Un rapport remis jeudi au Ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, en appelle « à la responsabilité de l’Etat » dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et propose un « plan d’action et d’information civique ».
Rendu public jeudi par son auteur, Jean-Philippe Moinet, fondateur d’un Observatoire des extrémismes, le rapport rappelle qu’entre 1999 et 2003, les actes et menaces racistes ont été multipliés par deux, et les actes et menaces antisémites par huit.
Le premier semestre 2004 annonce autant d’actes et menaces racistes et antisémites que durant toute l’année précédente, souligne l’auteur qui estime aussi que, si l’« antisémitisme est majoritaire », le racisme anti-maghrébin est statistiquement « sous-estimé ».
L’arsenal juridique français est suffisant et même « l’un des plus sévères et répressifs du monde », selon lui. L’enjeu est dans l’application des textes et une sensibilisation de tous au fait que le « racisme n’est pas une opinion, mais un délit ».
Il en appelle à une mobilisation des services de l’Etat et fait plusieurs propositions, comme l’envoi d’une « feuille de route de la lutte contre l’intolérance » à toutes les directions administratives et services des ministères concernés.
Dans l’un des secteurs les plus concernés par les discriminations raciales, l’emploi, le rapport demande au gouvernement d’organiser un « Grenelle de la diversité » réunissant syndicats et patronat, pour une mise en oeuvre des « chartes de la diversité » déjà signées par quelques grandes entreprises.
Qui serait maître d’oeuvre des actions de l’Etat en matière de lutte contre le racisme ? Tous les ministères étant concernés, M. Moinet suggère la création, comme pour la sécurité routière, d’une Direction centrale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui pourrait être insérée au sein d’un Centre d’action et d’information civique.
Selon le Ministère de l’Intérieur, il y a actuellement en France plus de 200 quartiers « devenus des foyers d’intolérance inacceptable ». Il est proposé de concentrer sur ces quartiers des actions « ciblées » et une sensibilisation autour du thème du respect et de la tolérance.
Le rapport propose de profiter de trois « rendez-vous civiques » pour informer sur le racisme et l’antisémitisme : le passage à la majorité, la journée d’appel de préparation à la Défense et l’acquisition de la nationalité française.
L’école a un rôle particulier à jouer, en consacrant par exemple, à chaque rentrée scolaire (et début de trimestre pour les établissements les plus difficiles) une journée à la lutte contre l’intolérance.
Le rapport préconise de développer, dès le CP, l’enseignement du « fait religieux » et du principe de laïcité, et pour les classes de fin de cycle, des cours de civisme, soumis à évaluation.
Jean-Louis Borloo devrait donner son sentiment sur ces propositions en janvier, date à laquelle est prévue une Conférence nationale sur l’égalité des chances.
(Source AFP)
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