Dans la paracha de Kitavo, Dieu reproche aux hébreux de ne pas l'avoir servis dans la joie: pourtant, vue de l'extérieur, ils ont fait les gestes, les rites, les actes concrèts qu'il y avait à faire.
Mais ce qui compte, ce n'est pas tant le geste que l'intention avec laquelle on l'effectue: si je suis les prescriptions morales, si je sers Dieu, mais dans l'angoisse, dans la peur d'une divinité qui punit, je passe à côté du sens du projet biblique: je suis dans une conception étroite de Dieu.

Mais si je suis habité par la joie lorsque je fais tel acte, si je fais telle action parce que j'ai réellement intériorisé sa nécessité, parce que j'ai envie de la faire, par amour pour autrui,et non sous la contrainte, là je suis du côté de la vie: j'ai réellement compris le sens du projet positif de l'Alliance: une société humaine juste et heureuse.

2 personnes peuvent faire exactement le même acte, vu de l'extérieur, mais leur intention par rapport à cet acte peut être différente: par exemple, 2ouvriers construisent une école et font exactement la même chose sur le chantier, avec leur marteau piqueur: il font les mêmes gestes.

Mais intérieurement, ils ne vont pas être habités du même projet, du même sens:
- y en a un qui se dit: "j'en ai marre de bosser, vivement la pause"
-l'autre pense: "je suis en train de construire une école, grâce moi, dans plusieurs années, des enfants pourront s'instruire à l'endroit même où je fais des trous avec mon marteau piqueur"

Les 2 font la même chose, mais un ouvrier est réellement habité par un projet, son acte est investi de sim'ha, l'autre non.

En parlant de trous et de marteau piqueur, ça me rapelle que les patriarches s'efforcent de déboucher les puits dans le récit biblique, alors que leurs enemis s'evertuent à les reboucher: déboucher un puits signifie permettre la possibilité de l'emergence de la vie, et de relations "fluides"(puits, donc eau), saines entre les hommes.

Déboucher un puits, c'est dans la Bible permettre aux hommes de respirer, de se débarasser de tt ce qui coince, de tt ce qui empêche, "bouche" la relation.
Qd Jacob débouche le puits, la relation d'amour avec Rachel, le rapport pacifique avec les autres bergers deviennent possible.

Qd à l'eau puisée hors du puits, la Torah lui est souvent comparée (ou encore, au lait): elle nourrit les relations humaines, elle est fluide et permet donc la circulation de la vie, l'échange, la transmission, comme les paroles (devarim) adressées à autrui.

Voilà ce qui m'est venu sur la joie, l'eau et les puits, j'espere que ça aura apporté un modeste éclaircissement.

Bien à vous.

1-Le projet de l alliance?
je suis pas au courant
2 - Nanah et Mazala essayez encore une fois
LA force est en vous
3-Ariel10, mais avec souccot la simha ?!?!
ta voulu dire qu en fait c en rapport avec l eau et pas avc souccot - ok , ok.

Excuse moi Elilalou, je reprends maintenant la notion de joie en rapport avec la Soucca.
Nous savons que Dieu demande aux Hébreux de construire des souccot, ils sont dans le desert et viennent de sortir de l'esclavage d'Egypte.
C'est ce qui fait tte l'ambiguïté de Souccot:

-joie, car les hébreux sortent de l'opression, recouvrent leur liberté et donc l'avenir s'ouvrent à eux; en effet la soucca est une cabane de nomade très légère, qu'on peut déplacer facilement, ce qui incite au mouvement, au dynamisme, au renouvellement (hidouch).
Le desert lui-même est un lieu sans règles pour me limiter, c'est le lieu où je peux réinventer un projet, un avenir.

-mais le desert est aussi un lieu dangereux: on peut y mourir de soif, c'est le risque de la liberté, du mouvement: si le désert est le lieu de ts les possibles, c'est aussi le lieu de ttes les indéterminations, de l'imprévisible, on ne sait pas ce qui nous attend après...
D'où le côté précaire de la soucca: elle n'est pas enracinée dans le sol, elle n'est pas solide comme une maison en béton; si ça se trouve, demain ou après-demain une tempête la détruira et il faudra la reconstruire ailleurs...
Ambiguïté de la liberté qui peut amener à la joie comme à la destruction: c'est pourquoi il faut que cette liberté soit lucide, orientée par une loi qui lui donnera son sens, son projet (loi du sinaï, ce que j'appelle si tu veux projet de l'Alliance).
La pure liberté du desert sans loi nous mènerait à l'égoïsme, ou au chaos.
A la fois, de la liberté, il en faut qd même pour réinventer l'humain, sinon tt reste figé, c'est la mort.
Mais c'est difficile de ne pas basculer dans un travers ou un autre, et c'est pour ça que la soucca est fragile, précaire, comme la voie juste (liberté, joie, mais orientée par une loi non opressive) est compliquée à suivre.

Souccot nous invite donc à la joie, à la liberté de mouvement, mais aussi à rester vigilant face au sens de cette joie, de cette liberté qui peut vite déboucher sur l'égoïsme ou la mort, le dogme, l'immobilisme.

Ces idées me viennt notamment du Rabbi de Kotsk, un maître du hassidisme.

Voilà, j'espere que cette fois j'ai pas un "hors sjuet" et que tu me mettras la moyenne! :)


A +!

Tu sais Mazala, j'peux faire nettement pire, et même "de pire empire"! :)

Bisoux à toi