Traduction intégrale de l’interview retransmise le 9 juin 2005 sur la 2ème chaîne de télévision, de Monsieur Oded Ben Ami, journaliste, à Monsieur le Grand Rabbin Mordékhaï ELIYAHOU.
- Monsieur le Grand Rabbin, jusqu’à quelle limite peut-on s’opposer à la décision du gouvernement. Pouvez-vous nous la tracer ?
- Oui, on m’a déjà posé la question de savoir ce qu’il y a lieu de faire. En fait, le gouvernement se trompe, mais la décision a été tranchée. Que peut-on faire. Je prie, ensemble nous devons prier la veille de Roch Hodèch, Roch Hodèch, afin qu’Hachem nous aide et que ce décret s’annule. Mais s’il doit arriver à son terme, j’ai déjà expliqué aux résidents des localités du Gouch Qatif, aux policiers et aux soldats qui sont venus me questionner, quelle était la marche à suivre. Aux policiers et aux soldats : lorsque vous vous présenterez pour sortir ces familles de leurs maisons, vous le ferez avec des larmes aux yeux et vous leur direz : pardonnez-nous, nous ne faisons qu’exécuter des ordres. Quant à vous les civils asseyez-vous ainsi - le rav fait le geste de croiser ses mains sur sa poitrine - On va vous aider à sortir de chez vous ; ne vous opposez pas. Chacun de son côté doit se comporter ainsi, il n’y aura pas de problèmes.
- Dois-je comprendre Mr le Grand Rabbin qu’il ne doit pas y avoir de la part des soldats et des policiers d’insubordination aux ordres de leurs supérieurs ?
- Exact
- Ils sont obligés d’exécuter les ordres ?
- Exact, exact ; mais avec des larmes, beaucoup de peine et avec délicatesse
- Le Rav n’ignore pas que dans chaque camp il peut y avoir des extrémistes. Est-ce que le Rav ne craint pas de réactions violentes ? Qu’à D’ ne plaise on tire sur des soldats ou qu’une opposition violente puisse dégénérer ?
- Je ne crois pas et je vais vous dire pourquoi. On a entaché l’honneur des mitna’halim (habitants du Goush Katif) qui sont de bons juifs qui ont construit avec leurs larmes et leur sueur ; ce ne sont pas des gens violents, ils ont été envoyés par le peuple
- Ne vont-ils pas lever la main ?
- Non, ce sont tous des tsadiqim
- Est-ce qu’il ne serait pas bon que le Rav les mette en garde contre toute violence ?
- Je me suis adressé à eux, je les ai mis en garde et je leur ai dit
- Quoi ?
- Je leur ai dit : ne vous opposez pas par la force, ne luttez pas même si on lève la main sur vous, je les ai avertis. Je leur ai fait savoir que j’étais contre le blocage de routes. Les rabbanim et les résidents m’ont demandé pourquoi je les empêchais de faire ce qu’ils pensaient être positif pour sauver le pays. Je leur ai donné l’exemple d’un père qui doit se rendre de Tel Aviv à Jérusalem pour le brit-mila de son fils, comment peut-on l’empêcher de passer ? Je veux dire, on peut manifester, c’est permis de manifester, comme dit Mazouz aujourd’hui : manifester c’est légitime… Mais laissez passer le Maguen David Adom ou simplement un mari qui accompagne sa femme à la maternité. Comment peut-on bloquer la route ? A moins qu’il y ait une possibilité de contourner le barrage
- J’ai le sentiment que les paroles des rabbins sont commentées de façon extrémiste
- Je vais vous expliquer ; je ne vous connais pas mais je peux vous féliciter parce que vous me comprenez
- merci
- les journalistes ne comprennent pas le langage des rabbins, ce qui les amène à inverser leurs paroles. Là est le problème, il n’y a pas de communication
- Il faudrait peut-être qu’il y ait davantage de communication entre les rabbins et les gens du peuple. Peut-être aurait-il fallu que vous ayez une entrevue avec le premier ministre
- On me l’a proposé et j’ai répondu que j’étais prêt à le rencontrer, sans délégation, même seul, mais à une condition : que s’il désire ensuite faire une déclaration publique, lui-même ou par son porte-parole, il doit avoir mon accord. Qu’il ne puisse pas déclarer par exemple : j’ai conversé avec le rav et je l’ai convaincu, car à ce moment-là que pourrai-je dire ? Tout sera perdu. Je suis prêt.
- Mr le Grand Rabbin, voulez-vous profiter de l’occasion de cette interview pour dire quelque chose au premier ministre, car je suppose qu’il nous verra
- si le premier ministre désire me rencontrer, je suis prêt à renoncer à l’honneur de ce que je représente pour aller le voir à n’importe quel moment
- Est-ce que le Rav a le sentiment que ses paroles vont être entendues ?
- Mon sentiment est que ce plan ne se réalisera pas ; ça ne se passera pas. C’est mon véritable bon sentiment
- Merci beaucoup Monsieur le Grand Rabbin
Il est important de savoir que le Rav Mordékhaï ELIYAHOU a œuvré toute sa vie avec amour pour son peuple et la Terre d’Israël. C’est pourquoi les résidents des localités de Judée-Samarie et de la bande de Gaza qui se déclarent du courant sioniste religieux ont vu en lui leur dirigeant spirituel. Nous avons le devoir de nous lever et de saluer ces citoyens qui sont les véritables héros de notre pays.
Il est certain que ces déclarations du Rav ont surpris. Il ne s’agit pas ici des citations d’un journaliste, mais des paroles prononcées textuellement par le Rav et que nous avons traduites mot à mot. Le Rav s’est exprimé en plusieurs occasions cette semaine sur le fait que nous ne devons pas désespérer. Et qu’un décret peut être annulé par la prière, par l’étude de la Torah et par l’union du peuple juif.