En lisant ce matin un résumé de cette parachat, je me suis dit qu'elle conviendrait tout à fait et qu'elle était d'actualité au vu de ce qui se passe ici.
Je vous en souhaite une bonne lecture et surtout un très bon Shabbat.
Parachath Emor : Un destin exceptionnel
Gérard Touaty
11 Mai 2005
C'est dans notre paracha que nous est donnée la mitzva de compter les jours qui séparent la fête de Pessa'h de celle de Chavouoth. Durant cette période, deux évènements de notre histoire marquèrent le judaïsme d'un cachet bien particulier :
- la mort de 24.000 élèves de Rabbi Akiba,
- et la mort de Rabbi Chimone bar Yo'haï
De prime abord, ces deux évènements n'ont aucun lien. Mais une étude des textes nous permettra de comprendre que l'un des deux vient comme une réparation de l'autre.
C'est une épidémie, nous apprend le Talmud, qui frappa les disciples de Rabbi Akiba. Ils moururent parce qu'il ne se témoignaient pas de respect l'un envers l'autre !
[...]
Un amour égoïste
Comment, s'étonnent les commentateurs, ces hommes furent ils frappés, précisément par le manque d'une valeur si essentielle aux yeux de leur maître ?
Pour Rabbi Akiba, l'amour du prochain est un grand principe de la Thora. De ce fait, il est certain, d'une part, que ce maître chercha à inculquer ce principe à ses élèves et que d'autre part, ces derniers cherchèrent naturellement à l'adopter.
Pourquoi, dès lors, cette notion d'amour leur fit-elle défaut ?
En fait, ils possédaient cette vertu. Ce qui leur manquait, était la manière de l'appliquer.
Un maître peut donner les meilleurs conseils, mais rien ne garantit qu'ils seront bien appliqués si l'élève n'y met pas du sien. Les élèves de Rabbi Akiba étaient animés d'un grand amour pour l'autre mais c'était un amour "égoïste".
Certains donnent à autrui en fonction de ce qu'ils croient être bon pour lui, mais ne tiennent nullement compte de ce qu'il attend réellement.
Chaque élève de Rabbi Akiba tenta, par amour, de convaincre l'autre, qu'il n'avait pas comprit l'enseignement du maître et c'était pour son bien qu'il s'efforça de lui faire partager "sa" conception de la vérité. Mais devant l'obstination de l'autre à refuser, l'amour se changea en mépris pour finalement faire naître cette tragique épidémie.
Ouverture
Rabbi Chimone bar Yo'haï fut lui aussi un élève de Rabbi Akiba, mais à la différence des premiers, il comprit le sens du commandement d'aimer son prochain. Le Talmud affirme qu'il était prêt à faire don de tous ces mérites pour sauver du jugement le monde entier.
En d'autres termes, il était prêt au sacrifice de sa propre personne pour sauver du jugement même un Juif qu'il ne connaissait pas.
C'est là, l'application véritable de la mitzva d'aimer son prochain :
ressentir l'unité profonde qui anime le peuple juif au point de ne pouvoir abandonner le destin d'autrui. C'est en cela que l'on a pu dire que l'existence et l'œuvre spirituelle de Rabbi Chimone vinrent réparer la faute des 24.000 autres élèves de Rabbi Akiba.
Ces derniers évoquent le repli sur soi, alors que Rabbi Chimone est un symbole d'ouverture. Il préfigure en cela la venue du Machia'h qui révèlera la valeur des Juifs mêmes les plus simples.