Flash d’espoir : un enfant de Gaza à Ramat Gan
Yohanan Elihaï
Nouvelles de la semaine aux informations sur la première chaîne de la télévision israélienne. Un reporter entre dans une famille et raconte :
Ce matin Ruthi Miller prépare une tisane pour Muhammad, un enfant de 5 ans.
Pendant ce temps le père de l’enfant range les lits dans le salon. Saïd et son fils habitent chez la famille Miller, qui a elle-même trois grands enfants.
Je n’aurais jamais imaginé qu’une famille israélienne viendrait à Gaza prendre un enfant.
Question à Ruthi :
Comment avez-vous fait connaissance ?
Une amie était hospitalisée à l’hôpital de Yehilov (Tel Aviv), et j’ai vu cet enfant, je l’ai pris en affection, un enfant si charmant, et avec un père charmant aussi. En échangeant, on a compris qu’on parlait la même langue. Il y a un an, on a découvert une tumeur maligne dans la tête de l’enfant, mais il a encore besoin de soins suivis très sérieux. Son père est auprès de lui constamment. Au début ils avaient l’interdiction de quitter l’enceinte de l’hôpital.
J’ai commencé à envoyer lettres et e-mails au Président de l’Etat, au ministère de la Sécurité, et j’ai obtenu pour eux un permis de circuler hors de l’hôpital.
Chaque matin Ruthi et Saïd emmènent l’enfant à l’hôpital pour enfants pour un traitement chimio. La tumeur avait été découverte dans un hôpital de Gaza. Des médecins ont proposé de l’opérer, mais ils n’avaient pas l’expérience, et finalement Saïd a tout fait pour obtenir une opération en Israël. Le professeur Constantini, un des meilleurs chirurgiens d’Israël, fit l’opération qui dura 7 heures, et cela réussit, et depuis son état s’améliore.
Chaque jour après le traitement, ils reviennent à Ramat-Gan, chez "Mémé", comme Saïd appelle Ruthi.
Pourquoi je fais cela ? dit-elle, je ne sais pas, c’est arrivé par hasard...
L’équipe de médecins et infirmières fait son travail avec son dévouement habituel. Il y a aussi des volontaires juifs et arabes qui viennent aider les enfants (on voit une petite fille de Gaza, solitaire, qui s’initie à l’ordinateur), apporter des jouets.
Ici c’est comme ta maison ?
C’est mieux, c’est extraordinaire : c’est le paradis, l’eau qui coule sous tes pieds, l’arbre avec tous les fruits. Ici c’est le sourire des médecins et des infirmières qui nous donne la force.
Le paradis ? oui, mais le gosse a déjà goûté du fruit de l’arbre de la connaissance : il sait très bien ce qu’il a. Et voilà que son anniversaire approche : 5 ans, loin de sa famille. Ruthi écrit de nouveau au Ministère de la Sécurité "Et, quel miracle inattendu, dit Ruthi, sa mère et ses 6 frères ont obtenu un permis pour 6 jours, sans limite de déplacement dans le pays !"
Tu es un bulldozer !
(Elle rit) - Je ne savais pas,... j’étais heureuse d’avoir réussi.
Les deux familles font ensemble une promenade à Tel Aviv. Et le soir toute la troupe se couche entassée dans le salon. Et arrivent les trois enfants de Ruthi et Stevan. Il dit :
Je suis pour la paix... j’ai pensé que c’était ce qu’il fallait faire, alors... on le fait.
Il me semble que tu fais aussi le voyage, avec tes enfants, pour aller les chercher à la frontière de la bande de Gaza, pour leur économiser le prix du voyage ?
Bah oui, cela va de soi.
Saïd a travaillé en Israël comme électricien. Aujourd’hui il est sans travail. La famille de Saïd vit des dons de la famille de Ruthi et d’une autre famille amie.
Les poches sont vides, dit Saïd, je suis allé au supermarché, le gosse voulait un sac de bonbons, j’ai dit : Non, je n’ai pas l’argent... Il y avait une jeune fille derrière nous qui a entendu, et le lendemain, elle arrivait avec des tas de choses, et elle m’a dit : Quand tu es à court, téléphone-moi, voilà mon numéro.
Et il ajoute :
Non, je ne vais pas lui demander, quand même, mais (se tournant vers la caméra de la télévision), vous, je veux vous dire (sa voix est émue) : Elle s’appelle Rina ! Merci, Rina !
Tu sais, reprend Saïd, les Juifs, ils ont la mezouza (1) à l’entrée, et ils la baisent quand ils passent. Eh bien mon fils Mohammad, c’est la mezouza de Ruthi.
C’était à la télé, ce vendredi 15 février.