Islam et terrorisme : les sophistes attaquent !
Le sophisme est une arme redoutable. Par définition, il permet
à son auteur
de faire passer une contre-vérité pour une réalité évidente
sans que
(presque) personne ne s¹en aperçoive, car il a l'apparence de
la rigueur et
de la logique, mais étant incomplet ou ambigu, il n¹en a pas
le goût. Ainsi
"Il n'y a aucune preuve que Dieu existe, donc Dieu n'existe
pas" est un
sophisme, comme l¹est "Il n'y a aucune preuve que Dieu
n'existe pas, donc
Dieu existe".
"L¹affaire" des caricatures de Mahomet a été l¹occasion
d¹assister au
défilé, en rappel, de tous les sophismes qui ont fleuri ces
dernières
années, notamment concernant les rapports entre les musulmans
et leur
religion.
Un dessin pas si mauvais
Parmi les douze caricatures, celle qui aurait mis le feu aux
poudres est
celle du prophète dont le turban est en forme de bombe. Nous
avons tout lu à
son sujet, y compris de la part de ceux qui défendaient la liberté
d¹expression des dessinateurs du Jylland-Posten :
€ Elle est de mauvais goût : que les censeurs ouvrent donc le
bal et nous
indiquent, alors, ce qui constitue le bon goût. Le jour où le
"bon goût"
sera standardisé et estampillé NI (Normes Islamiques), nous
vivrons enfin
dans un monde, certes insipide, mais tellement plus
tranquille. C¹est, du
moins, ce que nos dhimmissionnaires imaginent.
€ Elle n¹est pas pertinente : pourtant, certains trouvent que
si, et les
éditoriaux décrivant le terrorisme islamiste puisant ses
sources dans une
lecture littérale du Coran sont légion depuis des années. Mais
il faut,
certes, faire l¹effort de les lire, ce qui est un peu plus
difficile que de
regarder une simple image.
Leurs auteurs n¹ont pas été présentés comme non pertinents. On se
contentait, en général, d¹être ou de ne pas être d¹accord avec
eux. Or, que
fait ce dessin si ce n¹est que résumer, assez intelligemment
en somme, ce
qui se disait dans ces articles sans que cela ne déclenche une
révolution
planétaire ?
Penser, de nos jours, que l¹islam comporte en lui les germes
du terrorisme,
reste encore, bien heureusement, une opinion et non un délit.
€ Elle fait l¹amalgame entre islam et musulmans d¹une part, et
terrorisme
d¹autre part. Amalgame est sans doute le vocable préféré de
Mouloud Aounit,
président du MRAP, l¹organisation anti-raciste aux buts
dévoyés, et de Fouad
Allaoui, président de l¹UOIF, émanation des Frères Musulmans
en France.
Il s¹agit là, bien sûr, d¹une supercherie. Tout le monde
comprend aisément
que cette caricature décrit la façon dont les terroristes se
servent de
l¹islam pour tuer, piller, violer et égorger, et rien d¹autre.
Mais tant que
ça marche, notamment auprès des tribunaux, pourquoi se priver
de pousser des
cris d¹orfraie et de dénoncer d¹hypothétiques "amalgames" ?
Ces fameux "amalgames" entre musulmans et terroristes ont
d¹ailleurs
largement alimenté les slogans des manifestations des
musulmans européens de
ces derniers jours.
Mais comment ne pas sourire (jaune) en voyant les
protestataires justifier
eux-mêmes l¹amalgame ? "Non à l¹amalgame", sur certaines
pancartes,
voisinait sans vergogne avec des slogans appelant à un "11
septembre
européen" ou d¹autres nous enjoignant à nous préparer au "réel
holocauste".
Qui fait l¹amalgame, Monsieur Aounit ? Qui se mord la queue,
Monsieur
Allaoui ?
Modérés ? Où ça ?
Mais, nous dit-on, il ne s¹agit là que d¹une frange
extrémiste, non
représentative de l¹immense majorité des musulmans. C¹est sans
doute vrai,
mais que ces "modérés" se manifestent alors, et clament leur
volonté de
respecter nos libertés et nos valeurs, et leur divorce d¹avec
ce discours
agressif et conquérant, susceptible, pour le coup, de
favoriser les
amalgames.
Si ces "modérés" ne le font pas massivement, la preuve ne sera
alors jamais
faite de leur désolidarisation des islamistes. On les
soupçonnera de
profiter des effets pervers de l¹islamisme politique qui, lui,
dépasse le
domaine strictement religieux.
Un de ses buts est d¹inciter au communautarisme et, par ce
biais, il permet
à certains groupes issus de lŒimmigration, finalement peu
pressés de
s¹intégrer réellement, d¹avancer des revendications sociales
et ethniques.
Il s¹agirait de profiter de cette affaire pour culpabiliser
encore une fois
les "faces de craie" : "Vous blasphémez ? Rien d¹étonnant de
votre part, et
pour nous, y compris musulmans laïques ou modérés, cela est la
preuve de
votre xénophobie et de votre refus de nous accueillir réellement".
On risque ainsi d¹assister alternativement à des montées de
fièvre émanant,
tantôt des musulmans religieux, tantôt des groupes ethnicisés
bardés de
revendications vaguement sociales. Le jour où les deux
mouvances se
rejoindront, la situation sera réellement explosive et
l¹amalgame, cette
fois-ci, se fera tout seul sous les yeux avides d¹une extrême
droite qui
comptera les points et engrangera les voix électorales sans
effort.
Caricatures = Shoah
Autre sophisme avancé : le fameux "deux poids, deux mesures"
cher à Jamel
Bouras, l'ex-judoka sans cervelle. Il y aurait une levée de
boucliers quand
il s¹agit de défendre la liberté d¹expression de ceux qui
raillent l¹islam
quand la mémoire de la Shoah est hyper protégée. En résumé, la
République
favoriserait les Juifs au détriment des musulmans, aimerait ses
caricaturistes anti-islam mais rejetterait Dieudonné et son
discours
antisémite.
Dieudonné a toujours eu le droit de s¹exprimer et la justice a
eu, à son
égard, une attitude particulièrement bienveillante. Si rejet
il y a, il
provient de ses pairs qu¹on ne peut obliger à surmonter leur
dégoût
vis-à-vis d¹un histrion raciste. Leur droit d¹ostraciser
Dieudonné est au
moins aussi légitime que celui de "l¹humoriste" à proférer des
paroles de
haine.
L¹évidence de l¹impossibilité de comparer un génocide de
plusieurs millions
d¹êtres humains à la critique d¹une religion devrait sauter
aux yeux de tout
le monde.
De même que les caricatures antisémites ignobles qui
prolifèrent dans
certains pays du Machrek appellent à l¹élimination pure et
simple du peuple
juif et n¹ont aucun rapport, encore une fois, avec la critique
d¹une
religion.
On l¹aura compris, les sophismes constituent la sauce digeste
permettant
d¹avaler les couleuvres amères qu¹on nous propose.
Et le plus affligeant, c¹est que ça marche ! Il suffit
d¹admirer la réaction
tétanisée lire de notre président qui, pensant apaiser les
consciences, ne
fait que donner des gages à ceux qui préparent leur prochain
coup de boutoir
pour enfoncer un peu plus le verrou républicain.
Les courageuses voix d¹un Philippe Val ou d¹un Max Gallo
ressemblent de plus
en plus à de maigres oasis perdues dans un désert de dhimmission.
Sachons les soutenir et ne désespérons pas !
Jean-Pierre Chemla © Primo-Europe, 14 février 2006.