J'ai trouvé cet article très intéressant et j'ai voulu vous le faire partager.
C'est une interview du Dr Sa’ad bin Tefla, journaliste et ancien ministre de l’information koweïtien, par la télévision jordanienne au sujet de la culture de violence dans les pays arabes.
Dr bin Tefla rejette l’idée selon laquelle Israël et les Etats-Unis en seraient responsable et en revanche critique les racines culturelles, la frustration, l’extrémisme religieux et la violence propre aux pays arabes. Voici quelques extraits de l’interview :
"LA DIFFUSION DES EXTREMISMES RELIGIEUX INTENSIFIE LA FRUSTRATION DES JEUNES"
« […] Le massacre, les abus destructeurs, l’anarchie et le carnage ne ressemblent aucunement au djihad prescrit par la Shari’a et la résistance. Ils ne sont qu’anarchie et terrorisme, signes de frustration et d’une culture de suicide collectif qui rappelle celle des baleines.
Cette culture est issue de raisons objectives et personnelles. Mais je soutiens qu’elle a aussi une autre source […], celle de la propagation de l’extrémisme religieux qui accroît la frustration des jeunes en leur disant ‘vous devez parvenir à [l’une des] deux choses [suivantes] : le martyr ou la victoire. [Cette tendance] embellie la culture de la violence et la dépeint comme la résistance et le Djihad. Mais la notion de djihad dans l’Islam est innocente de ces actes. J’insiste qu’il nous faut réexaminer cette culture […]
Je maintiens que malheureusement, beaucoup à la télévision, la radio et dans la presse agissent selon le récit de celui qui tue et qui se présente ensuite aux funérailles de sa victime. Ce sont eux qui ont fait basculer les jeunes dans la frustration, les incitant à mourir inutilement et à en tuer d’autres avec eux, divisant le monde en noir et blanc. J'insiste que nous sommes tous responsables de cette culture et que le sionisme et l’impérialisme n’ont rien à voir là dedans […] »
"IL EST FAUX DE PRETENDRE QUE LA VIOLENCE RESULTE DE L'OCCUPATION"
« Il est faux de prétendre que la violence résulte de l’occupation. L’occupation française a quitté l’Algérie après avoir fait un million de morts et en moins d’une décennie, 10 000 Algériens ont été massacrés en Algérie par d’autres Algériens au nom de l’islam, ce qui est plus qu’Israël n’aurait pu abattre pendant la période de l’intifada.
Les termes ‘assassinat’ et ‘violence politique’ sont originaires de l’arabe, prêtés ensuite à toutes les langues du monde. Je parle en tant que linguiste de profession. ‘Hashashiyoun’ est la racine du mot ‘assassinat’, le nom du groupe d’Hassan Al-Sabath venu d’Isfahan au 13ème siècle.
Cette violence a des racines culturelles et n’est pas liée à l’occupation. Et il y a ceux qui la justifient. Je ne voudrais surtout pas qu’on interprète mon discours comme une défense et une justification de l’occupation. Je dis que cette logique, que je conteste, est [utilisée] pour justifier [la violence] actuelle en Irak et en d’autres lieux. »
"LE NOMBRE DE PERSONNES TUEES EN ALGERIE ET SOUS D'AUTRES REGIMES ARABES SURPASSE LE NOMBRE DE VICTIMES PALESTINIENNES D'ISRAEL"
« L’Irak a été occupé [par les Etats-Unis] il y a un an. [Pourtant] avant cela, la violence en Irak a fait plus d’un million de victimes irakiennes, iraniennes, kurdes, koweïtiennes et d’autres encore. Ce n’était ni l’œuvre des sionistes, ni de l’occupation, ni de l’Amérique, mais celle des arabes et des musulmans de Bagdad.
Le nombre de personnes tuées en Algérie et sous d’autres régimes arabes surpasse le nombre de victimes palestiniennes d’Israël. Ceux qui ont été massacrés en Arabie Saoudite, il y a quelques jours étaient de paisibles musulmans qui marchaient dans la rue […] Il n’y a pas d’occupation en Arabie Saoudite, ni de bases américaines, ni de présence ou d’armée américaine […]
Je souligne qu’il existait malheureusement une culture de la violence bien avant l’arrivée des américains en Irak et dans la région du Golf, et même avant l’occupation israélienne en Palestine et l’occupation américaine en Afghanistan et en Irak.
A mon avis, c’est précisément cette logique répandue qui nuit à ces jeunes et les porte à croire qu’il existait [dans le passé] un grand empire [islamique] qui s’étendait de la Chine à l’est jusqu’en Andalousie [à l’ouest], en incluant la Tchétchénie […] »