Le meurtre atroce d'Ilan nous a tous effrayé par sa barbarie et sa motivation crapuleuse (l'objectif était clairement d'enlever un juif par que juif=argent).
Il doit nous pousser à réfléchir à l'évolution de l'antisémitisme en France.
Nous vivons avec les images de la Shoah et de la position manichéenne de la France de cette époque : d'un coté des Justes qui furent autant de héros qui sauvèrent, au péril de leur vie, des juifs, de l'autre des policiers français qui font la chasse au juifs (Vel d'Hiv/Drancy,...)
Un peu à la manière des Achké Allemands/Polonais des années 30 (qui vivaient avec les images des pogroms du XIX au moment où les nazis avaient complètement changé la nature de l'antisémitisme en Europe), les juifs français vivent avec des images d'autrefois.
L'antisémitisme en France a radicalement changé. Il n'est plus supporté par les français "de souche" et leurs images datées : trahison de Dreyfus, théorie du peuple deïcide catholique, jalousie de la gauche pour le pouvoir de l'argent, théorie de l'internationale juiverie apatride,...
On pourrait même jusqu'à aller dire que Lepen est "relativement peu" antisémite pour un leader de l'extrême droite par rapport à ses racines politiques (sic).
Aujourd'hui l'antisémitisme en France est globalement devenu un phénomène concerant les communautés black/beur. On a connu cette évolution aux US avec des mouvements noirs (en général islamisants) dès la fin des années 70 dans le sillage de la conversion de Mohamed Ali.
Pour la France et ses anciennes colonies, les juifs qui avaient globalement assez bien vécu en terre d'Islam depuis le VIIème siècle (sauf quelques épisodes), se sont retrouvé dans la situation nouvelle au moment de la création d'Israël (cas de la Tunisie par exemple).
L'antisémitisme de la deuxième moitié du XXème se confond de plus en plus avec l'identification à la lutte des Arabes pour la reconquête de la Palestine. Les Chrétiens sur cette période allant de mea culpa en mea culpa.
Nous avons aujourd'hui cette situation explosive de passage de témoin entre l'antisémitisme en occident et celui de l'orient. Or dans nos banlieues beaucoup de blacks/beurs s'identifient à la Palestine (cf Dieudonné et la liste Palestine aux élections européennes).
C'est idiot (souvent, ils ne comprennent rien au conflit) mais ils savent qu'ils ne sont pas juifs donc ils choissent le seul camp qu'on leur laisse. L'un des seuls "cerveau" qu'ils ont à ce jour est un type comme Dieudonné (et non pas Fofanna, le chef des"barbares").
Comme ces populations ne sont pas très éduquées, elles ne théorisent pas sur l'antisémitisme et elle pompe dans le vivier inépuisable des théories européenne les stéréotypes du juif (riche, solidaire dans sa communauté, solidaire d'Israël,...). "La Vérité si je mens", n'arrange rien à l'affaire.
Bilan : l'antisémitisme des français "de souche" n'est plus à l'ordre du jour. En revanche, les français "de l'immigration" car ce sont des français (ils votent, ils ont un pouvoir politique !) est en train d'exploser.
Nous avons donc intérêt (car nous sommes un petit peuple) à DIVISER un maximum les deux antisémitismes. La jonction des deux serait trop dangereuse car elle mettrait tout le monde d'accord sur le fait qu'il faut "éliminer" les juifs de France.
Heureusement nous sommes très loin de cela bien que des éléments comme la signature par l'Abbé Pierre du livre antisémite sur les "mythes fondateurs de l'Etat d'Israël" avait fait peur à tout le monde.
Pour l'instant nous avons globalement choisis de crier "vive la République" (cf la Victoire Jeudi dernier). En même temps, nous voulons être reconnu comme une communauté. Si la République venait à sérieusement reconnaître les communautés ethnico-religieuses, elle devrait faire des arbitrages et céder en partie à nos ennemis des autres communautés... Ce n'est peut être pas notre intérêt. La laïcité est sans doute plutôt notre meilleur ami pour l'instant.
Je n'ai pas franchement de solution mais ne nous trompons pas d'ennemis et ne refaisons pas la dernière guerre.
NB. Désolé pour ce post un peu long et un peu chiant mais autant mettre les choses sur la table une bonne fois pour toute.
Amitiés à tous. Récitons tous un kaddish à la mémoire d'Ilan et en soutien à sa famille.