Quand le patron dit à ses salariés de faire semblant de travailler plus pour gagner plus
(ou la face cachée du sarkozysme patronal)
Comme vous le savez tous, je suis salarié d'une grosse boîte privée cotée en Bourse dont le résultat financier fut de 60 millions d'euros en 2007 (contre 30 millions en 2002)... et qui a dernièrement augmenté de 1,25 % les salaires de ses employés... (augmentation générale sachant que quelques-uns ont eu un peu plus et quelques autres rien du tout).
Ce scandaleux contraste entre les résultats financiers et les augmentations salariales a donc eu pour effet de déclencher un mouvement de mécontentement et de grève, lundi 26 et mardi 27 mai.
L'objectif étant d'obtenir une augmentation généralisée de 4 % ou bien une prime exceptionnelle de 250 euros/personne.
Or le patron de notre agence nous a transmis que la Haute Direction (éminemment sarkozyste) ne voulait pas en entendre parler.
Mais comme notre patron tient à garder sa place et à faire reprendre le travail le plus vite possible, il nous a proposé en réunion générale un truc impensable :
Il accepte de nous donner 30 heures supplémentaires (majorées à 25 %) en sus du salaire habituel de juin.
De fausses heures supplémentaires qui ne seront donc jamais effectuées.
Et comme maintenant les heures sup sont défiscalisées, elles n'entreront pas en ligne de compte pour le calcul de l'impôt (contrairement à une prime exceptionnelle).
C'est donc tout bénef :-)
Le plus marrant, c'est que si un salarié s'invente de fausses heures sup, il risque de se faire virer sans état d'âme, car c'est du vol.
Mais là, c'est le patron qui invente et paie de fausses heures sup à ses employés...
Ni vu ni connu !
Car il est peu probable que les grands pontes de la Haute Direction (et encore moins les actionnaires) viennent vérifier la réalité de ces fausses heures sup.
Et si ça se trouve, la Haute Direction est elle-même parfaitement au courant mais ferme les yeux.
Donc non seulement mon patron contente ses employés, mais en plus il passe pour un fin négociateur et un ardent défenseur du grand dogme "travailler plus pour gagner plus" tout en faisant croire que ses employés partagent aussi cette vision.
Bref, le sarkozysme dans toute sa splendeur...
Mais après tout, pourquoi m'en plaindrais-je ?