LE JOURNAL DE MARIE UGUAY: AIMER ET ÉCRIRE, ENVERS ET CONTRE LA MORT
Marie Uguay
'''Journal Et Poèmes'''
Éditions du Boréal
Une auteure canadienne, un visage fragile et touchant de jeunesse, qui semble à peine sorti de l'enfance. Ce visage, c'est celui de Marie Uguay, poète fauchée par le cancer en 1981 à l'âge de 26 ans.
Plus de 20 ans plus tard, les éditions du Boréal viennent de publier un volume qui comprend les trois recueils de ses poèmes déjà parus, (Signe et rumeur, 1976, L'Outre-vie, 1979, Autoportraits, 1982), ainsi qu'un grand nombre d'inédits regroupés sous les titres ''Poèmes en marge'' et ''Poèmes en prose''. En marge de ce recueil, et grâce au travail acharné de son compagnon de vie Stéphan Kovacs, Boréal publie aussi le Journal de l'auteur, mélange intime de poésie et de réflexions très personnelles des quatre dernières années de sa vie, à travers souffrances et espoir.
'''Les oies sauvages s'envolent entre les joncs
Le bord givré, l'horizon mat
Chacune partie lorgne son effroi sa hâte
Déjà tardive arrose l'opale vent...'''
Le recul nécessaire
En entrevue au Guide culturel juif, Stéphan Kovacs explique qu'il lui aura fallu tout ce temps, près d'un quart de siècle en fait, pour parvenir à publier le journal de Marie:
« Il me fallait assez de temps, assez de distance, de détachement emotif. Et puis, c'était un travail assez difficile que de revoir le journal, qui était en fait un journal de travail pour elle, une sorte de brouillon. Il m'a fallu enlever certaines choses, certains embryons de poèmes, par exemple. »
Faire connaître Marie
Pour Stéphan Kovacs, ce journal, à la fois très accessible et très représentatif de la puissance créatrice de l'écrivaine poetesse disparu est une porte d'entrée privilégiée pour le lecteur désireux de comprendre l'oeuvre de Marie Uguay. Il explique avoir voulu diffuser l'écriture de celle dont il fut longtemps le premier lecteur à un public plus large que celui des amateurs de poésie.
Dans le journal comme dans les poèmes de Marie Uguay s'exprime un amour passionné de la vie dans ses expressions les plus simples, la beauté d'une lumière matinale, d'une aile d'oiseau; aussi, la volonté farouche de garder l'espoir à travers la vie, cristallisée, et par l'écriture, envers et contre la maladie cruelle du cancer qui joue à faire ou défaire les jours qu'il nous reste.