– SVP-Israël : Les décennies passent et le conflit de Moyen-Orient demeure. Etes-vous optimiste ou pessimiste quand vous observez la situation actuelle ?
– Golda Meïr : Le pessimisme est un luxe qu’un juif ne peut pas se permettre. Depuis quelques années, et fort heureusement, Israël est devenu maître du temps, plus son esclave.
– Comment prévoyez-vous la paix alors qu’il existe encore tellement de haine ?
– Nous pouvons tout pardonner aux Arabes, sauf de nous avoir obligés à tuer leurs fils. La paix sera possible avec les Arabes le jour où ceux-ci aimeront plus leurs enfants qu’ils nous haïssent....
– Etes-vous favorable à la restitution des terres contre la paix ?
– Comment pouvons-nous rendre les territoires occupés ? Il n’y a personne à qui les rendre ! Quiconque s’exprime en faveur du retour des réfugiés arabes doit aussi dire comment il envisage de prendre cette responsabilité, et s’il est intéressé par l’Etat d’Israël. Mieux vaut que les choses soient dites clairement et pleinement : « Nous ne laisserons pas faire ça ! »
– Mais pourtant, cette terre est de la même manière revendiquée par les juifs et les arabes…
– Ce pays existe comme accomplissement d’une promesse de Dieu lui-même. Il serait ridicule pour les juifs d’en demander la légitimité. Israël était avant tout une terre sans peuple pour un peuple sans terre. On ne peut pas et on ne doit pas tenter d’effacer notre passé simplement parce qu’il ne répond pas aux exigences du présent.
– Comment avoir imposé vos idées quand on connaît la force des préjugés et la complexité des problèmes dans cette région du monde ?
– Ben Gourion disait souvent que j’étais le seul homme de son gouvernement. Moi, je dirais aussi que j’ai la chance d’être une femme car pour réussir, une femme doit être bien meilleure qu’un homme. Mais en Israël, femme ou homme n’est pas primordial. Il y a plus difficile, car vous n’avez en effet pas idée de ce que c’est d’être 1er Ministre d’un pays de 2,5 millions de 1ers Ministres…
– Israël est devenu un des leaders mondiaux dans les domaines de l’équipement médical, des télécommunications, du logiciel, de l’optique et des biotechnologies. Quels changements en 30 ans !
– Comment faire autrement ? Laissez moi vous dire que nous Israéliens, sommes très fâchés contre Moïse. Il nous a menés pendant 40 ans à travers le désert pour finalement nous installer dans le seul coin du Moyen-Orient où il n’y a pas une goutte de pétrole.
– Israël n’a pas que des amis dans le monde. Comment aurait-il survécu sans le soutien de la diaspora ?
– En effet. Quand j’ai rencontré Henry Kissinger en Israël, il m’a dit : « Je dois vous avouer, Mme la 1er Ministre, que je suis d’abord américain et ensuite juif ». Je lui ai répondu « Ce n’est pas grave, chez nous en Israël, on lit de droite à gauche ».
– Vous étiez la grand-mère de la nation, car on vous sentait très proche et sensible aux nombreux drames traversés par le peuple d’Israël.
– Ceux qui sont incapables de fondre en larmes ne savent pas rire non plus.
– Avez-vous un message à transmettre à vos amis français ?
– Dans les années 70, je disais souvent qu’avec des amis comme les Français, pas besoin d’ennemis. Heureusement, les choses ont bien changé depuis et je m’en félicite.