"Même s'il voulait publier un ouvrage sur les vases Ming, il devrait en référer, c'est la seule règle." Lors d'une conférence de presse, dimanche 23 mars à La Rochelle, le préfet de Charente-Maritime Jacques Reiller a justifié le limogeage de son collaborateur, Bruno Guigue, sous-préfet de Saintes, en estimant que ce dernier avait "enfreint" son devoir de réserve.
On avait appris le limogeage de M. Guigue samedi, à la suite de la publication sur le site Internet Oumma.com d'une tribune violemment anti-israélienne. Dans ce texte, publié le 13 mars sous le titre "Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l'ONU", M. Guigue estimait notamment qu'Israël est "le seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles". Il ironisait également sur les "geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s'interrompt de torturer durant le shabbat".
"IL REDEVIENT ADMINISTRATEUR CIVIL"
"M. Guigue s'est mis lui-même en dehors des conditions d'exercice de sa fonction", a souligné le préfet lors de son point presse. La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, "mise au courant mercredi du contenu de cette tribune" avait "immédiatement décidé de mettre fin aux fonctions" de M. Guigue, avait annoncé samedi le ministère de l'intérieur.
Dimanche, Oumma.com a réagi en affirmant que "la sanction qui le frappe nous montre à l'envi que l'usage d'une saine critique ne peut s'exercer équitablement en France". Enarque, normalien, Bruno Guigue a publié plusieurs ouvrages, dont Proche-Orient : la guerre des mots, et tribunes sur la situation au Proche-Orient. Administrateur civil "détaché dans les fonctions de sous-préfet" depuis l'automne dernier, il "est reversé dans son cadre d'origine", a expliqué le préfet de Charente-Maritime. "Il redevient administrateur civil", un autre corps de la fonction publique.
Article du Monde du 23 Mars 2008