Des historiens veulent saisir Jacques Chirac si le Sénat confirme cette "provocation"
LE MONDE | 13.10.06 | 14h13
Le texte était, à leurs yeux, "affligeant" ; son vote constitue "une véritable provocation". Réunis dans la soirée du jeudi 12 octobre, quelques heures après l'examen par l'Assemblée nationale de la proposition de loi visant à sanctionner la négation du génocide arménien, les membres de l'association Liberté pour l'histoire ont rédigé un communiqué virulent.
Promettant, "si le Sénat devait confirmer le vote de l'Assemblée", de demander au président de la République de "saisir le Conseil constitutionnel (...) pour qu'il annule" cette loi, ces historiens - parmi lesquels Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Marc Ferro, Jacques Julliard, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, René Rémond, Jean-Pierre Vernant - font part de leur vive inquiétude.
Tout en exprimant leur "profond sentiment de solidarité" pour les "victimes de l'histoire", ils déplorent que la France soit "engagée dans un processus accéléré de lois établissant des vérités d'Etat sur le passé". "Un mouvement rapide d'appropriation de l'histoire par des mémoires particulières et de recul des libertés démocratiques" se poursuit, constatent-ils, "alors même que le président de la République a déclaré que "ce n'est pas au Parlement d'écrire l'histoire"."