L'Italie appelée à la grève générale contre la politique de Berlusconi
LEMONDE.FR | 25.11.05 | 09h34 • Mis à jour le 25.11.05 | 10h58
La péninsule italienne devait être paralysée vendredi par une grève générale doublée de plusieurs manifestations, pour dénoncer les coupes budgétaires prévues par le gouvernement de Silvio Berlusconi en 2006.
Cette grève générale est un peu "à la carte", selon les régions et les secteurs. Le mouvement commence dans les chemins de fer avec un arrêt de travail de 9 heures à 13 heures. Mais les Romains seront privés de transports public de 9 h 30 à 13 h 30, les Vénitiens de 10 heures à 13 heures, et les Milanais de 18 heures à 22 heures. Les plus grosses perturbations sont attendues dans le transport aérien, avec un arrêt de travail de 12 heures à 16 heures. La compagnie nationale Alitalia a annulé 230 vols, dont 125 internationaux.
Les trois grandes confédérations syndicales ont appelé à d'importantes manifestations, afin de dénoncer le projet de budget 2006 : le gouvernement Berlusconi s'étant engagé auprès de l'UE à ramener le déficit de 4,3 % à 3,4 % du PIB en 2005, il entend économiser 16,5 milliards d'euros en diminuant les dépenses, en privatisant et en luttant contre l'évasion fiscale.
MESSES DE REQUIEM
Le secrétaire général de la CGIL (principale confédération syndicale d'Italie), Guglielmo Epifani, conduira le cortège à Rome ; son homologue de la CISL (catholique), Savinio Pezzotta, sera à Milan, et le patron de l'UIL (modéré), Liugi Angeletti, à Palerme (Sicile). "Non seulement ce budget ne résoud pas nos problèmes, mais il met en péril les signaux très timides de reprise", juge M. Epifani, dénonçant aussi une détérioration attendue des services publics. De manière plus générale, les syndicats accusent le gouvernement d'avoir sacrifié le Mezzogiorno, (le sud défavorisé du pays), réduit les ressources allouées aux institutions locales et prévu la suppression de 100 000 emplois dans l'administration publique.
Les coupes budgétaires touchant également la culture, les théâtres lyriques italiens marqueront leur mécontentement par l'exécution simultanée de requiem. Les orchestres des opéras de Naples, Turin, et Vérone ont choisi celui de Mozart, ceux de Florence, Palerme, Rome, Trieste et Venise joueront celui de Verdi, et le théâtre municipal de Bologne interprétera Un requiem allemand de Johannes Brahms.
M. Berlusconi a dénoncé la mobilisation des retraités, qui représentent le gros des bataillons des principaux syndicats. Le ministre de l'industrie, Adolfo Urso, a lui raillé "la saveur politique et électorale" de cette grève générale, la cinquième organisée en Italie depuis la formation du gouvernement Berlusconi, en juin 2001, lequel remettra son mandat en jeu lors des élections législatives du 9 avril 2006.
Avec AFP et Reuters