Par le Rabbin Akiva TATZ
La culture dans laquelle nous nous trouvons est remplie de mots. Les média déversent constamment des mots. Nous sommes entourés de bruit. Et pourtant, la seule façon de se développer vraiment et en profondeur est d’apprendre à être silencieux.
(Un extrait de Jeune et Juif Aujourd’hui d’Akiva Tatz, aux éditions Targum/Feldheim)
Dans un monde plein de bavardages, tu dois apprendre le silence. Dans un monde plein de bruit, il n’y a pas de place pour la pensée, pour la compréhension réelle des choses. Tu dois développer l’aptitude à trouver une place calme à l’intérieur de ton propre esprit afin d’être en contact avec la personne que tu es vraiment. C’est seulement dans un vrai silence que tu peux vraiment comprendre. Seul celui qui se tait peut vraiment entendre.
Seul le silence peut contenir une connaissance en profondeur. Essayons de comprendre cela.
LES MOTS
Les mots sont limités. Les mots, même choisis à la perfection et avec éloquence ne sont que des fragments de sens. Ce sont les pièces détachées que la communication s’efforce d’assembler. Si tu es sensible, tu sais que les expériences les plus fortes sont les plus difficiles à exprimer.
Nous avons un grand besoin de partager les plus beaux moments que nous avons vécus et qui sont riches de sens et nous souffrons d’être incapables de les verbaliser.
Le remède à cette souffrance est de partager avec quelqu’un qui a conscience de telles choses ; alors les mots deviennent superflus. En fait, les choses les plus importantes à partager dans la vie n’ont pas besoin de mots, elles ne demandent que le silence. Si les mots font intrusion alors, ils dévaluent l’instant.
Lorsque tu gardes le silence et que tu es témoin d’une scène d’une incroyable beauté avec quelqu’un proche de toi, vous n’avez pas besoin de parler de ce que vous avez partagé.
Vous pouvez partager complètement la signification de cet instant, mais pas avec des mots. En fait, les mots ôteraient à ce moment son enchantement, le dévaloriseraient.
Si les mots sont nécessaires, c'est probablement qu'il y a un manque dans la communication.
La vraie communication n’est possible qu’avec quelqu’un qui te comprend plus profondément qu’à travers une simple communication verbale ; quelqu’un qui a sa propre compréhension de ce que tu as ressenti. Lorsque deux personnes ont cette harmonie, elles peuvent communiquer. Elles communiquent sans mots, au-delà des mots. Si les mots sont nécessaires, c’est probablement qu’il y a un manque dans la communication. Et si beaucoup de mots sont nécessaires, la tentative de communication est probablement sans espoir. Si tu dois expliquer de long en large ce que tu éprouves à quelqu’un, tu en viendras à douter de sa compréhension réelle de ce que tu veux dire. Moins tu auras besoin de mots, plus intense et puissante sera la communication.
MOTS ET MENSONGES
Pourquoi est-ce si difficile de verbaliser notre propre compréhension d’une chose ? Pourquoi le langage est-il inadéquat ? Quel est le problème sous-jacent ?
Les mots ne peuvent jamais vraiment transmettre ce que tu veux dire. L’idée est la suivante : tu ne saisis pas les choses par des mots ; tu n’as pas besoin de mots pour saisir ce que tu connais. Dans ton propre esprit tu connais les choses telles qu’elles sont, et non pas telles qu’elles sont exprimées par des mots. Les mots peuvent décrire une chose, mais ils ne sont pas les choses elles-mêmes. Lorsque tu connais quelque chose, tu connais la chose elle-même, non pas telle que les mots la décrivent mais telle qu’elle est. Les mots peuvent seulement parler à propos de la chose, ils ne peuvent dire la chose elle-même.
De la même manière que tu peux saisir qui tu es sans avoir besoin de ton nom, savoir qui tu es sans l’aide de mots, tu connais les choses que tu comprends vraiment. Ton nom n’est nécessaire que pour les autres, pas pour toi-même. Tu as une appréhension de ton existence beaucoup plus riche et approfondie que l’expression de n’importe quel mot ou nom. La connaissance, la vraie connaissance ne nécessite pas de mots. Les mots sont nécessaires uniquement lorsque tu as besoin de communiquer ton savoir à d’autres ; alors tu dois essayer de verbaliser ces aspects de la chose que tu veux transmettre. Mais en dépit de tous tes efforts et de toute ton éloquence, tu ne transmettras jamais la chose elle-même, par des mots. Tout ce que tu peux faire est de dire quelque chose sur le sujet, mais tu ne peux jamais verbaliser tout ce que tu saisis, tout ce que tu as à l’esprit.
