en Allemagne", a souligné le vice-président de la Conférence allemande des rabbins, Henry Brandt.
Pour accueillir cet événement auquel ont assisté de nombreux hauts responsables politiques, les juifs d'Allemagne avaient choisi la synagogue de Dresde notamment pour promouvoir l'image d'une communauté dans une ville de second plan.
Or Dresde avait aussi fait la Une des journaux en septembre 2004, avec l'élection au parlement régional de Saxe d'une dizaine de députés du parti d'extrême droite NPD.
"Nous ne sommes pas encore dans la normalité", a dit à l'AFP Heinz-Joachim Aris, 72 ans, président de la Communauté juive de Saxe, en montrant les dispositifs de sécurité conséquents déployés autour de la synagogue.
"Mais je suis optimiste", a ajouté cet homme né d'"une mère aryenne" et d'un père juif. "Mes origines mixtes ont fait que je n'ai pas été persécuté tout de suite. Ma famille et moi, nous aurions dû être mis dans un train le 16 février 1945 mais les bombardements de la ville trois jours auparavant ont fait qu'il n'en a jamais été ainsi".
http://www.msn.fr/news/?id=060914145530.zitz5qsr.asp
C'est cool non
PS: J'ai reussi mon 1er copier coller