Pourquoi depuis quelques années peut-on savoir au simple look de quelqu'un qu'il est juif (au risque parfois d'interessantes méprises) ? Pourquoi ne se dégage de ce site que la triste vérité du conformisme ravageur qui gagne du terrain sans faiblir ?
Plus que l'assimilation, c'est ce detournement qu'il faudrait enrayer.
Quand être juif se résume à porter Diesel, Converse, Von Dutch et Prada (oui, toi fresheur55 et autres darka) , j'en viens à regretter de porter un peu naivement une Magen sous mon T-shirt.
Comment expliquer qu'hier nous nous faisions remarquer par la lumière de nos idées, par la brillance de nos pensées et qu'aujourd'hui, ce n'est que la terne exposition de vitrines ambulantes, la lamentable récurrence de stéréotypes et les pitoyables carricatures s'amassant samedi soir à Haagen-Dasz sur les Champs (ou mieux, samedi midi au McDo à St-Paul, pour le menu Mc-Shabbat) qui créent l'identité juive - ou plutôt leur identité.
J'ai le sentiment que le schisme qui nous traverse n'est pas qu'un effet de mode. Je me disais que l'âge avançant, la maturité prendrait le pas sur le m'as-tu-vu...Mais non, il va en s'amplifiant et passe de Diesel à SLK, que dis-je, Porsche. Et si ce n'est dans les faits, c'est ancré dans l'ambition première qui n'est pas celle légitime de réussir sa vie, mais celle dérisoire, d'accumuler mais surtout de MONTRER, la plus grande somme de luxe.
Il n'y a pas si longtemps, j'étais absolument fou amoureux, 2 ans durant, intensément, intégralement -et quantité d'autres adverbes - d'une demoiselle qui avait pour seul défaut de ne pas être juive. Too bad. Notre couple s'est effrité sous le poids IMMENSE de nos géniteurs respectifs. Ainsi va la vie, serais-je tenté te dire, maintenant que je crois au fatalisme. Sa simplicité, son non-matérialisme et sa discussion sont difficilement retrouvables chez mes corrélégionnaires qui pour la grande majorité ne semblent aspirer qu'au culte de l'apparence et du portefeuille.
What's the point then ?
Pas le moindre. Juste pousser un petit coup de gueule, sous l'overdose du regne du paraitre.
Si vous avez un moment, essayez de lire "Lehaim" de Michael Sebban...c'est magistral.
Je m'excuse par avance auprès de tous ceux et celles qui ne sont pas concernés par ces mots, et qui de fait, seront les seuls à les lire.
Yann