Une soldate en pleurs face à ses frères
13:35 04 Août 2005
Après une nuit passée dans des tentes dans le Parc Ofakim, un groupe de 200 militants anti-retrait, qui se dirigeaient à pied vers le centre-ville pour assister à la manifestation, décide de faire une pause : en haut d’une colline qui surplombe Ofakim se trouve un groupe de 50 soldats et soldates, dépêchés sur les lieux pour empêcher toute tentative d’infiltration dans le Goush Katif.
Après plusieurs heures passées à attendre une infiltration qui ne venait pas, c’est à une vague d’amour, de chants en leur honneur et de tentatives de persuasion que les soldats ont dû faire face.
Pour eux, l’expérience est difficile. Les opposants au retrait ne leur ont pas donné la possibilité d’utiliser la force puisqu’ils ne l’ont pas utilisé eux-mêmes.
Dès l’arrivée des manifestants, les soldats se placent en chaîne humaine, main dans la main. Une manifestante s’écrie : «Vous nous devez des droits d’auteurs, c’est nous qui avons utilisé la chaîne humaine en premier», rappelle-t-elle, en ravivant le souvenir de la formidable chaîne humaine qui avait relié Goush Katif à Jérusalem il y a tout juste un an.
Puis, chaque militant prend ‘’son’’ soldat à part, pour un véritable face-à-face. Certains font semblant de ne pas écouter, ou même de regarder. ‘’Font semblant’’, parce que leur visage n’est pas fermé. D’autres répliquent, répétant les phrases qu’on leur a apprises : «C’est un ordre donné par un gouvernement élu démocratiquement. Vous devez vous tourner vers plus haut, vers le Premier ministre».
«Nous aimerions bien», rétorquent les opposants au retrait, «mais il ne nous laisse aucune possibilité de nous exprimer».
Un autre opposant brandit le code éthique de Tsahal devant les soldats : «Savez-vous ce qui est écrit dans ce fascicule ? Les principes éthiques de l’armée de défense d’Israël. Un des paragraphes indique que les soldats de Tsahal doivent défendre la Terre d’Israël et ses habitants, et qu’il leur est interdit d’utiliser leurs armes contre des personnes qui ne font pas partie des forces de l’ennemi. Les soldats de Tsahal feront tout ce qui est en leur pouvoir pour respecter la vie, le corps, l’honneur et les biens de ces personnes», citait le manifestant. «Comment ces engagements peuvent-ils aller de pair avec l’expulsion de juifs de leurs maisons et la confiscation de leurs biens ?», a-t-il demandé.
Face à ses interrogations, les simples soldats sont restés sans réponses. C’est lorsque les opposants au retrait leur ont demandé de poser ces questions à leurs officiers que le chef de bataillon Amos Guetta a fait son apparition : pendant deux heures, il a discuté avec les manifestants, leur expliquant que «même si la mission sera accomplie dans les larmes, elle doit être accomplie».
«Cette mission ne fera pas partie du livre des exploits de l’armée d’Israël», explique-t-il, mais «il s’agit d’une décision entérinée démocratiquement et mon travail consiste à obéir».
Une des soldates s’est effondrée en pleurs durant cette discussion : «J’ai mis quelques minutes à comprendre que je serai incapable d’accomplir cette mission», a-t-elle avoué.
Après les débats, les soldats se sont tournés vers leurs officiers pour leur poser les questions qui les tourmentaient : pourquoi devons-nous expulser des gens de leurs maisons et pas les policiers ? Quel est l’intérêt stratégique du plan de retrait ?
Après avoir tenté de leur répondre, le chef de bataillon Guetta a rejoint les manifestants restés sur les lieux. Ils avaient besoin de lui pour compléter le Minyan et prier Minha… LD
Source: www.a7fr.com