Première impression :
Dans un café, à la Place d'Italie,
Alors attablée avec des amis,
Entre lentement, l'allure peu amène,
Un homme arrivant sur la cinquantaine.
Cheveux grisonnants et rides marquées,
Jean's blanc, aux fesses un peu sales,
Chemise froissée, tenue négligée,
Coiffé d'un béret, image d'Épinal.
Il semble chercher sous les tables, penché,
Quelques menues monnaies, un mégot usé ?
Tenant un sac d'épicier de quartier.
Se fera-t-il donc par le cafetier
Qui n'aime sans doute pas que ses clients,
Dans leur pose-café, soient trop sollicités,
Vider promptement, sans ménagement ?
Deuxième impression :
S'assoit à une table, place restante.
Nonchalant, il hèle, commande un café.
Regard lointain, perdu dans ses pensées.
Allume une cigarette, volute dansante.
Par ce geste je vois ses doigts longs et fins
Aux ongles impeccables, propres sont ses mains.
Est-ce un artiste peintre ou pianiste ?
Sur les murs de "notre" café "Le Renoir"
S'étalent oeuvres de maîtres, d'artistes.
Lieu de rencontre, peut se concevoir
Pour ces esprits créatifs, des génies
Qui y trouvent inspirations, êtres vernis.
Sphère particulière que peu côtoient,
Monde à part ouvert au public parfois
Lors de vernissages ou expositions.
Troisième impression :
Il pose sur la table, sorti de ses poches,
A la pointe de la haute technologie,
Petit portable mp3 dernier cri.
Grand désarroi, ma théorie flanche
Devant cet étalage, tranchant, fêlure.
Oreillettes insérées, écoute musique.
Des doigts, gestes cadencés, donne la mesure.
Transporté par-de-là, monde onirique ?
Seul dans son îlot, isolé du reste,
Heureux, planant à des milles, lâche du leste.
Notre homme peut être virtuose, violoniste,
Récitant un de ses grands répertoires.
Brillante carrière, sorti grand finaliste,
Un ancien promu du conservatoire.
Soirée gala prévue les prochains jours ?
Je ne le saurais jamais…