Au Zénith, Dieudonné frontnationalisé
Beaucoup de membres du FN ont assisté à son spectacle.
Article Paru le 20/12 dans Libé
Par Christophe FORCARI
Réservé aux invités de marque de Dieudonné pour son spectacle Dépôt de bilan au Zénith de Paris, le carré VIP ressemblait lundi soir à une réunion du bureau politique du Front national.
Bruno Gollnisch, le numéro 2 du parti d'extrême droite, arrive escorté par Marc Georges, ex-militant frontiste dans le Val-d'Oise et ancien directeur de campagne de Dieudonné, et Frédéric Chatillon, ancien responsable du Groupe Union Défense (GUD) de Paris et proche de l'humoriste. Il s'assoit non loin de Roland Dumas, ex-ministre de Mitterrand. L'épouse du chef, Jany Le Pen, accompagnée de Jean-Michel Dubois, responsable des grandes manifestations du FN, s'installe dans l'emplacement réservé aux personnalités non loin d'Alain Soral et de Thierry Meyssan. Ce dernier, jadis champion de la lutte anti-FN via le Réseau Voltaire, échange quelques mots avec Gollnisch. D'autres responsables du FN comme Eric Iorio, époux de Marine Le Pen, Eric Pinel et Farid Smahi, également invités, ont pris place dans la salle.
«Y en a que je ne fais pas marrer. Y en a même que je rends malade, comme le philosophe milliardaire Bernard-Henri Lévy», attaque Dieudonné, sous les huées d'un public complice. Il ironise sur son titre de «premier enculé de France. J'ai battu Jean-Marie Le Pen en finale». Puis brocarde le présentateur «Arthur, le milliardaire de la télé. Arthur Sebag, je connais son nom, alors je le donne». Nouvelle bronca. Puis il joue un journaliste devenant servile à l'énoncé du nom de Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France. «Vous avez un rhume ? On va faire un reportage de cinquante-deux minutes, on va faire un Téléthon. Branle-bas de combat. On va titrer : "Attaque de microbes antisémites sur Paris".» La foule applaudit quand il parle de «hiérarchisation victimaire». Il imagine un dialogue avec le négationniste Robert Faurisson, présent au Zénith. «Ne revenez jamais ! J'essaye de remonter dans le show-biz. Vous dites des choses insensées. Vous êtes en Isra... Vous êtes en France.» Gollnisch, jugé pour avoir tenu des propos à caractère négationnistes, a trouvé le «spectacle drôle. Il ridiculise les mécanismes de diabolisation qui fonctionnent dans notre société, qui se croit encore libre».
Quant à ceux qui disent que c'est de la simple provocation de sa part, j'y croyais mais je n'y crois plus. A croire que sa stratégie était huilée depuis le début. Pauvre homme. Il me fait pitié, il vend son âme au diable pour remplir le Zenith.