LA FRANCE TU L AIMES OU TU LA QUITTES
Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF)candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2007, ne ménage pas ses efforts pour attirer cet électorat. Il fait la couverture du numéro de mai d'Israël magazine. Dimanche 21 mai, il était l'invité de Frédéric Aziza sur Radio J, une antenne communautaire juive. Et un grand papier est en préparation pour le Jérusalem Post, un quotidien israélien favorable au Likoud.Dans l'interview à Israël magazine, le journaliste David Reinharc relève lui-même une "villiérisation d'une partie de plus en plus grande de la communauté juive". "Beaucoup de gens de la communauté juive de France se retrouvent dans mon combat contre ce fléau de l'islamisation. (...) Les juifs de France sont les premiers touchés par ce phénomène, et ils savent qu'ils peuvent compter sur ma détermination pour les défendre", explique le président du MPF. Et de promettre : "Nous défendrons ensemble la civilisation contre la barbarie."
M. Reinharc évoque une alliance. "Dans la guerre contre l'"axe du Mal" formé par les islamistes du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), de l'Iran et de la Syrie, et contre l'alliance islamo-progressiste antichrétienne, antioccidentale, antiaméricaine et antisémite, Israël vous paraît-il un allié naturel ?", demande-t-il. "Aujourd'hui, la grande menace internationale est le terrorisme islamiste qui sévit dans les bus ou les restaurants israéliens, mais aussi dans les grandes capitales européennes. Dans cette perspective, l'alliance des opposants à cette nouvelle barbarie est une évidence", lui répond M. de Villiers. Le président du conseil général de la Vendée prend la précaution de préciser qu'il existe "quelques chefs d'Etats arabes (qui) luttent efficacement et honnêtement contre le fanatisme islamiste" et qui sont, de ce fait, "des alliés potentiels".
Reste qu'il développe dans l'interview une piètre vision de l'islam. Il entretient la confusion entre le religieux et le conflit politique israélo-palestinien. "Auschwitz et la Shoah ont été un traumatisme mondial, mais il existe malheureusement dans la culture islamique un antijudaïsme qui est inscrit dans les fondations de l'islam", dit-il. Il poursuit : "Si le christianisme a dans son évolution historique tendu la main au monde judaïque, il est malheureusement incontestable que les diverses autorités du monde islamique n'ont jamais cherché à améliorer la situation."
Abordant le contexte intérieur français, M. de Villiers, qui ne manque pas de rappeler qu'il est "le fils d'un médaillé de la Résistance qui a été emprisonné et torturé par les nazis au camp de Lübeck", dénonce un "nouvel antisémitisme, un antisémitisme islamiste" qui se "développe dans les populations immigrées". Il n'hésite pas à parler de "triste parallèle entre la situation actuelle et la manière dont, en 1938, les élites avaient la tête ailleurs, fredonnant face au péril qui montait la mélopée de l'apaisement".
Sur Radio J, le président du MPF est revenu sur cet "antisémitisme français" dont il distingue deux formes. L'une "résiduelle" incarnée par "les dérapages déplacés" de Jean-Marie Le Pen, le président du Front national, dont il brigue l'électorat, et l'autre, qui "prospère dans les banlieues", de ceux qui font "les sacs à main" et "s'en prennent aux jeunes juifs". Des jeunes qui, affirme-t-il, "rejoignent aujourd'hui le MPF".
Christiane Chombeau
Article paru dans l'édition du 25.05.06