"Long mais super interessant, à lire en entier et à diffuser.
Article explosif sur une manipulation de France 2!
A quand une reaction officielle?
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L'affaire A-Dura : Conclusion dramatique (info # 012510/4) [scoop]
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Rappel des faits
Suite à une recherche de trois ans, en plus de 150 enquêtes, interviews
et analyses consacrées au reportage de FR2 du 30 septembre 2000 au
carrefour de Netzarim, dans la bande de Gaza, la Ména a publié une longue
série d'articles mettant en évidence les éléments suivants :
- Le reportage d'information réalisé par Talal Abou-Rahma et
Charles Enderlin, affirmant l'assassinat d'un enfant palestinien par des
militaires israéliens et dif fusé gratuitement par la chaîne du service
public français dans le monde entier est une grossière mise en scène
participant à un effort de démonisation d'Israël et de son armée. Les
soldats accusés par le commentaire du correspondant permanent de FR2 à
Jérusalem n'ont non seulement pas tiré le moindre projectile en direction
de l'adulte Jamal A-Dura et de l'enfant qui l'accompagnait, encore
ignoraient-ils jusqu'à leur présence sur les lieux.
L'authenticité supposée du reportage et défendue jusqu'à maintenant par
la direction de la chaîne reposait sur le témoignage unique de son
reporter Talal Abou-Rahma et principalement, sur la déclaration écrite
déposée et ratifiée par ce dernier, le 3 octobre 2000, devant l'avocat du
Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme (PCHR), Maître Raji
Sourani à Gaza. Dans cette déclaration, publiée en entier, croquis des
événements à l'appui, sur le site du Centre, Abou-Rahma
[accéder à la déclaration]
déclare notamment :
- (Traduit de l'anglais) "Je, soussigné, Talal Hassan Abou
Rahma, résident de la bande de Gaza et détenteur de la Carte d'Identité no.
959852849, livre ma déclaration sous serment et après avoir reçu les
avertissements légaux d'usage et l'assurance du choix de mes propos par
Maître Raji Sourani, au sujet du meurtre de Mohammed Jamal al-Durrah et
des blessures infligées à son père Jamal al-Durrah, les deux pris sous
le feu des Forces Israéliennes d'Occupation (...)
Ensuite j'ai braqué ma caméra sur l'enfant Mohammed Jamal al-Durrah qui
avait été atteint à sa jambe droite. Son père tentait de calmer, de
protéger et de couvrir son fils à l'aide de ses mains et de son corps.
Parfois, le père Jamal levait ses mains pour demander de l'aide. Des
autres détails de l'incident sont tels qu'ils apparaissent sur le film. J'ai
passé environ 27 minutes à filmer l'incident qui a duré 45 minutes.
(...)"
La Metula News Agency, confirmant en ceci les conclusions de la
commission d'enquête nommée par le commandant du front sud de l'armée
israélienne, sous la conduite du physicien Nahum Shahaf, a de tout temps
affirmé que la déclaration d'Abou-Rahma était constitutive d'un faux
témoignage et que ces 27 minutes de film de l'incident, à savoir le documents
filmé montrant des militaires israéliens tirant en direction de Jamal
A-Dura et aboutissant au décès de l'"enfant" n'existaient pas.
Jusqu'au vendredi 22 octobre dernier, les nombreux appels officiels
effectués par notre agence en direction de FR2 afin de visionner les 27'
minutes des rushes d'Abou-Rahma, ainsi que nos propositions répétées de
confronter nos matériels respectifs s'étaient heurtés à une fin de
non-recevoir.
De plus, notre agence, forte des conclusions de son enquête, n'a cessé
d'affirmer que les nombreuses déclarations de Charles Enderlin, faisant
état de l'existence sur ces rushes d'images montrant l'agonie de
l'enfant, que le correspondant permanent de France 2 aurait coupées afin
d'épargner les téléspectateurs, procédaient d'une construction mensongère,
servant le propos de donner une allure d'authenticité à un événement
fictif qu'il a contribué à transformer en événement réputé réel.
On retrouve l'un des échantillons de cette déclaration d'Enderlin sur
le no. 2650 page 10 de la publication Télérama, en sa livraison du 25
octobre 2000 :
-"J'ai coupé l'agonie de l'enfant. C'était trop insupportable.
L'histoire a été racontée, l'information donnée, ça n'aurait rien
rajouté."