C’est le problème avec les mots. Ton esprit n’est pas limité physiquement, il peut saisir des choses très élevées, bien supérieures aux limites du monde fini, matériel, mais les mots sont finis et limités.(…)
LES LETTRES PARLENT
L’alphabet hébreu commence par la lettre aleph. La première lettre, aleph, indique une connaissance profonde, une sagesse supérieur - sa valeur numérique est un, une indication de l’Unicité suprême. De nombreux secrets se cachent dans le aleph, mais ce qui est remarquable, c’est qu’il est silencieux. La vraie connaissance n’est pas sonore, elle est intangible, ineffable.
Les vêtements peuvent mentir, ils peuvent voiler l’identité au lieu de la révéler, c’est leur nature.
Les trois lettres suivantes, l’introduction au fini, au tangible sont le beth, le guimmel et le dalet qui forment beged, le mot pour habit, le revêtement du noyau invisible.
Mais beged, vêtement, signifie également « tromperie ». Les vêtements peuvent mentir, ils peuvent voiler l’identité au lieu de la révéler, c’est leur nature. Le centre silencieux ne peut mentir, mais ses couches externes, les couches sonores, peuvent parler de façon trompeuse.
SANS PAROLE
Moïse ne pouvait parler correctement à cause de ce problème. On a coutume d’expliquer qu’il souffrait d’un défaut d’élocution, d’une imperfection. Mais c’est le contraire qui est vrai : il ne pouvait pas bien parler à cause de sa perfection ! Il vivait dans un monde de vérité, où les choses sont saisies telles qu’elles sont, saisies par un esprit pur. Moïse connaissait l’essence des choses telles qu’elles sont vraiment, bien au-delà du niveau des mots qui tentent de les décrire. Les choses saisies ainsi par prophétie, dans leur essence, ne peuvent jamais être réduites à la dimension des mots. C’est la raison pour laquelle il ne pouvait pas bien parler.
Ensuite, vint le miracle du don de la Torah dans le Sinaï qui était exactement cela : une condensation du verbe Divin ; en quelque sorte, miraculeusement, à travers les mots de la Torah, Moïse parla normalement. (Comme le verset le déclare : « Voici les mot que Moïse dit »). Il fallut un miracle pour que la vérité supérieure soit verbalisée pour « revêtir » l’essence d’une façon appropriée et ne pas la « trahir ». (…)
LE LANGAGE DE L’ENFANT – DON ET SACRIFICE
La plus puissante illustration des effets réducteurs du discours se trouve dans le processus de la naissance.
Le fœtus apprend la Torah comme nous l’avons noté précédemment. Lorsque l’enfant avant sa naissance connaît toute la Torah en profondeur et que le processus de naissance commence, un ange le frappe sur la bouche et il oublie tout ce qu’il sait. C’est étrange : pourquoi un coup sur la bouche ? Sans doute un coup sur la tête aurait-il été plus approprié pour faire perdre la mémoire ? Mais l’idée ineffable et d’une incroyable beauté qui nous est enseigné ici est que le coup sur la bouche est le don de la parole ! Un coup, si on le comprend bien, est toujours un défi pour grandir, pour développer une nouvelle faculté ou un niveau supérieur, et sur la bouche parce que c’est l’organe de la parole.
Lorsque l’enfant reçoit la capacité embryonnaire de formuler des mots finis, il perd la connaissance claire et intime de la sagesse supérieure ! Non pas de façon simultanée à l’acquisition du don de la parole, mais à cause de ce don de la parole - maîtriser l’expression signifie être capable de réduire les choses à des formes définie, délimitées ; et c’est exactement le contraire que d’être capable de les dilater à la dimension illimitée de leur essence. Et seul un miracle peut relier les deux ; un miracle - ou le travail d’un profond silence.
UNE DOULEUR TROP LOURDE À SURPPORTER
Lorsque quelqu’un éprouve une très grande douleur, il peut lui être très difficile de parler des événements qui ont causé cette douleur ou de la douleur elle-même. De nombreux survivants de la Shoah n’en ont pas parlé par la suite. De nombreux enfants ou petits-enfants de ces survivants vous diront que leurs parents ou grands-parents ne leur ont jamais parlé de leur expérience.
On attribue souvent ce silence au fait que leur expérience était si douloureuse que les victimes ne voulaient pas rouvrir cette période de leur vie parce que la douleur aurait été trop forte. Pour éviter d’avoir à revivre l’expérience et souffrir la même douleur de nouveau, ils refusent d’en parler. En d’autres termes, leur silence est un refus de refaire l’expérience de la douleur. Cette partie de leur vie a été fermée et doit rester fermée.
Certains rescapés de la Shoah ne se taisent pas parce qu'ils n'ont pas envie de parler de ce qui leur est arrivé ; ils se taisent parce qu'ils ne peuvent pas en parler.
