A propos de libéraux, j'aimerais avoir votre avis sur la théorie que m'a exposée une connaissance (professeur de littérature, historien, philosophe et religieux, un sacré bonhomme) :
Au début du 19e siècle, lorsque sont apparus ceux qui allaient fonder la haskala, les rabbins se sont tout de suite opposés en bloc à leur revendications. Pourtant, vues d'ici, elles ne semblaient pas si exubérantes : Les premiers maskilims voulaient utiliser des traductions de livres pour que les textes saints soient accessible au plus grand nombre, il voulaient que les jeunes fassent des études profanes, etc. Ce sont des choses que l'on voit aujourd'hui meme dans les milieux orthodoxes. Ils ne rejetaient pas la halakha en tant que telle. Mais les décisionnaires de l'époque, notamment le 'Hatam Sofer z"l, n'ont rien voulu savoir. Les maskilims ont tout de suite été excommuniés (mis au 'herem) et les pires décrets ont été prononcées contre eux. Les maskilim, se sentant rejetés, on perdu tout lien avec l'orthodoxie et se sont tournés vers l'humanisme (très à la mode à l'époque), qui les a accueillis à bras ouverts. Ainsi, ils ont dérivé de plus en plus, s'éloignant du judaisme traditionnel, adoptant des théories progressistes sorties de nulle part, et créant une fracture désormais irréparable.
Si on considère que les libéraux actuels sont les héritiers de la haskala (les principes sont les memes en tout cas), ils ont été "créés" par l'intransigeance de rabbins qui auraient pu faire preuve d'un peu plus de souplesse, sans pour autant aller à l'encontre de la halakha. Si les premiers maskilims n'avaient pas été rejetés, il auraient pu etre "tenus", pour éviter les dérives irrémédiables qui ont eu lieu depuis (en gardant par exemple les conversions et les mariages sous controle).
C'est d'ailleurs un peu ce qui se passe en israel : la Rabanout harachit opère un controle minimal sur tous les mariages (et les conversions), pour s'assurer que tout soit "cacher", meme si les intéressés ne sont pas pratiquants, et cela fait qu'en israel le mouvement libéral est très très marginal. Meme les personnes très éloignées ont la possibilité d'accomplir les actes religieux auprès d'une autorité reconnue. Un certain nombre de 'haredim refusant toujours de traiter avec ceux qui ne partagent pas leurs opinions, ils seraient autrement contraints de se tourner vers le libéralisme.
Si vous etes d'accord avec ce qui est écrit plus haut, la question que je me pose est : imaginons que les décisionnaires de l'époque aient agi comme le fait la rabanout aujourd'hui (avec ce que je considère comme une grande ouverture d'esprit, tout en respectant la halakha), est-il envisageable qu'il n'y ait pas de libéraux aujourd'hui (et donc qu'une certaine unité formelle subsiste), ou bien cette fracture était-elle inéluctable étant données les circonstance de leur apparition et l'evolution de la société ?
kol touv