Cette contrevérité venait surseoir à l'absence d'images montrant le
moment où l'enfant était atteint par de prétendus projectiles israéliens,
qui manquent - et pour cause - sur la fiction tournée par Talal
Abou-Rahma. Enderlin y fait allusion sur le même numéro de Télérama :
-"Quant au moment où l'enfant reçoit les balles, il n'a même
pas été filmé".
Structurellement, la thèse de l'assassinat de l'enfant par les soldats
israéliens n'étant pas supportée par les images, toute la mise en scène
étant basée sur une suggestion des faits proposée par le commentaire,
la possession des images de l'agonie par Enderlin et partant, le
département juridique de France 2, devenait l'autre élément clé, quoique
invisible, garant de la véridicité de l'acte monstrueux attribué aux
Israéliens. Encore eût-il fallu que ces images existassent...
Vendredi 22 octobre, l'abcès éclate
Dans des circonstances qu'il est encore trop tôt pour relater mais qui
résultent de présentations des évidences recueillies par la Ména et
résumées sur le film que nous avons consacré à l'affaire, le PDG de France
Télé vision, Marc Tessier, a invité Madame Arlette Chabot, directrice de
l'information de France 2, à présenter les 27 minutes de rushes en
possession de France 2 à Luc Rosenzweig, ancien journaliste au "Monde",
collaborateur de la Ména et chroniqueur à RCJ, une des radios juives de
Paris.
Rendez-vous avait été fixé à 15 heures. Rosenzweig s'était fait
accompagner pour l'occasion de deux éminents responsables de médias français,
qui, tout en étant très intéressés par cette affaire ne tiennent pas,
pour l'instant, à apparaître dans le débat public qu'elle suscite. L'un
est un ancien grand reporter de France 2, lauréat du Prix Albert
Londres, le second est un éditorialiste unanimement respecté sur la place de
Paris.
Rencontre à l'accueil avec Arlette Chabot, accolades cordiales. La
petite troupe se rend ensuite dans le bureau de l'hôte près du sommet de
l'immeuble de FR2, d'où on a une vue imprenable sur la S eine, selon
l'image consacrée mais toujours aussi belle. Les attendent Didier Epelbaum,
conseiller à la présidence de la chaîne, ex du département francophone
de Kol Israël et ancien médiateur pour FR2; il tient un épais dossier
intitulé "Qui a tué Mohammed Al-Dura ?", ainsi qu'un représentant du
département juridique de la section "analyse des images".
L'ambiance est nettement plus tendue. Epelbaum demande : "On discute
d'abord ?"
Ce à quoi, Luc Rosenzweig répond : "Nous sommes venus voir les 27
minutes de rushes montrant les soldats israéliens tirant sur l'enfant que
cite Talal Abou-Rahma dans sa déposition assermentée ..."
Le représentant du département juridique interrompt notre confrère :
"Ca ne vous apprendra pas grand chose !"
C'est évidemment ce que nous craignions... d'autant plus que Didier
Epelbaum poursuit immédiatement d'un argument éminemment surprenant : "Tu < BR>sais bien que Talal est revenu sur son témoignage, qu'il s'est
rétracté. Il avait agi sous la pression, il a été pris au dépourvu..."
Pris au dépourvu ? Trois jours après les faits, dans l'étude
confortable d'un avocat ? Abou Rahma est bien l'auteur d'un faux témoignage, le
suspens n'aura pas duré longtemps. C'est en même temps la fin de
l'enquête. Avec la rétractation de l'unique témoin de France 2 sur
l'assassinat de Mohammed A-Dura, il ne reste rien de cette affaire, à peine un
bout de mauvaise fiction qui ne vaut dès lors plus un kopek.
Mais non, les trois grands journalistes "ne savent pas" que le reporter
palestinien de la chaîne publique s'est rétracté, personne au monde
n'est d'ailleurs au courant, FR2 ayant dissimulé cette information
cruciale. France 2, qui dispose des fameux rushes depuis quatre ans et qui
sait, elle, que les 27 minutes sur l'incident, preuves uniques du crime
presque rituel d'Israël, n'ont jamais existé.
Et la tévé publique s'est tue, laissant l'imposture qu'elle a diffusée,
devenue le symbole incontestable de la révolte des Palestiniens contre
les barbares juifs, déferler sur le monde, à vêler des rues Mohammed
A-Dura comme s'il en pleuvait, des timbres postes, des livres
d'enseignement de la haine, des guides au shahydat. A engendrer de la violence,
beaucoup de violence, des lynchages par vengeance, comme un peu plus tard
à Ramallah, des émeutes meurtrières, dès le premier octobre. 12 morts.
