Un article que j'ai beaucoup aimé écrit par la journaliste Arielle Lewitt pour GuySen :
Tant pis si je suis la première à briser la « trêve de joie » qui fait l’unanimité de la classe politique française.
Disons tout d’abord et ceci n’est pas seulement des mots, que moi aussi, je suis très heureuse que deux hommes soient enfin libérés après plus de trois mois de détention. Moi aussi, je partage leur bonheur et celui de leurs proches.
Quant à l’analyse politique, disons tout clair aussi que cette « affaire » sent le soufre.
1 – la France, ex-grande puissance internationale, a dû mobiliser, d’après notre Ministre de la Défense, une équipe de 100 personnes des Services Secrets, pour faire libérer les deux journalistes. Elle a mis à disposition tous les contacts possibles, a fait voyager à de multiples reprises notre Ministre des Affaires Etrangères, sollicité les islamisants de diverses obédiences, et moult alliés dans des groupes divers dans le monde arabe pour parvenir à ses fins.
Elle s’inclinerait donc aujourd’hui devant la bonne grâce de ces islamistes irakiens qui ont bien voulu relâcher « Georges et Christian ». Et qui en sont devenus presque sympathiques !
Nous sommes donc maintenant dans un Etat-Otage : un Etat qui doit montrer patte blanche, expliquer qu’il n’est pas pro-américain, pour avoir la vie sauve !
Ce n’est pas vraiment la fête ! Nous avons donné là la plus belle « contrepartie » à ces deux vies : nous nous exposons désormais à toutes les prises d’otages.
Où devrons-nous aller encore plus loin pour sauver les prochains ?
Bref, ici, nous n’avons pas montré la grandeur de la France. Nous avons simplement montré quel camp la France a choisi. Le même finalement que celui d’un autre gouvernement qui a choisi de faire rentrer ses troupes après un attentat islamiste dans sa capitale. Le choix de nos pays est certes très difficile.
Mais signifie-t-il que l’Europe va être un Continent-Otage ?
2 - Cette Fête Nationale que l’on nous a offerte ces jours derniers, nous la devons donc à l’intelligence de ces ravisseurs qui ont bien compris que la France n’était pas un ennemi, bien au contraire..
A telle enseigne qu’ils n’ont même pas demandé de rançon ! (à noter les propos de la journaliste hier soir à la TV relatant « l’échange » : des journalistes contre quoi ? ou qui ?)
Ils ont tellement bien assimilé la culture française qu’ils les ont libérés juste avant les fêtes de fin d’année.
Quel joli coup médiatique !
Dans les plus beaux contes pour enfants de 4 ans, le père Noël n’ose pas faire de tels cadeaux.
On n’ose imaginer quelles contreparties les ravisseurs vont demander. Ils ne l’ont pas fait encore, et on se demande bien pourquoi – ne manqueraient-ils pas comme les autres Irakiens, d’argent, de nourriture, de médicaments ?...
Non, l’on peut craindre pire encore : que ces ravisseurs aient l’assurance qu’ils obtiendront ce qu’ils souhaitent à l’avenir. Qu’ils aient les moyens de pression suffisants sur notre Etat pour nous contraindre à leur donner, quand ils le souhaiteront, ce dont ils auront besoin.
Je me soucie ici de l’avenir de nos deux journalistes mais aussi de tout autre Français victime potentielle de ces fous qui sont peut-être d’excellents calculateurs politiques..
3 – Cette Fête est celle de la France, mais où sont nos convictions européennes et droits-de-l’hommistes ?
Avons-nous, grâce à notre réseau d’amis dans le monde arabe, aidé nos alter ego italiens, espagnols, américains sauvagement enlevés, décapités, assassinés dans des conditions infernales ?
La France a-t-elle pleuré le jeune Français assassiné à l’Université Hébraïque de Jérusalem ?
La France s’est-elle montrée indignée par la décapitation épouvantable d’un Italien par les Irakiens ?
La France s’est-elle indignée de la fin horrible de Daniel Pearl ?
En conclusion, oui, cette affaire sent le soufre et la France devra bien jouer les parties suivantes :
- s’afficher ainsi comme Le Grand Allié des islamistes risque de l’isoler au sein des pays occidentaux, et nuire encore plus à ses relations avec les Américains
- la France devra montrer qu’elle n’entraîne pas l’Europe dans un système d’Europe-Otage
- le Gouvernement devra montrer comment il protège TOUS ses ressortissants, et pas seulement deux journalistes arabophiles et arabophones :
# il a aussi 65 Millions de Français à protéger.
Ne sommes-nous pas tous otages de fous furieux islamistes sur notre propre sol ?
# Il a aussi 600 000 Français de confession Israëlite à particulièrement protéger.
Ne sont-ils pas des otages ciblés par les mêmes islamistes ?
Oui, décidément, nous sommes tous des Journalistes Français.
Je souhaite que le Chef de l’Etat définisse une politique acceptable par tous les Français :
- Nous ne voulons pas être un Etat assujetti au bon vouloir des islamistes irakiens
- Nous voulons savoir quelle est la monnaie d’échange utilisée et à venir
- Nous refusons que des arguments sulfureux soient utilisés à l’appui de notre politique étrangère.
Retrouvons notre vraie grandeur : celle d’un pays libre, indépendant, la tête haute.
Protégeons nos ressortissants, oui. Et protégeons les hommes et femmes - otages de tous les pays, y compris le nôtre.
Nous sommes tous des Journalistes Français.