Mais ce n’est pas la raison de leur silence. Il y a quelque chose de plus profond. La vraie raison pour laquelle ces personnes gardent le silence sur leur horrible expérience vient du fait qu’elle ne peut être verbalisée - elle est trop forte, trop profonde pour les mots. Aucune quantité de mots ne pourrait jamais transmettre l’énormité de ce qui s’est passé ; c’est au-delà des capacités d’expression humaine. L’horreur transcende l’entendement humain et c’est pourquoi elle ne peut être exprimée. Ces personnes ne se taisent pas parce qu’elles n’ont pas envie de parler de ce qui leur est arrivé ; elles se taisent parce qu’elles ne peuvent pas en parler.
Tous ceux qui sont passés au travers de cette expérience savent que tout discours sur ce sujet le réduirait à des proportions finies, aux proportions des mots utilisés pour le décrire, et ce serait une très mauvaise représentation de la profondeur de l’expérience elle-même. Seul le silence est approprié de l’inexprimable.
THERAPIE
Cette idée présente aussi une expression opposée : la thérapie pour quelqu’un qui souffre d’une façon insupportable est de parler de sa peine !
Lorsqu’une personne a vécu une expérience traumatisante qui lui cause une angoisse constante, en parler peut l’aider. Le fait que l’expérience et la peine qu’elle cause soient trop lourdes à supporter est souvent une partie du problème ; la personne se sent écrasée sous le poids de sa peine. L’immensité de l’angoisse, le fait qu’elle semble au-delà de ce qu’il est possible de supporter, constitue une part centrale de la souffrance. C’est exactement pour cela qu’elle semble écrasante.
Et c’est pourquoi, si un auditeur sensible entraîne cette personne à parler de son traumatisme, si la souffrance est verbalisée, elle peut se réduire aux proportions des mots. Une fois exprimé, révélée, la peine diminue. Ce qui était au-delà des mots a été exprimé, ce qui était démesuré a pris au moins un semblant de mesure, une sorte de dimension.
LE SILENCE DANS LA TORAH
Lorsque l’on saisit quelque chose de profond, la première chose à faire est de savourer intérieurement. En parler directement à quelqu’un d’autre immédiatement n’est pas la bonne attitude. Si tu comprends vraiment quelque chose de profond et de particulièrement significatif et que tu en parles immédiatement, tu peux le perdre ! Si c’est encore frais et nouveau, si ce n’est pas encore complètement intériorisé en toi, si c’est encore vivace dans toute sa profondeur ineffable et que tu le verbalises, tu risques de perdre cette profondeur.
Rav Simcha Zissel a attendu vingt-cinq ans avant de partager un de ses enseignements avec ses étudiants parce qu’il voulait être sûr de l’avoir vraiment intégré au niveau de son esprit et de sa conscience avant d’oser le réduire à l’expression verbale ! Il savait que lorsque l’on prête des mots particuliers à une idée, on la réduit aux dimensions de ces mots. Tu dois attendre le moment où le sentiment de nouveauté s’est stabilisé, où l’idée a fait son œuvre d’affecter ton identité profonde avant d’oser l’exprimer à travers des mots.
LE SILENCE
Les gens qui se décrivent complètement dès leur première conversation doivent être en réalité très superficiels.
Le silence permet d’approfondir la source de la personnalité. C’est une obligation et non un luxe. Il doit toujours y avoir une part de ta personnalité qui demeure au-delà de ce que tu exprimes. Si tu peux résumer ce que tu es en quelques minutes, tu n’es que cela - quelques phrases en tout et pour tout. Peu importe ce que tu dévoiles, ce que tu révèles, il doit en rester infiniment plus. Les gens qui se décrivent complètement dès leur première conversation doivent être en réalité très superficiels.
Une personne avec laquelle tu peux avoir une relation profonde et riche de sens possède une profondeur qui ne peut être exprimée, et certainement pas en quelques minutes de conversation. En faisant la connaissance de cette personne, tu commences à découvrir qu’elle possède beaucoup plus que ce que tu avais réalisé au départ, et plus votre relation s’approfondit, plus tu continues à la découvrir. C’est le genre de profondeur personnelle qu’il faut cultiver.
Il est fondamental de réaliser qu’une personne est créée limitée. L’essence de la personne se trouve dans sa dimension profonde et non révélée ; une personne qui vit entièrement dans le révélé, entièrement dans les limites de ce qui peut être exprimé en quelques mots a oublié cette idée de base. Nous ne désirons pas que notre vie soir un scénario superficiel, que des mots sans fondement soient exprimés. Nous devons aspirer à la profondeur, au sens, pour découvrir le domaine infini de l’esprit. C’est la voie du Judaïsme.
LE CORPS REVELE, LE CORPS CACHE
Tu as l’obligation de t’assurer que ce que tu soustrais au regard d’autrui concernant ta conscience et ta personnalité est toujours nettement supérieur à ce que tu révèles.