Et surtout, ce faux a creusé un fossé de haine insurmontable entre
Israéliens et Palestiniens mais aussi entre Juifs et Arabes, qui condamne
pour de longues années tout espoir de réconciliation.
L'air est devenu chaud, dans le bureau de Chabot, qui ne prend pas
parti, mais dont la poker face légendaire a tendance à se lézarder. Et
Epelbaum, l'architecte de la charte éthique de l'anten ne
[accéder à la charte], vient juste de
fouler aux pieds des provisions par dizaines dans la section 2.4 traitant de
l'Honnêteté et du Pluralisme. Je viens de la relire, avant d'écrire ce
papier et je ne décolle pas du sous-chapitre "2.4.1.8.
Approfondissement et suivi de l'information" :
- Lorsque des événements dont il a été rendu compte à l'antenne
connaissent des développements qui changent ou contredisent certains
éléments fournis précédemment à l'antenne, il importe d'y revenir. (...)
Pareille schizophrénie est-elle même concevable ?
Les gens de la chaîne apprennent aux journalistes qu'Abou-Rahma est à
Paris pour y suivre un traitement. Aussitôt, les trois grands témoins
proposent de le rencontrer. Par trois fois. Par trois fois, les autres
feignent de ne rien avoir e ntendu. Epelbaum prend Rosenzweig en aparté et
lui souffle : "Tu sais, il ne parle pas français et il parle très mal
l'anglais, vous ne parviendrez pas à vous comprendre !" L'éditorialiste
qui a entendu cet étrange chuchotement propose de payer les services
d'un traducteur arabe.
Silence et blêmissements. Moi je me souviens avoir entendu Talal Hassan
Abou Rahma s'exprimer dans un très bon anglais, en direct sur CNN
durant dix minutes, à l'occasion de l'élimination du docteur Rantissi. On ne
peut donc guère tomber beaucoup plus bas dans les manières d'arracheurs
de dents d'Epelbaum.
Ils regardent quand même les 27 minutes et, bien entendu, elles ne
contiennent pas la moindre image de l'incident qui n'ait été déjà diffusée
par FR2 et sur le film de la Ména. Pas une. Pas la moindre image du
plus lilliputien des soldats de Tsahal. Pas d'autre image de Jamal, de
l'enfant mais deux interviews, sans relation directe avec l'incident et
des images de bagarres entre soldats et manifestants. A quelques
reprises, sur les rushes d'Abou-Rahma, des enfants qui feignent d'être atteints
par des Israéliens, ce qui fait s'exclamer Epelbaum : "Tu vois, ils
font toujours ça ces gamins".
Je rêve !
Les journalistes remarquent juste un autre mensonge d'Endelin, qui
avait affirmé avoir remis des rushes intacts aux autorités israéliennes.
Vendredi, ils ont vu l'enfant qui bougeait après avoir été tué sur le
coup par les Israéliens. Sur le reportage diffusé par France 2, ces images
avaient été remplacées par des stills, pour donner l'impression que
l'acteur incarnant Mohammed A-Dura était bien mort. Dans le contexte,
cette autre mystification, pourtant cruciale en d'autres circonstances,
prend soudain des allures de broutille.
Luc parle des scènes "insupportables" pour les téléspectateurs. Les
scènes d'agonie ?
Re-silence et re-blêmissements. Il n'y a, dans ces rushes aucune image
que l'on pourrait, même avec l'esprit le plus grand ouvert, considérer
comme une scène d'agonie, rien qui ne soit en aucune manière plus
insupportable que ce que France 2 a déjà montré.
Pas encore conscient du fait que son bunker est déjà tombé, Didier
Epelbaum demande si les journalistes disposent de preuves tangibles de ce
qu'il s'agit d'une imposture. Il ne saisit pas qu'avec un témoin unique
pris en flag de faux témoignage et un reporter vedette, en flag de
mensonges, l'hypothèse de la mort de Mohammed A-Dura, le 30 septembre 2000
à Netzarim, n'a même plus besoin d'être critiquée. Elle n'existe plus.
Mais Rosenzweig, dans un coup d'éclat à la Colombo, sort de sa veste
une clé de mémoire USB et la branche dans l'ordinateur du bureau.
Apparaît l'image du petit garçon décédé le même jour à l'hôpital Shifa de Gaza
et que les auteurs de l'imposture ont voulu faire passer pour Mohammed.
"Il semble" annonce très posément l'homme de Haute Savoie, "qu'il y ait
un petit problème; que le visage de ce cadavre ne soit pas exactement
le même que celui que l'on distingue sur votre film".
