Le bilan de l’assassinat collectif perpétré à l’université de Virginia Tech. par l’étudiant dément Cho Seung-Hui est actuellement de 33 morts. Mais il aurait pu être largement plus élevé sans le sacrifice du professeur israélien Liviu Librescu.
Le Dr. Librescu administrait un cours de mathématiques appliquées dans la salle No. 201, au second étage de l’université. C’est alors qu’il a réalisé que le forcené tentait de pénétrer dans sa classe, et qu’il tirait dans sa direction. Librescu, âgé de 76 ans, s’est alors sacrifié sans hésiter en bloquant la porte avec son corps, tout en encourageant ses vingt élèves à sauter par les fenêtres sur un buisson abondant, situé en contrebas.
Tous l’ont écouté et ont ainsi échappé au massacre. Depuis le drame, l’ensemble des media américains rend un hommage ému au héros de Virginia Tech. . Un savant brillant, que ses collègues décrivent comme un homme aussi éminent que modeste. Tous parlent d’un individu rigoureux avec lui-même, sa famille et ses étudiants, mais extrêmement généreux, exemplaire de droiture et d’honnêteté.
"Il maintenait la porte fermée, tout en regardant par-dessus son épaule pour s’assurer que tous les autres étaient saufs", a écrit à sa veuve Marlena, l’un des étudiants sauvés par Librescu, ajoutant "c’est l’acte le plus courageux que j’ai jamais vu et dont je me souviendrai toujours".
L’un de ses camarade s’est montré plus prosaïque, écrivant simplement : "Je pense qu’il m’a sauvé la vie !".
Lundi, le jour du sacrifice de Liviu, se déroulait ici la commémoration annuelle de l’Holocauste nazi, Yom Hazikaron la Shoah ve la Gvoura, le Jour du souvenir de la Shoah et de l’héroïsme. Il ne fait aucun doute que le Dr. Librescu était sensibilisé, comme tous les survivants, par cette célébration. Il ne fait aucun doute non plus, que par son acte de la plus grande noblesse, il a versé sa contribution à faire échec à la barbarie et à l’usage de la force imbécile et aveugle. Son nom est désormais inscrit sur la longue liste des Juifs qui se sont levés contre la barbarie.
Sa vie n'a été que jonché de bravoure pour ce rescapé des camps de Tranistria et du ghetto de Foscani.
Librescu entreprit des études à l’Université Polytechnique de Budapest, dont il fut diplômé en 1953 et qui lui conféra un doctorat honoris causa en 2000.
Liviu Librescu fit une carrière éclatante au sein de l’Agence Aérospatiale Roumaine, mais en 1970 sa situation à Bucarest se gâta, lorsqu’il refusa de jurer allégeance au dictateur Nicolae Ceausescu.
En 1977 il demanda à émigrer en Israël et fut de ce fait immédiatement licencié des fonctions qu’il occupait. Une année durant, Librescu se rendit quotidiennement à la bibliothèque de l’université pour poursuivre ses travaux et donner le change auprès de son voisinage, afin d’éviter à ses proches les stigmatisations publiques qui suivaient les demandes d’émigration pour l’Etat hébreu.
Il fallut l’intervention personnelle de feu le 1er ministre Menahem Begin auprès du dictateur des Carpates pour que la famille Librescu soit enfin autorisée à se rendre en Terre Promise. C’est là qu’ils s’installèrent et que vivent aujourd’hui les deux fils du professeur, Arieh et Joe.
Joe, qui précise "que son père s’est toujours considéré comme un Israélien et qu’il se voyait tel un ambassadeur aux Etats-Unis, tout en demeurant israélien de coeur". Mais Liviu Librescu était l’un des plus grands spécialistes de la dynamique des pâles de rotors, une discipline peu développée en Israël. C’est pour cela que le rescapé de Tranistria répondit favorablement à l’industrie militaire américaine qui lui fit un pont d’or pour s’assurer ses services.
Il coopéra ensuite à la NASA dans le domaine de la conception de nouveaux matériaux pour la confection des rotors d’hélicoptères.
Ayant atteint l’âge de la retraite, Librescu ne put se résigner à demeurer inactif, c’est ainsi qu’il accepta l’offre d’enseigner à Virginia Tech. avec sa venue, l’établissement universitaire technique de Virginie se hissa parmi les 25 institutions les plus prestigieuses du genre aux USA.
Il y coulait des jours paisibles, en augmentant sa déjà imposante bibliographie, lorsqu’il décida de couper le chemin au forcené et de sauver ainsi la vingtaine d’étudiants qui suivaient sa classe.