Yitzhak Kaduri, décédé à 106 ans, un célèbre rabbin kabbaliste
( Source: AFP )
Jérusalem
Le rabbin Yitzhak Kaduri, décédé samedi soir à Jérusalem des suites d'une grave infection pulmonaire à l'âge de 106 ans, est considéré comme l'un des grands maîtres contemporains de la Kabbale, la tradition mystique juive.
La nouvelle de l'hospitalisation, le 15 janvier à l'hôpital Bikour Holim de Jérusalem, du rabbin Kaduri, dont la renommée avait atteint les communautés juives du monde entier, avait reçu un large écho en Israël où des prières spéciales avaient été dites pour son rétablissement.
Originaire d'Irak, il était arrivé très jeune dans la Palestine sous mandat britannique où, à la suite d'études dans diverses écoles talmudiques, il s'était imposé comme un grand maître de la Kabbale.
Il n'a jamais publié d'ouvrages mais était connu pour son immense savoir dans le domaine de la mystique juive et de sa mémoire phénoménale des textes relatifs à ce courant de la pensée juive.
Adepte d'une vie austère, il a longtemps vécu de son métier de relieur.
Le seul luxe qu'il s'était octroyé ces dernières années était les cigarettes étrangères qu'il fumait avec un fume-cigarette, selon ses proches.
La croyance populaire lui attribuait des pouvoirs magiques, notamment pour la guérison des malades, et les fidèles se pressaient devant sa porte pour obtenir qui une bénédiction, qui une amulette bénie par ses soins et donc forcément dotée de propriétés miraculeuses.
L'une de ces amulettes avait fait son chemin de Jérusalem à Rome pour être offerte comme porte-bonheur au prince Charles d'Angleterre par Judy Shalom, l'épouse de l'ancien chef de la diplomatie israélienne Sylvan Shalom, à la veille de son mariage avec Camilla Parker Bowles (avril 2005), lors des obsèques du pape Jean-Paul II.
Le magnétisme exercé par le rabbin Kaduri dans les milieux traditionalistes et religieux avait été exploité avec succès par le parti ultra-orthodoxe sépharade Shass lors des élections israéliennes de 1996.
Fort de cette performance, et à la suite de différends avec le Shass dont le mentor est le rabbin Ovadia Yossef, lui aussi originaire d'Irak, le rabbin Kaduri avait fondé sa propre formation pour disputer les élections législatives de janvier 2003.
Le rabbin centenaire, cassé par l'âge, bonnet noir et barbe blanche, vêtu du cafetan traditionnel des rabbins orientaux, avait fait campagne dans le pays à bord d'une "rabbinmobile" construite sur le modèle de la papamobile de Jean-Paul II.
Installé dans un fauteuil bien en vue sous une bulle de verre, il avait traversé les grandes villes du pays à bord de ce singulier véhicule, bénissant les gens de la main sur son passage.
Le cuisant échec de la campagne de sa formation, Ahavat Yisraël (L'amour d'Israël), n'avait toutefois pas entamé sa notoriété et une foule immense était attendue à ses funérailles.