C'est presque le K.O. Arlette Chabot envisage soudain l'hypothèse
étrange que les hommes de France 2 "auraient pu être bernés". Elle suggère
de faire effectuer la comparaison des visages par la police
scientifique.
Pourquoi pas ? A Métula, nous avons déjà procédé à l'opération : Les
deux enfants n'ont pas du tout le même âge et les traces de blessures sur
le cadavre ne correspondent en rien à celles qui ont été annoncées pour
Mohammed A-Dura...
Conclusion, certes, mais il manque l'épilogue
A partir de ce soir, l'affaire A-Dura, en temps que péripétie factuelle
de l'Intifada n'existe plus. Enderlin pourrait certes persister sur sa
ligne défense, à claironner que des officiers de l'armée israélienne
sont eux-mêmes tombés dans son panneau - ce qui est rigoureusement exact
- ou que "s'il s'agissait d'une imposture, l'Etat d'Israël lui aurait
certainement intenté un procès", il agiterait des avatars sans aucune
signification causale dans l'analyse objective de l'affaire. Qui plus
est, et avant même de connaître des révélations de France 2, le
gouvernement d'Israël, par les voix du directeur de l'office gouvernemental de
presse (GPO) Daniel Seaman et celle du conseiller et porte-parole du
Premier ministre, Ra'anan Gissin, avait déjà fait savoir publiquement que
le reportage de la chaîne publique française procédait de l'imposture
médiatique et qu'ils avaient adopté toutes les conclusions de la
Commission Shahaf et celles de la Ména. Seaman nous a communiqué, qu'à l'issue
d'une longue réunion au Ministère de la Justice, il a été décidé qu'il
ne seyait pas au gouvernement d'un Etat démocratique de traîner en
justice les correspondants agréés d'un média étranger. Il a aussi été
décidé que cette décision n'altérait ni n'édulcorait en aucune façon la
teneur des déclarations de Seaman et de Gissin. Et qui sait, suite aux
révélations cinglantes contenues dans cet article, il se pourrait même que
l'Etat d'Israël revisite ses principes ?
L'hypothèse de l'assassinat de Mohammed A-Dura par des soldats
israéliens vient donc d'être déconstruite, jusqu'à obliger son diffuseur, FR2,
à admettre ses carences. Mais la fin dramatique de cette tromperie fait
immédiatement place à une foule de questions ayant trait au danger
d'ingérence des médias dans un conflit étranger. France 2 a floué ses
téléspectateurs durant quatre longues années, en cachant que les rushes
qu'elle détenait ne montraient pas des soldats juifs en train d'assassiner
un petit arabe. Elle a ainsi largement particip é à ressusciter
l'intolérable rumeur moyenâgeuse associant aux Israélites des caractères
ataviques d'origine satanique. Car il faut être sacrément dérangé, exempt
d'humanité, pour choisir un enfant parmi une foule nombreuse et de le
prendre pour cible durant quarante-cinq minutes jusqu'à parvenir à lui
enlever la vie.
La tromperie médiatique confectionnée par Abou-Rahma et Enderlin a
pourtant fonctionné au-delà des espérances de ses auteurs. Si bien
qu'aujourd'hui, et depuis l'assassinat de Mohammed, l'image construite de la
prétendue férocité des Israéliens nous colle à la peau et qu'elle a
pratiquement terminé de persuader la plus grande partie de l'opinion
francophone. La tâche de réparation échoyant à France Télévision est
colossale. Elle commence dès demain par l'exercice d'un travail d'explication
envers les téléspectateurs et les victimes, de reconnaissance sans
compromis des faits et par une remise en c ause fondamentale des méthodes et
des hommes ayant donné lieu à la plus grande et surtout la plus grave
imposture de l'histoire de l'audiovisuel. Et puis, la raison ne souffre
pas que les complices de cette incitation colossale à la haine ethnique,
après avoir corrompu l'ensemble de notre déontologie, puissent
continuer à prétendre renseigner la France sur les événements du conflit
israélo-arabe, ni d'ailleurs qu'ils continuent à exercer une activité
médiatique quelle qu'elle fut. Tout comme la raison ne permet pas d'imaginer
qu'on pourrait leur laisser les prix professionnels qu'ils ont gagnés
par la confection de leur crime.
Inutile d'écrire qu'à la Ména, nous suivrons l'évolution des choses
d'un oeil particulièrement ouvert.
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Santo SARAGOSTI santsara@yahoo.fr"