Voici l'article de Daniel Pipes. New York Sun
Version originale anglaise : If the King of Pop[, Michael Jackson,] Converts to Islam
Adaptation française : Alain Jean-Mairet
Michael Jackson, le roi de la pop, est «sur le point» de se convertir à l'Islam, annonçait CBS News la semaine passée. Si cela est vrai, cette conversion s'inscrit dans un usage afro-américain récurrent et d'importance.
Les premières rumeurs de la conversion de Michael Jackson apparurent en novembre 2003, un mois après son arrestation sur des accusations de pédophilie. Saeed Shabazz, un journaliste de The Final Call, la publication de Nation of Islam, indiqua que Jackson avait rejoint l'organisation. Il ajouta que le dirigeant de NoI, Louis Farrakhan, «[discernait] une grande spiritualité en Michael». Mais Nation of Islam nia cette liaison et le sujet disparut rapidement.
Il ne refit surface qu'en juin 2005, après l'acquittement de Jackson des accusations de pédophilie portées contre lui. En octobre, il s'installa au Bahreïn, dans un palais du prince héritier Salman ibn Hamed Khalifa. L'avocat de Jackson fit savoir qu'il «vivait de manière permanente» dans le petit État insulaire du Golfe persique comptant juste 363 000 Bahreïnis et la moitié autant de résidents étrangers.
En novembre, on apprit que Jackson allait faire don d'«une énorme somme d'argent» pour faire bâtir une mosquée à proximité de sa nouvelle résidence. Le journal Khaleej Times expliqua que la mosquée «serait destinée à l'étude des principes et des enseignements de l'Islam de même qu'à l'étude de la langue anglaise, ce pourquoi des enseignants de haut-vol se rendraient sur place depuis les États-Unis sous sa supervision personnelle».
Michael Jackson en vêtements de Musulmane
En janvier, une société commerciale du Bahreïn, AAJ Holdings, annonça qu'elle avait loué les services de Jackson au titre de consultant en divertissements. En outre, Jackson fut photographié alors qu'il quittait un centre d'achats bahreïni portant un voile noir, des gants noirs et une robe noire (une abbaya). En d'autres termes, il s'habilla comme une femme islamiste pour éviter la publicité.
Compte tenu des excentricités notoires de Michael Jackson, il est malaisé de comprendre à quoi rime son aventure au Bahreïn, mais s'il se convertit réellement à l'Islam, il suivra ainsi une voie bien tracée, depuis la fin des années 1940, par des Afro-Américains se tournant vers une forme ou une autre d'Islam en situation précaire. Leurs rangs comportent des personnalités de premier plan :
Malcolm X :
le dirigeant de Nation of Islam se convertit en 1948 alors qu'il purgeait une peine de prison.
Tawana Brawley :
la célèbre mauvaise plaisante se convertit à l'Islam après que son affirmation selon laquelle elle aurait été violée par un groupe d'hommes blancs se fut révélé une supercherie.
Benjamin Chavis :
le directeur de la National Association for the Advancement of Colored People (Association nationale pour la promotion des gens de couleur) se convertit après le scandale qui entraîna son éviction.
John Allen Muhammad :
le tireur embusqué du Beltway se convertit après un divorce pénible.
Henry Tillman :
le boxeur poids lourd médaillé d'or olympique se convertit alors qu'il séjournait en prison sur l'accusation de meurtre.
Mike Tyson :
le champion de boxe poids lourd se convertit pendant une peine de prison pour viol.
James Ujaama :
le célèbre activiste qui avait combattu la drogue et la prostitution se convertit à l'Islam alors qu'il affrontait des problèmes de carrière ; plus tard, il plaida coupable de conspiration au bénéfice des talibans.
De même, O.J. Simpson,
le footballeur vedette accusé d'avoir assassiné sa femme, se souvient d'avoir «lu le Coran alors [qu'il était] incarcéré», mais il n'alla apparemment pas jusqu'à se convertir.
Louis Farrakhan s'est attiré une grande attention publique en soutenant avec ostentation des noirs américains bien connus alors qu'ils se trouvaient en difficulté, comme il le fit pour Michael Jackson après son arrestation en 2003. Voici d'autres exemples :
Marion Barry,
maire de Washington, condamné pour consommation de drogues illégales.
Alcee Hastings,
un juge fédéral mis en accusation en Floride.
Gus Savage,
un membre du Congrès américain de l'Illinois accusé de harcèlement sexuel.
George Stallings,
un prêtre catholique accusé de pédophilie.
Et, en 2004, durant le procès retentissant de Lionel Tate, alors le plus jeune Américain condamné à une peine de prison à vie incompressible (pour le meurtre d'une petite fille perpétré alors qu'il était âgé de douze ans), quelque «20 hommes noirs tirés à quatre épingles et portant nœud papillon» (selon le Palm Beach Post) furent dépêchés au tribunal par Nation of Islam. Leurs chefs «s'entretinrent avec les avocats de l'adolescent et offrirent des conseils en matière de sécurité».
Ces exemples et d'autres encore font de l'Islam – tant sous sa forme normative que dans la version de NoI – une source majeure de réconfort pour les Afro-Américains dans le besoin. Cela permet de mieux comprendre pourquoi l'Amérique abrite de loin la plus importante population de Musulmans convertis du monde occidental (environ 750 000 adhérents). Toute personnalité publique noire qui adopte l'Islam ou accepte le soutien de Nation of Islam ajoute à l'élan d'incitation des noirs à se convertir, un phénomène qui se fait jour également dans d'autres pays occidentaux.
Et c'est ainsi que les actes d'une célébrité fantasque dans le lointain Bahreïn peuvent avoir des incidences notables.