La Torah donne une illustration profonde de cette idée. Les versets décrivent le Roi David apportant l’arche sainte à Jérusalem, et dansant devant elle rempli de joie et d’extase. Sa danse est décrite de façon très expressive ; David montrait combien il honorait D.ieu en dansant ainsi en public.
Lorsqu’il s’approcha de chez lui, son épouse Michal, fille de Saül, lui reprocha vertement de s’être conduit d’une façon aussi indécente en public. Elle l’accusa de s’être exposé de façon impudique aux yeux des servantes et des gens du peuple « ke’ehad ha’reikim – comme un écervelé ». David répondit abruptement que pour l’honneur de D.ieu il n’avait pas à considérer sa propre personne ; il lui dit qu’il aurait aimé en faire beaucoup plus : devant ces mêmes servantes « j’aurais voulu être encore plus agile », dit-il. Les versets suivants indiquent qu’à cause de sa critique indue, Michal n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort, et une lecture attentive du texte révèle qu’elle eut un enfant le jour de sa mort, elle mourut en couches.
Quel est le sens de cet échange ? Quel était exactement le propos de Michal ? Quel sens donner à la réponse de David ? Pourquoi la conséquence a-t-elle été si grave ? Etait-elle choquée parce qu’il avait dévoilé une partie de son corps – peut-être avait-il dévoilé ses chevilles ? Ses genoux ? Tout dans la Torah est d’une profondeur illimitée ; qu’est-ce qui se cache sous la surface ici ?
Cet épisode nous révèle quelque chose de subtil. David ne découvrait pas ses chevilles ; ce n’était pas le problème. Il révélait sa neshama, son âme. La danse est un puissant mode d’expression de l’intériorité ; si l’on peut percevoir la profondeur d’un homme en fonction de sa façon de marcher, on le peut encore plus en fonction de sa danse. La danse de David était tellement révélatrice que Michal sentait qu’il se vidait de toute son identité, qu’il exposait son entière neshama, son âme, dans ces rues de Jérusalem (« ke’ehad ha’reikim – comme l’un de ses êtres vides ! »), et cela est intolérable ! On est obligé de retenir beaucoup plus de sa profondeur que ce qu’on en révèle. Si tout a été révélé, rendu explicite, où se trouve la connexion à la source, au puits profond de la spiritualité ? Si tu te vides complètement, tu ne gardes aucune connexion à ta source.
Si tu exprimes toute ton identité, tu es entièrement dans le monde ; tu as perdu ta connexion avec ce qui est sans fin. On peut s’imaginer l’intensité de la scène – Michal était une grande dame et elle pensait avoir perçu le fond de la neshama de David ; sa danse a dû être l’expression d’un embrasement spirituel absolu.
La réplique de David est inoubliable : « ‘je pourrais aller encore plus loin’ – en d’autres termes : ‘Penses-tu que ce que tu as perçu est tout ce qu’il y a ? Il reste une partie de moi cachée beaucoup plus large que celle que tu as perçue ! Je n’ai pas oublié cette obligation de cultiver et d’approfondir ma personnalité si c’est ce qui te préoccupe. Mais tu as sous-estimé ma profondeur. Voilà un aperçu de la profondeur de cet échange !
L’IDENTITE SILENCIEUSE
Le silence. C’est l’entraînement nécessaire pour développer une vraie connaissance. Cette discipline est particulièrement importante dans une génération habituée à exprimer tout explicitement. Parce que nous vivons dans une société dans laquelle tout se veut explicite, tout est verbalisé au point que les mots sont aussi pauvres que possibles, tu dois veiller attentivement à ton identité profonde, ton authentique identité, ta sensibilité. Apprends à réfléchir et à comprendre avant de parler ; très souvent tu te rendras compte que le verbe est impossible, et très souvent tu découvriras que le discours n’est pas nécessaire.
Avant de parler de sagesse, tu dois être capable d'entendre. Et avant de pouvoir écouter, tu dois savoir te taire.
Il est donc nécessaire de construire un espace de silence dans ton esprit. Même lorsque tu es entouré par le bruit, tu dois être capable de maintenir un profond silence dans ton monde intérieur. Tu dois apprendre à t’échapper du bruit des sons et des mots privés de sens qui t’entourent. Mais d’abord tu dois faire taire ton bruit intérieur, ton espace sonore de bavardage insignifiant, le flux constant des parasites épars et superficiels qui menacent de noyer ta capacité à écouter et à connaître.
Avant de parler de sagesse, tu dois être capable d’entendre. Et avant de pouvoir écouter, tu dois savoir te taire. Dans cet espace absolument silencieux de ton for intérieur, tu trouveras la sagesse et tu trouveras toi-même. Et alors tu réaliseras qu’un de ces moments de silence contient plus que tous les mots du monde.
Akiva TATZ est l'auteur d'un ouvrage recemment paru en français, La trame de la vie.